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Channel: Le Carreau de la BULAC
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Le catalogue en ligne de la bibliothèque fait peau neuve !

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Le catalogue de la bibliothèque s’enrichit de nouvelles fonctionnalités. Il offre désormais un accès en page d’accueil aux collections papier, aux ressources en ligne et aux collections patrimoniales numérisées via un même champ de recherche. Cette avancée technique apporte un grand confort de recherche et donne de la visibilité aux ressources numériques. Elle est permise par l’acquisition d’un outil de découverte (EDS d’EBSCO) et son implémentation dans le catalogue Koha.

Qu’est ce qu’un outil de découverte ?

  • Un index central de métadonnées

Au coeur de l’outil de découverte, on trouve un index central, véritable base de connaissances, qui comprend toutes les métadonnées acquises par le fournisseur de l’outil auprès des éditeurs de ressources. Ces métadonnées permettent d’accéder aux contenus en texte intégral.

Dans la situation antérieure, l’accès aux ressources en ligne acquises par la BULAC se faisait par un catalogue de titres (de bases, de revues, d’e-books). L’usager devait vérifier les références et trouver la base souhaitée dans le catalogue, puis se rendre sur la page d’accueil de la base éditoriale et recommencer sa recherche pour enfin trouver l’article souhaité.

L’outil de découverte permet un accès direct au contenu en texte intégral en un clic, grâce à la présence des métadonnées indexées dans la base de connaissances.

La granularité de la recherche est très fine : les métadonnées comprennent non seulement des données publiques relatives aux titres (ISSN, auteur, sujet…), mais aussi des métadonnées relatives au contenu de titres (articles, extraits…).

Il contient par exemple l’identifiant numérique des articles de revues, le DOI (digital object identifier), sorte de code permanent qui permet l’accès direct et pérenne à l’article.

Depuis quelques années, la BULAC a bâti une politique active d’achat de ressources électroniques spécialisées ; 96 bases sont aujourd’hui disponibles ; la majorité des métadonnées relatives à ces ressources sont présentes dans l’index central de l’outil de découverte (EDS, EBSCO Discovery Service, acquis auprès du fournisseur EBSCO).

Il permet ainsi d’accéder au contenu en texte intégral de la majorité des collections en ligne de la bibliothèque.

  • Un moteur de recherche

L’index central est associé à un moteur de recherche spécialisé, qui exécute la recherche dans le contenu des ressources de la bibliothèque, à un niveau de granularité très fin (chapitre d’e-book, article de revue, entrée de dictionnaire, article d’encyclopédie…). Les résultats de la recherche donnent accès au contenu en texte intégral.

  • Un résolveur de liens

Il fonctionne comme un standard téléphonique. Il est le lien entre la source (l’index répertoriant les ressources de la bibliothèque) et la cible souhaitée (le contenu du texte). Concrètement, il s’appuie sur les collections signalées dans l’index et construit des liens d’accès vers du contenu correspondant à la requête d’un usager.

Intégration de l’outil dans le catalogue de la bibliothèque

L’outil de découverte est accessible depuis un portail en ligne qui offre de nombreuses fonctionnalités.

Pour faciliter les recherches, nous avons aussi choisi d’intégrer cet outil dans le catalogue public de la bibliothèque.

Depuis le 3 avril 2019, toutes les collections de la bibliothèque (papier, en ligne et patrimoniales numérisées) sont disponibles via l’interface publique du catalogue de la bibliothèque.

Cette implémentation s’est faite par l’intégration de l’API (Application Programming Interface) de l’outil de découverte dans le catalogue. Une API agit comme une application dans un smartphone.

Une même barre de recherche pour toutes les collections !

Sur le catalogue, 3 boutons s’affichent à droite de la barre de recherche. Après avoir entré les termes de votre recherche, cliquez sur le bouton de votre choix pour accéder aux résultats :

dans les collections papier : la recherche est inchangée. Le moteur de recherche reste Elastic Search. Les services liés aux documents (demande de document des magasins, réservation…) demeurent.

–  dans les collections en ligne : la recherche se fait via le moteur de recherche de l’outil de découverte et donne accès dans l’interface du catalogue aux ressources électroniques acquises par la bibliothèque.  

dans les collections patrimoniales numérisées : la recherche est redirigée vers la bibliothèque numérique aréale (BiNA) où vous trouverez des documents numérisés de la BULAC, notamment des manuscrits. Cette bibliothèque s’enrichira au fil des chantiers de numérisation.

Quelles sont les ressources intégrées dans l’outil de découverte ?

  • La majorité des collections en ligne acquises par la bibliothèque 

Les encyclopédies de Brill, le CNKI, les ressources du Japan Knowledge, les ressources ISTEX, les bases d’e-books de Project Muse

  • Des ressources en accès ouvert

Quelques bases en open access sont également intégrées (HAL, Persée, DOAJ, Gallica…). Dans les résultats, il sera donc possible de trouver des contenus provenant de ces sources.

  • Des widgets pour les ressources non intégrées

Quelques bases ne sont pas incluses dans l’outil de découverte, en raison de leur spécificité (ressources de niche, bases de vidéos…). Toutefois, il est possible d’accéder à ces ressources via le catalogue.

Ex. : recherche des termes « asian studies » :

La page de résultats s’affiche. Sur la gauche, la mention « chercher aussi dans » permet de poursuivre la recherche sur ces ressources.

Les liens sont cliquables : ce sont des widgets, c’est à dire des liens vers la ressource qui reprennent automatiquement les termes de la recherche. Par ces widgets, on accède directement aux résultats de la recherche sur la page de la base de l’éditeur.

  • Des bases de données bibliographiques

L’outil de découverte n’intègre que des ressources en texte intégral.

Les bases bibliographiques sont donc recensées dans le menu latéral à gauche de l’écran de recherche. Elles sont listées sous la mention « interroger les bases de données bibliographiques ».

Elles fonctionnent également comme des widgets : un clic sur une base reprend les termes de la recherche et renvoie vers la page de résultats correspondants, sur la plate-forme éditoriale de la ressource.

Faire une recherche générale

Taper la requête souhaitée et cliquer sur le bouton « dans les collections en ligne ».

 Ex : « asian studies ». La recherche renvoie 505 079 résultats :

Filtrer les résultats 

Il est possible de filtrer la recherche pour affiner les résultats. Un certain nombre de facettes à gauche permettent de limiter par dates, type de document, fournisseur, éditeur, langue, sujet… Il faut faire défiler la page vers le bas pour pouvoir sélectionner toutes les options de recherche.

Étendre la recherche 

Par défaut, les résultats sont limités au texte intégral. Il est possible d’étendre la recherche aux mots connexes (par ex, une recherche « infirmerie » proposera des résultats avec « infirmier », « infirmière », etc) ou aux sujets équivalents (synonymes, provenant du thesaurus d’EBSCO) :

Poursuivre la recherche dans une base non référencée 

Plusieurs bases ne sont pas dans l’index d’EDS. Des liens directs (widgets) ont été créés vers les ressources. Cliquer sur un de ces liens renvoie directement vers les résultats de la recherche sur la plate-forme éditoriale de la ressource. 

Ces widgets apparaissent sur la page de résultats après recherche, dans les facettes en haut à gauche. 

Ils comprennent : 

  • l’ensemble des bases bibliographiques
  • les ressources spécifiques non incluses dans EDS

Ex : Le courrier du Vietnam est un titre disponible dans le kiosque en ligne Press Reader, qui n’est pas intégré dans EDS. Sur la page de résultats, cliquer sur Press Reader, sous « chercher aussi dans ». Press Reader s’ouvre, sur le résultat demandé.

Faire une recherche au niveau de l’article

Si vous disposez du titre exact de l’article, il est préférable d’utiliser les guillemets pour filtrer au maximum les résultats. 

Ex : l’article « A day in the invisible house » :

Sans guillemets, l’article apparaît en 4ème position dans les résultats. 

Avec guillemets, l’article est le seul résultat qui apparaît. 

Sans connaissance précise du titre, faire une recherche avec des mots-clefs, en utilisant les facettes pour filtrer les résultats. 

Faire une recherche au niveau du titre de la revue

La recherche de titre de revue reste possible ; il faut pour cela taper le titre exact de la revue. 

Ex : la revue Arabica. Un encart apparaît.

 Il permet :

  • d’accéder à la notice complète du titre en cliquant sur celui-ci. La notice comporte un lien vers le titre sur la plate-forme de l’éditeur, ainsi que les années de collection disponibles :
  • de faire une recherche dans l’intégralité de la revue, dans la petite barre de recherche intégrée :

Faire une recherche avancée dans les collections en ligne

La recherche avancée dans Koha pour les collections en ligne permet d’effectuer une recherche en modifiant en amont les options de recherche. Il est possible par exemple de faire une recherche en utilisant les mots connexes ou les sujets équivalents. Par ailleurs, l’option « smart text searching » permet de faire une recherche avec du texte. Il est possible de limiter la recherche par années, collections, et de filtrer en ajoutant des champs (auteur, sujet…).

Accéder au contenu plein texte

Les résultats de recherche sont brefs. Ils contiennent le titre (cliquable, renvoie vers la notice intégrale), les auteurs, les termes du sujet, et un lien cliquable. 

Ce lien bleu a plusieurs appellations selon la provenance des ressources :

– « accès au texte intégral »

– « view record from… »

– « accès en ligne » 

Le lien permet d’accéder au contenu souhaité. Parfois, le PDF s’ouvre directement. Le plus souvent, on accède au contenu en version HTML, sur la plate-forme éditoriale. 

Sur cette page se trouve le logo de téléchargement. 

Ex sur JSTOR : Le bouton de téléchargement se trouve en haut à droite : « download PDF » :

Une question ? Une suggestion ? Un dysfonctionnement ?

Nous contacter : ressources-numeriques@bulac.fr

Citer ce billet : Adeline Batailler, "Le catalogue en ligne de la bibliothèque fait peau neuve !," dans Le Carreau de la BULAC, 5 avril 2019, https://bulac.hypotheses.org/17583. Consulté le 10 avril 2019

[Conférence] Le défi de la fragilité. Pour une écologie des langues et cultures du monde, 10 avril 2019

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Dans le cadre du projet ANR Jeune Chercheur EcoSen (Llacan, Inalco), l’écrivain et chercheur François Paré (Université de Waterloo, Canada) proposera une conférence mercredi 10 avril dans l’auditorium du Pôle des Langues et Civilisations : « Le défi de la fragilité. Pour une écologie des langues et cultures du monde », suivie d’une discussion l’après-midi (Inalco, salle 4.23) : « Des jardins, des langues et des diplomates : penser une écologie institutionnelle ».

Auteur de plusieurs essais sur le lien entre littératures et minorités linguistiques, lauréat de nombreux prix au Canada, François Paré est Distinguished professor emeritus au département d’études françaises de l’Université de Waterloo (Ontario) et membre de la Société Royale du Canada. En 1993, son livre Les littératures de l’exigüité (traduit en anglais) lui a valu le Prix du Gouverneur Général du Canada et de nombreuses invitations dans le monde. Il est aussi l’auteur de Théories de la fragilité (Le Nordir, 1994), de La distance habitée (Le Nordir, 2003) et de Diasporiques, disponible à la BULAC. François Paré travaille actuellement à un ouvrage s’intitulant L’empreinte de la première langue sur les représentations de la langue maternelle au sein des cultures minoritaires et colonisées.


Dans leurs interactions politiques aussi bien que dans leurs conceptions même d’un sujet psychologique fragilisé, toutes les communautés linguistiques et culturelles minoritaires, qu’elles soient autochtones, historiques ou diasporiques, font l’expérience de la précarité.

Une journée pour s’interroger sur le statut des langues et des cultures minoritaires.

Programme et contacts sur le site de l’Inalco

Citer ce billet : Elsa Ferracci, "[Conférence] Le défi de la fragilité. Pour une écologie des langues et cultures du monde, 10 avril 2019," dans Le Carreau de la BULAC, 8 avril 2019, https://bulac.hypotheses.org/17592. Consulté le 10 avril 2019

Une grammaire de bambara en réalité augmentée aux Presses de l’Inalco

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Les Presses de l’Inalco proposent pour la première fois dans l’édition scientifique universitaire un ouvrage en réalité augmentée, enrichi de plus de 1500 fichiers audio.

Qu’est-ce qu’un livre en réalité augmentée ?

La réalité augmentée consiste à superposer à la réalité des éléments virtuels, images 2D ou 3D, vidéos, etc. Elle s’applique aussi bien à la perception visuelle (superposition d’images virtuelles aux images réelles) qu’aux perceptions tactiles ou auditives. Les applications sont multiples et concernent de nombreux domaines, tels que les jeux vidéo, le cinéma et la télévision, ou encore la culture : des applications de réalité augmentée permettent désormais aux touristes ou aux visiteurs de musées de découvrir l’histoire des lieux ou des œuvres en pointant la caméra de leur smartphone dans leur direction.

Le livre en réalité augmentée peut tout à fait se lire sans application. L’application ajoute un contenu sonore, visuel et interactif. Lorsque la tablette ou le smartphone passent au-dessus des pages, des images, des bruitages ou des textes s’activent et peuvent être vus ou lus.

L’édition se saisit peu à peu des opportunités offertes par la réalité augmentée, mais les projets sont aujourd’hui pour la plupart limités au secteur jeunesse : la publication des Presses de l’Inalco est ainsi une première pour le secteur de l’édition académique et scientifique.

La première grammaire en réalité augmentée

Les Presses de l’Inalco ont travaillé à enrichir en réalité augmentée la Grammaire du Bambara de Valentin VYDRIN, enseignant-chercheur à l’Inalco et au Llacan. La grammaire, qui se lit et se consulte par ailleurs de façon traditionnelle, propose en 1500 occurrences d’entendre des phrases en bambara prononcées par un locuteur natif, grâce à l’application SnapPress (application gratuite, sur téléphone et tablette).

Le format de cette grammaire, qui se situe entre un manuel pratique et une grammaire de référence, se prête bien à cette innovation, qui permet de rendre l’apprentissage plus vivant et d’apprendre les bonnes prononciations. Cette nouvelle approche tournée vers l’oralité offre un outil d’un nouveau genre dans l’apprentissage des langues, et en particulier des langues rares. À suivre donc !

Pour toute information complémentaire : Nathalie Bretzner, directrice administrative des Presses de l’Inalco (nathalie.bretzner [à] inalco.fr

Citer ce billet : Elsa Ferracci, "Une grammaire de bambara en réalité augmentée aux Presses de l’Inalco," dans Le Carreau de la BULAC, 15 avril 2019, https://bulac.hypotheses.org/17600. Consulté le 17 avril 2019

Des bulles à la BULAC : quand la BD regarde le monde

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À côté de la bande dessinée humoristique, fantaisiste et fictionnelle, tout un courant du 9e art s’intéresse à l’exploration du monde et pose sur le réel un regard singulier, entre journalisme et témoignage.

Liant narration et dessin, la BD-reportage peut restituer avec justesse les paysages traversés comme les personnes rencontrées et ainsi rendre compte des faits, des territoires et des sociétés, à travers les points de vue dessinés d’observateurs le plus souvent directs.

La BULAC vous présente dans sa nouvelle sélection quelques-uns des plus illustres parmi les BD-reporters, tel Joe Sacco qui a couvert, le crayon à la main, les conflits d’Europe centrale et du Moyen-Orient, ou Guy Delisle, qui, dans un genre plus léger, donne à voir et à lire ses promenades aux quatre coins du monde.

Mais des auteurs moins connus sont aussi à découvrir, comme l’iranien Mana Neyestani, qui dévoile les contradictions de la société iranienne, ou le serbe Aleksandar Zograf qui revisite dans de courtes chronique l’histoire de son pays. Dans une veine plus intimiste, on suivra l’enfance de Li-Chin Lin à Taïwan, marquée par la propagande, on accompagnera Laurent Bonneau dans ses voyages africains, on pénétrera le quotidien des habitants de Tananarive, croqués par Ndrematoa.

Nous avons ajouté à cette sélection des ouvrages théoriques qui s’intéressent particulièrement à l’analyse de la bande dessinée comme média et à sa place sur différents continents.

Venez découvrir du 18 avril au 05 mai 2019 la cinquantaine d’ouvrages sélectionnés au rez-de-chaussée de la bibliothèque !

Les archives sonores : à l’écoute du monde

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DELER, Jean-Paul. Équateur : Province de Pichincha ; Malchingui (2848 mètres) : Fête indienne [en ligne]. Juillet 1976. [Consulté le 10 avril 2019]

Le « patrimoine culturel immatériel » , défini par l’UNESCO comme l’ensemble des « pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire (…) que les communautés (…) reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel » 1, peut désormais être préservé par la magie des enregistrements sonores, rendus possibles depuis 1887 grâce à Charles Cros et Edison.

La fragilité des supports analogiques –  disques de métal, de cire et de vinyle ou bandes magnétiques – et l’obsolescence des dispositifs de lecture ont longtemps rendu complexes la conservation et la consultation de ces archives sonores. Leur transfert au format numérique permet de les re-découvrir et d’en élargir la diffusion sur des plateformes en ligne.

Nous vous présentons donc ici quelques moyens d’accès à ces savoirs précieux mais susceptibles de disparaître au fil des générations, tels que les musiques, les traditions orales, ou encore les langues non écrites.

Les archives sonores du CNRS – Musée de l’Homme

Le Centre de Recherche en Ethnomusicologie (CREM) a ainsi mis en ligne les archives sonores du CNRS – Musée de l’Homme. Cette collection, une des plus importantes d’Europe, rassemble une large palette de pratiques musicales, de langues et de dialectes, des traditions orales et des enquêtes ethnographiques du monde entier, de 1900 à nos jours.

Ce fonds met à disposition plus de 49 000 documents inédits, 18 000 enregistrements édités, représentant 1 200 groupes ethniques ou sociaux à travers 199 pays.

La Collection Pangloss du LACITO

Corpus de la collection Pangloss
Liste des langues par continent sur Google Map

Le LACITO, laboratoire de recherche pluridisciplinaire (linguistique et anthropologie) sur les langues à tradition orale, propose en ligne la collection Pangloss : des enregistrements d’enquêtes de terrain effectuées dans diverses aires linguistiques et culturelles, qui présentent par exemple des histoires orales, des listes de mots ou des musiques.

Chacune des 2669 ressources audio est décrite et accompagnée de métadonnées qui en précisent le contexte. Des annotations peuvent être également jointes à une partie de ce répertoire : il s’agira de transcription brute de l’enregistrement en langue vernaculaire, éventuellement synchronisée à l’enregistrement ou à une traduction libre dans une ou plusieurs langues.

La collection ELAR (SOAS, Londres)

La collection ELAR (Endangered Language Archive) propose des documents sur les langues en péril du monde entier : 450 langues sont ainsi référencées et illustrées par des enregistrements audio ou vidéos qui présentent l’utilisation quotidienne de la langue, à travers l’art verbal, les chansons, les récits et rituels, etc. Des transcriptions et traductions, photos, articles de recherche, dictionnaires et documents pédagogiques viennent enrichir cet ensemble.

L’accès à cette base de donnée, gérée par la bibliothèque de la SOAS (University of London), est gratuit sur inscription.

World Oral literature project

Enfin, si vous n’avez pas trouvé votre bonheur au sein des collections mentionnées ci-dessus, les universités de Yale et de Cambridge vous proposent une liste de sites et références sur les littératures orales, disponible en ligne.

Citer ce billet : Gilles d'Eggis, "Les archives sonores : à l’écoute du monde," dans Le Carreau de la BULAC, 23 avril 2019, https://bulac.hypotheses.org/17602. Consulté le 23 avril 2019
  1. Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 10 avril 2019]. Disponible à l’adresse : http://portal.unesco.org/fr/ev.php-URL_ID=17716&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html

Formations HAL et identité numérique des chercheurs

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Comment déposer, diffuser et valoriser en ligne vos travaux de recherche ? La BULAC vous propose de répondre à ces questions au cours de 3 séances de formation : la première portera sur les possibilités et les obligations en matière de dépôt de publications ; au cours de la deuxième séance, plus pratique, les chercheurs pourront tester la plateforme HAL et y déposer leurs publications. Enfin, nous aborderons lors de la troisième séance la question de l’identité numérique des chercheurs et indiquerons quelques moyens pour la gérer en utilisant les outils proposés par HAL et/ou les réseaux sociaux et identifiants de chercheurs.

Séance 1 : Enjeux du libre accès pour les chercheurs – 3 juin 2019 (13h-14h)

Au programme : actualité, enjeux et bénéfices de l’accès ouvert à l’information scientifique ; quels documents peut-on et doit-on déposer ? Les politiques des éditeurs et l’accès ouvert ; les licences Creative Commons ; HAL et le droit d’auteur ; HAL Inalco et MediHAL Inalco

Séance 2 : Comment déposer dans HAL ? Atelier pratique – 5 juin 2019 (13h-14h)

Au programme : comment déposer dans HAL et comment organiser ses publications ? Comment déposer ses documents iconographiques sur MediHal ? Pour cette séance pratique, vous apporterez si possible un document prêt à être déposé sur le portail HAL de l’Inalco : article publié dans une revue, communication dans un colloque, chapitre d’ouvrage…

Séance 3 : L’identité numérique du chercheur : IDHAL, CV-HAL et réseaux sociaux, pourquoi ? comment ? – 6 juin 2019 (13h-14h)

Comment et pourquoi assurer une présence en ligne ? Quel usage faire des réseaux sociaux de chercheurs ? Comment créer ses identifiants HAL et ORCID et son CV HAL ?

Vous pouvez vous inscrire à une séance théorique et une séance pratique, ou à une seule séance, à votre convenance. Les séances peuvent être choisies librement. Elles se dérouleront dans les salles de formation du rez-de-jardin de la BULAC.

Inscrivez-vous en ligne : https://framaforms.org/formations-archives-ouvertes-identite-numerique-1538564139

Pour plus d’informations, écrivez à hal@bulac.fr

Journée de découverte des ressources électroniques dans les domaines hébraïque, Afrique et Moyen-Orient

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Nouveau !

La BULAC organise une journée de découverte des ressources électroniques, dans les domaines hébraïque, Afrique et Moyen-Orient.

La journée aura lieu à la BULAC, le mardi 4 juin, en salles RJ.21 et R.J22.

Elle se déroulera en deux temps :

10h-12h30 : Présentation des ressources électroniques de la BULAC dans ces domaines et découverte du nouvel outil de recherche dans les collections en ligne.

14h-17h : Séance d’ateliers de tests à de nouvelles ressources dans ces domaines aréaux.

Vous serez accompagnés tout au long de cette journée par des chargés de collections de ces domaines :

  • Mme Mariéva CHALVIN, chargée de collections pour le domaine turc
  • Mme Marine DEFOSSE, chargée de collections pour le domaine Afrique
  • M. Davide MANO, chargé de collections pour le domaine hébraïque
  • Mme Farzaneh ZAREIE, chargée de collections pour le domaine persan
  • Mme Fatna ZIANI, chargée de collections pour le domaine arabe

La journée s’adresse en priorité aux enseignants, chercheurs et doctorants.

Il est possible de ne s’inscrire que pour une seule demi-journée. L’inscription se fait ici :

pour la matinée de 10h à 12h30

pour l’après-midi de 14h à 17h

La liste des bases proposées en test est la suivante :

Domaine Afrique

  • Africa-wide information (NISC South Africa, EBSCO) : Base qui regroupe une cinquantaine de bases de données bibliographiques d’Afrique, d’Amérique du Nord et d’Europe, portant sur les sciences humaines, l’économie, l’histoire et la littérature.
  • African history and culture, 1540-1921 (Readex) : Ressource comprenant plus de 1300 livres, brochures et almanach couvrant l’histoire, les peuples du continent africain du XVIème au XXème siècle. Toutes les régions d’Afrique et les régions adjacentes sont couvertes.
  • AllAfrica (AllAfrica Global Media) : site web de presse regroupant des articles provenant de journaux africains.

Domaine Moyen-Orient

  • Askzad (Askzad) : base multisupports : plus de 29 000 ebooks, de 36 000 thèses, 400 000 articles… en langue arabe et en plein texte. Cette base porte sur l’ensemble du Moyen-Orient.
  • Islamic studies e-book collection Al-Manhal (Al-Manhal) : près de 20 000 ebooks en arabe  provenant de cet éditeur basé à Dubaï, portant sur le monde arabe et islamique, avec une croissance annuelle des collections de près de 30%.
  • Plateforme pluridisciplinaire Al-Manhal (Al Manhal) : plateforme pluridisciplinaire regroupant plus de 100 000 publications sur le monde arabe (ebooks, articles, vidéos, rapports…). Interface en anglais, français, arabe et turc.
  • Persian e-books Miras Maktoob collection (Brill) : collection d’ebooks sur le domaine perse
  • Cumhuriyet Arsivi (Cumhuriyet) : archives du quotidien Cumhuriyet, disponibles depuis 1930. Ce quotidien turc est considéré comme un des journaux de référence en Turquie.

Domaine hébraïque

  • Otzar HaHochma (Ohr HaHochma Ltd.) : base de livres numérisés (plus de 93 000 ouvrages) sur la littérature religieuse juive (éditions anciennes et ouvrages plus contemporains). La recherche dans le texte est possible.
  • Encyclopedia of Jewish History and Culture online (Brill) : Reference work de Brill, contenant 800 entrées accompagnées de cartes, illustrations; encyclopédie sur l’histoire des juifs de 1750 à 1950. C’est une ressource fondamentale pour les recherches en histoire et civilisation.

Les ressources seront accessibles sur place pendant un mois, à compter du 27 mai.

Retrouvez l’ensemble des ressources disponibles sur le site internet de la bulac, dans la page des collections en ligne.

Une question, une suggestion ? Contactez ressources-numeriques@bulac.fr !

La BULAC sur MédiHAL et Canal-U !

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La BULAC s’implique toujours davantage dans l’open access ! Les captations audio et vidéo de conférences, rencontres, tables-rondes, colloques ou journées d’étude qui se sont déroulées à la BULAC étaient jusqu’à aujourd’hui accessibles en ligne sur notre site web et sur la chaîne Youtube de la BULAC. Elles le sont désormais également sur les deux plateformes académiques Canal-U et MédiHAL.

Qu’est-ce que MédiHAL, et pourquoi MédiHAL ?

MédiHAL est un sous-ensemble de la plateforme nationale d’archives ouvertes HAL, dédié aux images, vidéos, sons et logiciels ; de nombreux laboratoires et universités y ont ouvert une collection, dont  l’Inalco. Plus de 40 000 documents scientifiques y sont déposés à ce jour. Comme HAL, MédiHAL est fondé sur le dépôt volontaire par les scientifiques (chercheurs, enseignants-chercheurs) et personnels d’accompagnement de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Déposer dans MédiHAL, c’est assurer une plus large diffusion des événements scientifiques et culturels organisés par la BULAC en bénéficiant du très bon référencement de HAL, et leur offrir une caution académique. C’est aussi leur garantir, comme pour tout document déposé dans HAL, à la fois leur archivage pérenne au CINES (Centre informatique National de l’Enseignement Supérieur) et la citation de la ressource de façon scientifique grâce aux URL pérennes (qui donnent accès à la ressource dans le temps, avec la garantie d’éviter un “lien mort”). 

Retrouvez un précédent article du Carreau sur MédiHAL. 

Qu’est-ce que Canal-U, et pourquoi Canal-U ?

Canal-U est la vidéothèque numérique de l’enseignement supérieur et de la recherche. Administré par la FMSH, c’est le site de référence pour les ressources audiovisuelles de l’enseignement supérieur. Enseignants et étudiants peuvent y trouver des programmes enrichis de documents pédagogiques et validés par les conseils scientifiques des Universités Numériques Thématiques. Canal-U s’adresse aux étudiants, aux enseignants, aux chercheurs, et cela selon deux axes :

– Fournir des ressources pédagogiques en complément des cursus d’enseignement ;

– Accompagner les évolutions de l’université française en développant l’usage des TIC au sein de l’enseignement supérieur.

Déposer dans CanalU, c’est rendre visibles à la communauté de l’enseignement supérieur les événements organisés par la BULAC, et positionner la BULAC comme producteur de ressources académiques et culturelles pouvant intéresser un vaste public d’enseignants-chercheurs et étudiants

Ces deux sites sont moissonnés par Isidore et d’autres moteurs de recherche dédiés aux archives ouvertes, si bien que les vidéos et fichiers audio pourront être rassemblés via ces outils. De plus, les ressources déposées sont visibles dans les résultats de recherche que les lecteurs peuvent faire dans notre outil de découverte. Une façon durable d’intégrer ces productions à notre catalogue, Koha (voir quelques exemples ).

À terme, vous pourrez retrouver sur ces différentes plateformes la quasi-totalité des ressources produites par la BULAC : ainsi seront diffusés auprès de tous les publics nos cycles de conférences « À la table du traducteur », « D’autres regards sur le monde », « Prendre la parole », et tant d’autres événements qui ont réunis des chercheurs, écrivains et réalisateurs. Profitez-en pour retrouver notre programmation d’action culturelle !

Citer ce billet : Elsa Ferracci, "La BULAC sur MédiHAL et Canal-U !," dans Le Carreau de la BULAC, 22 mai 2019, https://bulac.hypotheses.org/17918. Consulté le 22 mai 2019

DUMAS : Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance

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Les archives ouvertes HAL permettent la valorisation et la diffusion à grande échelle des productions scientifiques, mais elles sont réservées aux doctorants et chercheurs : les étudiants du second cycle universitaire ne peuvent y déposer leurs travaux.

Pourtant les mémoires de Master contiennent également des connaissances précieuses et utiles à leurs pairs, comme à toute la communauté scientifique. D’abord, parce que les mémoires peuvent faire la synthèse de travaux de recherche plus avancés et proposer des bibliographies et des pistes de réflexions utiles. Ensuite, ils rendent compte, à l’issue d’un stage par exemple, d’expérimentations concrètes et d’observations précieuses et proches du terrain. Enfin, les mémoires qui mettent en oeuvre des méthodologies et des pédagogies, de façon toujours particulière, ne seront pas sans intérêt pour les étudiants et les enseignants.

Pour permettre le dépôt des mémoires, le CCSD qui gère et anime les archives ouvertes HAL a créé la base DUMAS, destinée aux mémoires de Master, afin de permettre une diffusion plus large de ces travaux, et d’offrir à leurs auteurs l’occasion de poser les premiers jalons d’une notoriété scientifique !

DUMAS : les modalités de dépôt

Les modalités de dépôt ne sont pas les mêmes qu’avec HAL puisque sur DUMAS, ce n’est pas l’étudiant qui dépose directement son document (auto-archivage) mais l’établissement de soutenance qui s’en chargera, après la soutenance et selon la qualité du travail rendu.

Les enseignants peuvent ainsi faire le choix des travaux à valoriser et assurer leur visibilité en lien avec les bibliothécaires qui s’assureront, de leur côté, du respect des règles de dépôt et garantiront la qualité des métadonnées.

La diffusion, dans le respect des droits d’auteur

Les mémoires ne seront déposés sur DUMAS qu’avec l’accord de leur auteur, dans le respect bien entendu de ses droits en prémunissant l’auteur contre les tentatives de plagiat.

Logo OAI-PMH

Si les documents de DUMAS n’apparaissent pas sur HAL, dédié aux travaux de recherche, leur diffusion n’en est pas moins largement assurée. La base DUMAS est en effet « moissonné » – selon le protocole OAI-PMH qui assure l’échange des données entre les portails d’archives ouvertes -par plusieurs outils de recherche dans les archives ouvertes : la plateforme Isidore, Bielefeld Academic Search Engine (BASE), ou COnnecting REpositories (CORE) intègrent ainsi les mémoires (en revanche OAISTER ou OpenAIRE ne les répertorient pas).

Aujourd’hui DUMAS donne accès à près de 24 000 documents, librement consultables, dans tous les domaines scientifiques. Alors, pourquoi s’en priver ?

Pouchkiniana parisienne

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Remerciement au Comité Jean Cocteau

Ce billet prolonge l’exposition présentée au rez-de-jardin de la BULAC du 13 mai au 20 juin 2019, à l’occasion du 220e anniversaire de la naissance d’Alexandre Pouchkine (1799-1837). Elle met en perspective le rayonnement et la postérité du célèbre poète, romancier et dramaturge russe et donne à voir un échantillon des collections pouchkiniennes de la BULAC, témoins d’un culte vivace et d’une fervente pratique de bibliophilie autour de ce monument littéraire.


Alexandre Onéguine, « le pontife du culte pouchkinien »

C’est la diaspora russe qui implante le culte de Pouchkine sur les berges de la Seine dès les années 1860. Alexandre Onéguine, né Otto (1845-1925), est un adorateur du poète si ardent qu’il adopte le nom d’un de ses héros. Au sein de son appartement de la rue de Marignan, il donne à voir au public les manuscrits, objets et livres qu’il a rassemblés, sous la forme d’un musée privé consacré à Pouchkine – la Pouchkiniana, comme il se plaisait à désigner sa collection.

A. Onéguine possédait plus de 600 volumes issus de la bibliothèque de Vassili Joukovsky (1783-1852), poète et mentor d’A. Pouchkine, celui qui avait salué ses premiers succès et lui avait fermé les yeux après sa mort. Dans les années 1880, Onéguine reçut en effet de son fils, Pavel Joukovsky (1845-1912), ses archives et sa bibliothèque, parmi lesquelles un lot important de manuscrits de Pouchkine, ainsi que des documents sur ses derniers jours. Quelques unes de ces pièces se trouvent aujourd’hui conservées à la BULAC.

Collections de la BULAC, cote BULAC RES MON 8 6363.

Le visiteur de l’exposition peut ainsi découvrir une Bible ayant appartenu à V. Joukovsky. L’ouvrage porte les marques d’une pratique pieuse régulière : les angles découpés des pages constituent des repères pour la lecture du jour.

Collections de la BULAC, cote BIULO OH.VI.16.

A. Onéguine apportait un soin tout particulier aux ouvrages de sa collection, en les dotant de reliures soignées, de tranches dorées, de monogrammes ciselés A.F.O. (Alexandre Fiodorovitch Onéguine) sur la couverture ou d’ex-libris manuscrits, indiquant « Puchkiniana d’A. Onéguine ». Les reliures sont signées « Franz », relieur de luxe actif à Paris de 1872 à 1938.

L’exposition présente la première édition scientifique des Œuvres complètes d’A. Pouchkine, publiée pour le centenaire de la naissance du poète en 1899, et richement reliée. A. Onéguine a participé à cette entreprise, en corrigeant les textes à partir des manuscrits de sa collection personnelle.

À la suite de ce projet, l’Académie des sciences russe entame des négociations, afin d’acquérir le musée d’Onéguine. Après la mort de ce dernier en 1925, 3 420 volumes sont légués à la Russie soviétique, sans compter les archives, les objets d’art et d’ameublement… Ils prennent place à Leningrad, dans la Maison de Pouchkine (Institut de la littérature russe, institution désignée pour conserver les manuscrits du poète).

Environ un millier d’autres ouvrages, probablement des doubles, arrivent à la Bibliothèque des langues orientales vivantes en qualité de « don Onéguine ». Ils sont accompagnés de volumes provenant de la bibliothèque de Modeste Hoffman (1887-1959), auteur de l’inventaire du musée Onéguine en 1922, et intermédiaire probable pour ce don entre les autorités françaises et soviétiques.

Collections de la BULAC, cote BIULO OH.IV.1.

En hommage au collectionneur, la Bibliothèque des langues orientales attribue aux livres issus de sa collection la cote « OH » qui évoquerait la forme cyrillique du nom Onéguine – Онегин. En 1937, s’y ajoutent des ouvrages présentés dans le pavillon soviétique de l’Exposition universelle de Paris, offerts par le gouvernement de l’URSS. Ce corpus comprend des œuvres du poète traduites dans les langues des républiques soviétiques et des éditions parues à l’occasion du centenaire de sa mort, célébré la même année.

Œuvres originales

La première poésie de Pouchkine, À un ami poète, est publiée en 1814 dans la revue Le Messager de l’Europe. De son vivant, il voit paraître 37 de ses livres. La dernière œuvre que le poète a préparée et a vu imprimée est l’Eugène Onéguine de 1837, une édition de petit format, réputée ne comporter aucune coquille après la relecture attentive de l’auteur. Les droits d’auteur au profit de la famille du poète sont prolongés exceptionnellement au-delà des 25 ans après son décès prévus par la législation, empêchant la parution d’éditions abordables. La transmission des textes pouchkiniens se fait ainsi également oralement ou grâce à des copies manuscrites jusqu’en 1887. Une première édition scientifique voit le jour en 1899, pour le centenaire de sa naissance.

Photo : Maxime Ruscio / BULAC.
Collections de la BULAC, cote BULAC RES MON 8 5821.

La deuxième édition du poème Rouslan et Ludmila est accompagnée du fameux prologue « Un chêne vert au creux de l’anse », qui devient un classique de la littérature pour la jeunesse. Plusieurs écrivains russes le citent comme leur premier souvenir littéraire de l’enfance. L’ouvrage est agrémenté d’un portrait de Pouchkine gravé par N. Outkine, d’après la peinture originale d’O. Kiprensky réalisée en 1827. Un premier tirage avait été inséré dans l’almanach Les fleurs du Nord, édité par A. Delvig, un des plus proches amis de Pouchkine. Le poète avait racheté le portrait à la veuve du peintre avec une partie des honoraires reçus pour la publication de Boris Godunov.

Collections de la BULAC, cote BIULO PER.20574.

Créé en 1825, le drame Boris Godounov est censuré par le tsar Nicolas Ier, qui demande de le réécrire « à la manière de Walter Scott ». En 1827, seule la première scène voit le jour dans la revue Moskovskij vestnik. En 1831, peu avant son mariage, le poète obtient l’autorisation d’imprimer la pièce « dans sa beauté primitive ». En 1874, enfin, l’opéra homonyme de Moussorgsky est créé à Saint-Pétersbourg. Le public parisien le découvre en 1908 lors des Saisons russes à Paris, applaudissant le célèbre Fedor Chapliapine (1873-1938) dans le rôle de Boris.

Collections de la BULAC, cote BIULO PER.6624.

Pouchkine déploie une activité de publiciste en créant la revue Le Contemporain en 1836. Devenir éditeur signifie conquérir une tribune pour lui et ses compagnons littéraires. Il y publie Le Nègre de Pierre le Grand, La Fille du capitaine et d’autres œuvres qui, éditées séparément, auraient pu lui assurer des revenus plus stables et réduire ses dettes. Mais la revue voit son tirage diminuer de moitié entre la première et la quatrième livraison. Le cinquième numéro est édité par ses amis après le décès du poète.

Traductions

Si les vers d’A. Pouchkine sont réputés intraduisibles, sa prose est en revanche traduite dans de nombreuses langues. La première traduction d’A. Pouchkine en français, parue en 1823, est due à son oncle, Serge Pouchkine, un poète alors assez célèbre. L’auteur est également traduit de son vivant en français, en allemand et en ukrainien.

Collections de la BULAC, cote BIULO MEL.8.864(6).

Le nom du traducteur du poème Poltava, Eugène Grebenka (1812-1848), Yevhen Hrebinka en ukrainien, est beaucoup moins connu qu’une de ses poésies, devenue une romance en 1884, Otchi tchiornye… (Les yeux noirs). La traduction des vers de Pouchkine en ukrainien paraît d’abord sous forme d’extraits dans des journaux à partir de 1831, avant d’être publiée intégralement en 1836. Pouchkine possédait cet ouvrage dans sa bibliothèque. Deux poésies de Grebenka sont publiées dans les parutions posthumes de la revue Sovremennik.

Collections de la BULAC, cote 43JP 843.8 RIP 37.

Le Japon découvre la littérature russe en 1883 grâce à l’adaptation de la nouvelle de Pouchkine La Fille du capitaine par Takasu Jisuke, sous le titre surprenant Les réflexions d’une fleur et les rêves du papillon : les nouvelles étonnantes de Russie (露国奇聞 : 花心蝶思録). Les illustrations de Yoshitoshi (1839-1892) marient les codes de la gravure japonaise avec une vision approximative des costumes européens contemporains, le traitement du costume de pope étant le plus remarquable. Quant à E. Pougatchev, il est représenté sous des traits africains et imberbe. Un exemplaire de cette édition rare était conservé dans le musée pouchkinien du Lycée Alexandrovsky de Saint-Pétersbourg, le premier musée officiel consacré au poète, créé en 1879.

Collections de la BULAC, cote BIULO PER.839.

Pouchkine et l’opéra

Les liens proposés dans le texte pointent vers des exemplaires du catalogue de la BULAC et vers des extraits musicaux des œuvres citées.

Pour le public étranger, le premier contact avec l’univers du poète russe passe souvent par l’opéra. Une longue suite d’œuvres musicales véhicule des sujets pouchkiniens : Rouslan et Ludmila de M. Glinka (1842), Boris Godounov de M. Moussorgski (1872), Eugène Onéguine (1878) et La Dame de pique (1890) de P. Tchaïkovski, Le Conte du tsar Saltan (1899) et Le Coq d’or (1907) de N. Rimski-Korsakov, enfin, Mavra (1922) d’I. Stravinsky… L’ouverture et le premier acte de Rouslan et Ludmila lancent les concerts historiques des Saisons russes de Serge Diaghilev en 1907 au Théâtre du Châtelet à Paris.

Première œuvre majeure d’A. Pouchkine, le poème Rouslan et Ludmila est publié en 1820. Il inspire l’année suivante le premier ballet d’après une œuvre littéraire russe, sur une musique de F. Scholtz. Peu avant la mort de Pouchkine, le compositeur russe Mikhaïl Glinka avait souhaité qu’il soit l’auteur d’un livret d’opéra tiré du même poème, dont la création n’a lieu qu’en 1842.

Le livret d’Eugène Onéguine est largement dû à P. Tchaïkovski lui-même. C’est le premier opéra du compositeur mettant en scène des personnages de son siècle. Dès sa première représentation, il connaît un large succès. Le rôle de Lensky est depuis l’un des plus convoités par les ténors dans le domaine lyrique russe.

L’opéra La Dame de pique abonde de références françaises : Pouchkine choisit en premier lieu comme prototype de la vieille Comtesse la princesse Nathalie Galitzine (1744-1838) qui avait vécu en France à la fin du XVIIIe siècle et qui a d’ailleurs laissé ses mémoires. Le sujet de l’opéra tourne ensuite autour du secret des trois cartes que la Comtesse, surnommée « la Vénus moscovite » avait obtenu du comte de Saint-Germain au prix d’un rendez-vous, « après avoir perdu au Jeu de la Reine à Versailles ». Enfin, révélant sa passion pour la musique française ancienne, P. Tchaïkovsky cite l’air en français Je crains de lui parler la nuit, tiré de l’opéra d’A. Grétry Richard Cœur-de-Lion, créé en 1784, dont se souvient la vieille dame.

Le centenaire de la mort de Pouchkine en 1937

Le 6 juin, jour de la naissance d’Alexandre Pouchkine, est devenu depuis les années 1920 une fête de la culture russe pour la diaspora, soucieuse de sauvegarder les traditions nationales. Le centenaire de la mort du poète en 1937 correspond aussi à l’anniversaire des 20 ans de la Révolution soviétique, rendant de plus en plus illusoires, pour les émigrés russes, les espoirs d’un retour dans leur patrie.

En 1937, les deux Russies – celle de l’émigration et l’Union soviétique – commémorent le centenaire de la mort du génie national. La France devient l’arène des rivalités des « Russes blancs » et des « soviétiques » autour de la mémoire du poète. Dès 1934, le Comité central Pouchkine à Paris mobilise les meilleures forces en exil. En février 1937, 166 Comités locaux organisent des manifestations à la mémoire du poète dans 231 villes de 42 pays. À Paris, les solennités sont inaugurées le 17 mars 1936 par une soirée consacrée à Pouchkine dans la salle Pleyel, en présence de plusieurs personnalités.

Le 26 janvier 1937, en Sorbonne, une soirée commémorative en présence de l’ambassadeur de l’Union Soviétique est organisée d’urgence. Lors de l’apparition de l’ambassadeur, une mélodie de l’opéra Rouslan et Ludmila retentit. Les connaisseurs sourient : c’est la marche de Tchernomor, le méchant nain magicien à la barbe interminable qui a ravi et séquestré dans son château la belle Ludmila. L’allusion au sort de la Russie sous le pouvoir des Soviets est plus que transparente. Cette organisation précipitée a pour but de devancer le concert organisé par la diaspora russe le 7 février, salle Pleyel, pour marquer le jour anniversaire du décès. Les recettes de ce dernier événement permettent de financer une édition commémorative des Œuvres d’Alexandre Pouchkine en russe, préparée par le Comité parisien avec l’objectif de proposer une version au prix abordable pour le lectorat de la diaspora. Une autre cérémonie commémorative se déroule le 11 février dans la salle d’Iéna. Le 21 février, est donné un concert, organisé avec le concours de l’Union des artistes russes. Enfin, le 28 février, un colloque est proposé à l’Institut théologique Saint-Serge.

Photo : Maxime Ruscio / BULAC.

Mais la manifestation principale de cette année Pouchkine doit se tenir à la Bibliothèque Nationale, avec l’exposition Pouchkine préparée par le danseur étoile de l’Opéra de Paris, Serge Lifar (1905-1986). Ce dernier envisage de présenter des objets issus de sa collection personnelle et de collections privées de l’émigration russe. Or, l’URSS exige que l’événement soit placé sous le haut patronage de son ambassadeur. Cette proposition, évidemment, n’est pas acceptable pour la diaspora et l’exposition est finalement annulée. S. Lifar loue le foyer de la salle Pleyel, afin d’y installer l’exposition Pouchkine et son époque.

Collections de la BULAC, cote CESLA R 26661.

Après un montage réalisé en 16 jours seulement, le succès est évident : l’inauguration a lieu le 16 mars 1937 en présence du fils d’A. Pouchkine, 30 000 visiteurs s’y pressent pendant un mois, sans compter, en coulisses, la réconciliation symbolique des descendants d’Alexandre Pouchkine et de Georges d’Anthès, son beau-frère et assassin. Le catalogue de l’exposition est édité par S. Lifar (les péripéties de son organisation sont décrits dans son ouvrage Moâ zarubežnaâ Puškiniana). La couverture d’A.Benois (1870-1960) est un clin d’œil à l’édition originale du premier chapitre d’Eugène Onéguine en 1825, dont elle reprend le cadre ornementé.

Avec l’aide du pouchkiniste Modeste Hofmann, Lifar édite les 11 lettres manuscrites de Pouchkine à sa fiancée, qu’il a héritées de S. Diaghilev. La jaquette de l’ouvrage est scellée par le cachet personnel du poète, apposé sur la cire rouge.

Une des sections de son exposition présentait même des éditions soviétiques parues à l’occasion de l’anniversaire en URSS.

À l’occasion de l’Exposition universelle de Paris de 1937, l’ambassade offre un lot d’éditions de Pouchkine dans les langues des « minorités nationales ». Une quarantaine de ces ouvrages est conservée à la BULAC à ce jour, dont cet exemplaire de La Dame de pique.

Collections de la BULAC, cote BIULO MEI.IV.21.

Rayonnement (Exegi Monumentum)

Malgré l’instrumentalisation du culte du poète, son œuvre jouit d’un sincère amour. Pouchkine espérait dans sa poésie de 1836, une des plus connues peut-être, Le Monument, traduction libre en russe de l’Exegi monumentum d’Horace :

Et je vivrai longtemps dans la nation entière
Car ma lyre éveillait l’amour de la vertu,
Chantait la liberté dans l’âge sanguinaire,
Plaidait la grâce des vaincus.

Traduction d’A. Markowicz dans : Mon Pouchkine de Marina Tsvetaïeva
Collections de la BULAC, cote BIULO PER.5418.

La poésie est imprimée pour la première fois en 1841. Quelques corrections faites par Joukovsky censurent le texte : alors que dans la première version, le monument que prétend ériger le poète est supérieur par sa taille à la colonne d’Alexandre Ier sur la place du Palais d’Hiver à Saint-Pétersbourg, Joukovsky remplace cette mention par celle de la colonne de Napoléon sur la place Vendôme à Paris. Ainsi, la première publication complète dans la revue Les Archives russes ne transmet fidèlement le texte originel qu’en 1881.

Collections de la BULAC, cote 14RU 947.3 GUL R.

Au XXe siècle, loin du discours officiel, l’Exegi monumentum ressurgit sur les pages du journal intime d’une détenue du Goulag, Olga Ranitskaya qui écrit, acte strictement interdit dans les camps, un journal pour son fils. Elle combine le titre horacien Les travaux et les jours et le genre de la bande dessinée. Le personnage-clef, « le petit diable de la météo » foule aux pieds les tomes des archives et triomphe sous la citation d’Horace Exegi monumentum aeri perenius dans la traduction d’A. Pouchkine : Я памятник себе воздвиг нерукотворный.


Pour aller plus loin :

Citer ce billet : Aglaé Achechova, "Pouchkiniana parisienne," dans Le Carreau de la BULAC, 5 juin 2019, https://bulac.hypotheses.org/17668. Consulté le 6 juin 2019

Des rives du Danube aux Grands Moulins : les échanges entre la Bibliothèque de la Matica srpska et la BULAC

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Le jeudi 15 novembre 2018, dans le cadre des Jeudis de formation de la BULAC, Sonja Ivanovic – bibliothécaire au département d’acquisitions et d’échanges de la Bibliothèque de la Matica srpska à Novi Sad (Serbie) – et Sonja Simicevic – chargée de collections pour le domaine ex/post-yougoslave de la BULAC – proposaient une découverte virtuelle de la Bibliothèque de la Matica srpska et présentaient la pratique d’échanges documentaires entre leurs institutions. Regards croisés des deux bibliothécaires.


Novi Sad, pont sur le Danube.

Parce que l’homme est l’être de liaison qui doit toujours séparer, et qui ne peut relier sans avoir séparé – il nous faut d’abord concevoir en esprit comme une séparation l’existence indifférente de deux rives, pour les relier par un pont. Et l’homme est tout autant l’être-frontière qui n’a pas de frontière.

Georg Simmel, « Pont et Porte », traduit de l’allemand par Sabine Cornille, dans Georg Simmel, La Tragédie de la culture, Paris, Rivages, 1988.

La Bibliothèque de la Matica srpska présentée par Sonja Ivanovic

Le 15/11/2018 à la BULAC, Sonja Ivanovic présente la Bibliothèque de la Matica srpska de Novi Sad. Maxime Ruscio / BULAC.

La Bibliothèque de la Matica srpska est la plus ancienne bibliothèque serbe à intérêt national. Elle est aussi la première bibliothèque de recherche. Elle a été fondée à Budapest en 1826 en même temps que la société Matica srpska, institution culturelle, éducative et scientifique qui œuvre sans interruption depuis près de deux siècles. Les buts de ses fondateurs étaient d’initier le peuple serbe aux courants européens modernes tout en préservant son identité culturelle. Pour mener à bonne fin cette mission, la société a développé une activité d’édition particulièrement riche à partir de la revue Letopis Matice srpske, célèbres annales qui ont vu le jour en 1824. Cette revue est considérée comme la plus ancienne revue littéraire au monde publiée en continu jusqu’à aujourd’hui. La BULAC possède un exemplaire original de son premier numéro.

Premier numéro du journal serbe Letopis Matice srpske, 1824, collections de la BULAC, cote BIULO PER.20604.

Grâce aux dons généreux du peuple serbe, la société Matica srpska a été, à un moment donné de son histoire, la fondation la plus riche de Hongrie. Elle s’est chargée de financer l’éducation d’élèves et d’étudiants doués, amorçant ainsi la formation d’une future élite intellectuelle serbe. De nombreux autres peuples ont suivi l’exemple de la Matica srpska. C’est ainsi qu’ont été fondées la Matica tchèque (1831), la Matica croate (1842), la Matica slovaque (1863), la Matica polonaise (1882), etc. La société Matica srpska a également fondé une galerie qui possède une riche collection de peintures serbes des XVIIIe, XIXe et XXe siècles. Elle abrite environ 7000 œuvres d’art.

Le 15/11/2018 à la BULAC, Sonja Ivanovic présente la Bibliothèque de la Matica srpska de Novi Sad. Maxime Ruscio / BULAC.

En 1864, le siège de la Matica srpska est passé du Tekelijanum à Budapest au Platoneum à Novi Sad1, la capitale de la Voïvodine, province septentrionale de la Serbie. Cette ville est connue depuis lors sous le nom d’« Athènes serbe ». Fondée en 1694, Novi Sad est un important centre culturel, économique et financier du pays. Par sa population (341 625 habitants), elle est la deuxième plus grande ville de Serbie après Belgrade. Véritable carrefour de peuples et de cultures, la Voïvodine est une région constituée de 25 groupes ethniques, avec pas moins de six langues reconnues comme officielles.

Le 15/11/2018 à la BULAC, Sonja Ivanovic présente la Bibliothèque de la Matica srpska de Novi Sad. Maxime Ruscio / BULAC.
Bibliothèque de la Matica srpska

La Bibliothèque de la Matica srpska (BMS) a ouvert ses portes au public en 1838. Aujourd’hui elle a pour mission de collecter, cataloguer, conserver, enrichir et communiquer le patrimoine documentaire national. En 1948, la BMS est devenue la bibliothèque centrale de la Voïvodine, bénéficiant du dépôt légal de tout ouvrage imprimé en Serbie. En 1958, elle est devenue une institution indépendante de la société Matica srpska. La BMS se trouve sous la tutelle directe du ministère de la culture et de la communication.

Ses premières collections ont été constituées à partir des bibliothèques personnelles des fondateurs et mécènes Platon Atanackovic, Atanasije Stojkovic2 et Sava Tekelija3. Une collection de manuscrits portant un témoignage sur l’histoire de la nation serbe complète ce premier fonds.

La BMS dispose aujourd’hui de plus de 4 millions d’ouvrages. Le département des Livres anciens et rares (la Réserve) possède des collections d’une grande valeur, datant du XIIIe au XIXe siècle, parmi lesquels 660 manuscrits. Le manuscrit le plus ancien est le Maticin apostol (L’Apostolos de la Matica). La BMS conduit une politique active d’acquisition et d’enrichissement de ses fonds par des dons et legs. La BMS est cofondatrice du Serbian Libraries Consortium for United Database Acquisition (KoBSON) qui s’occupe de l’acquisition des journaux imprimés et électroniques. La bibliothèque numérique de la BMS permet l’accès gratuit à 15 695 documents, consultables à distance (1 349 151 de pages numériques).

Le 15/11/2018 à la BULAC, Sonja Ivanovic présente la Bibliothèque de la Matica srpska de Novi Sad. Maxime Ruscio / BULAC.

Les échanges documentaires entre la Bibliothèque de la Matica srpska et la BULAC

Quelle est la politique d’échanges en vigueur dans vos bibliothèques ?

Sonja Ivanovic. Maxime Ruscio / BULAC.

Sonja Ivanovic (Matica srpska)

La Bibliothèque de la Matica srpska accorde une grande importance aux échanges internationaux avec d’autres bibliothèques et instituts de recherche. En 1830, elle a envoyé les premiers numéros des Annales et quelques autres publications à des bibliothèques à Budapest, Vienne, Prague et Saint-Pétersbourg. Par ailleurs, elle a reçu le premier don de la Bibliothèque impériale de Russie. Ce don peut être considéré comme le début des échanges internationaux. Aujourd’hui nous avons une coopération avec environ 320 institutions parmi lesquelles se trouvent les grandes bibliothèques nationales comme la Bibliothèque nationale de France, la British Library, la Library of Congress, la Российская национальная библиотека (bibliothèque nationale de Russie). Dans ce cadre nous avons aussi une coopération fructueuse avec la BULAC.

Sonja Simicevic (BULAC)

La BULAC dispose d’un budget proprement destiné aux échanges. Pour l’instant, celui-ci est surtout utilisé pour les domaines coréen et ex/post-yougoslave. Ces dernières années, les échanges avec à la fois la Bibliothèque de la Matica srpska de Novi Sad et la bibliothèque nationale de Serbie sont devenus systématiques.

Comment mettez-vous en œuvre les échanges dans votre pratique quotidienne ?

Sonja Ivanovic (Matica srpska)

Plusieurs fois par an, nous envoyons nos listes de propositions d’ouvrages en langue serbe à la BULAC. Il s’agit d’ouvrages du domaine de la littérature, des sciences humaines, de l’histoire, de la philosophie, des beaux-arts, etc. On choisit les publications que l’on considère comme intéressantes pour nos partenaires et lecteurs étrangers. Étant donné que la BULAC est une bibliothèque universitaire, on essaie de proposer des titres utiles pour les étudiants, la littérature de référence, les dictionnaires, les encyclopédies, ainsi que les titres de la littérature contemporaine serbe. En revanche, nous choisissons librement les titres que nous aimerions recevoir de la BULAC dans le cadre de nos échanges. En tant que bibliothécaire chargée des échanges internationaux au sein du département d’acquisitions et d’échanges, je consulte plusieurs sites Internet pour faire un choix propice à nos besoins. Parfois je m’adresse aux spécialistes de différents domaines, aux professeurs d’université, pour demander de l’aide.

Sonja Simicevic. Maxime Ruscio / BULAC.

Sonja Simicevic (BULAC)

Nous recevons une liste de propositions trois fois par an. Les titres recouvrent la quasi-totalité des catégories thématiques. Ensuite, j’effectue un tri, en retenant entre 30 et 40 titres en moyenne chaque fois ; ainsi entre 100 et 120 ouvrages viennent enrichir nos collections chaque année. Ce travail de sélection est nécessaire, aussi bien pour repérer les ouvrages conformes à notre politique documentaire, que pour respecter le critère de réciprocité dans nos échanges avec notre partenaire à Novi Sad, en ce sens que pour des raisons d’équité, je veille à ce que le coût global des ouvrages que je sélectionne soit plus ou moins équivalent à celui des documents que nous avons les moyens de leur procurer. Dans la plupart des cas, le transfert des colis ainsi constitués se déroule plutôt de manière satisfaisante. Néanmoins, ces derniers temps, nous avons été confrontés à certaines difficultés au niveau de la douane : des colis à destination de la bibliothèque de Novi Sad ont été arrêtés et nous ont été retournés avec certains ouvrages abîmés, ce qui nous a obligés à les commander de nouveau.

Quel est d’après vous l’intérêt de cette pratique pour les collections ?

Sonja Ivanovic. Maxime Ruscio / BULAC.

Sonja Ivanovic (Matica srpska)

Nous sommes très heureux d’avoir l’opportunité de faire des échanges avec d’autres bibliothèques car pour nous c’est le seul mode d’acquisition d’ouvrages en langues étrangères, y compris le français. Nous avons un petit budget pour l’achat des livres en langues étrangères et c’est pourquoi cette pratique est tellement précieuse pour l’enrichissement de nos collections. On tisse les liens avec nos partenaires et on est très contents de cette collaboration. Cela nous aide à approfondir nos relations institutionnelles, mais aussi les relations entre nos deux pays.

Sonja Simicevic (BULAC)

Pour moi aussi, cette procédure constitue un moyen permettant d’enrichir les collections de notre bibliothèque dans le domaine serbe. Grâce à la pratique d’échanges, j’ai l’occasion d’intégrer dans ce fonds de belles éditions, notamment sous format d’albums ou de publications illustrées qui sont parfois particulièrement onéreuses et que j’hésite à acquérir par le circuit traditionnel. Et cela d’autant plus que je dois veiller à répartir le budget du domaine ex/post-yougoslave que je gère, entre les six pays issus de l’ex-Yougoslavie !

Y a-t-il des aspects que vous souhaiteriez voir évoluer ?

Sonja Simicevic. Maxime Ruscio / BULAC.

Sonja Simicevic (BULAC)

De mon côté, j’aimerais voir cette pratique se pérenniser entre nos deux établissements et se systématiser davantage, de manière à ce qu’elle puisse être maintenue après mon départ à la retraite. Par ailleurs, nous pourrions également envisager de développer des échanges d’informations sur l’actualité de chaque bibliothèque, en relatant par exemple sur nos deux portails respectifs les manifestations/activités culturelles prévues ou en cours au sein de chaque établissement.

Propos recueillis par Nicolas Pitsos, chef de l’équipe Europe balkanique, centrale et orientale de la BULAC.


Pour aller plus loin :

Citer ce billet : Nicolas Pitsos, "Des rives du Danube aux Grands Moulins : les échanges entre la Bibliothèque de la Matica srpska et la BULAC," dans Le Carreau de la BULAC, 12 juin 2019, https://bulac.hypotheses.org/18010. Consulté le 15 juin 2019
  1. La ville de Novi Sad a été désignée capitale culturelle de l’Europe en 2021. Sur l’histoire et l’héritage culturel de cette ville, voir Донка Станчић, Милош Арсић, Слободанка Бабић, Бранко Бешлин, Јасмина Јакшић, Предраг Медовић, Олга Микић, Уметничка топографија Новог Сада, Нови Сад : Матица српска, 2014 / Donka Stančić, Miloš Arsić, Slobodanka Babić, Branko Bešlin, Jasmina Jakšić, Predrag Medović, Olga Mikić, Umetnička topografija Novog Sada, Novi Sad : Matica srpska, 2014, cote BULAC : 16RS 700 UME.
  2. Voir Драгана Грбић, Атанасије Стојковић, Нови Сад : Издавачки центар Матице српске, 2015 / Dragana Grbić, Atanasije Stojković, Novi Sad : Izdavački centar Matice srpske, 2015, cote BULAC : BULAC MON 8 24698).
  3. Voir Владимир Симић, Снежана Мишић, Сава Текелија : велики српски добротвор, Нови Сад : Галерија Матице српске, 2011 / Vladimir Simić, Snežana Mišić, Sava Tekelija : veliki srpski dobrotvor, Novi Sad : Galerija Matice srpske, 2011, cote BULAC : 16RS 948.7 SAV.

Portrait de chercheur : Alisa Dumikyan, historienne

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Questions à… Alisa DUMIKYAN, chercheuse arménienne (senior researcher) à l’Institut d’histoire de l’Académie nationale des sciences de la République d’Arménie.

Un séjour d’étude à Paris rendu possible grâce à l’aide à la mobilité de la FMSH

La Fondation Maison des sciences de l’homme (FMSH), avec laquelle la BULAC a établi un partenariat dans l’accueil des chercheurs étrangers, propose des aides à la mobilité pour des séjours en France de 3 mois aux chercheurs post-doctorants ayant soutenu leur thèse depuis 2013. Cette aide à la mobilité est destinée à réaliser des travaux de recherche : enquêtes de terrain, travail en bibliothèques et en archives.

Début 2019, ma candidature soumise à l’appel, qui s’inscrit dans le cadre du programme Atlas par la FMSH, a été retenue. Mon institut d’accueil est l’université Paris Nanterre, équipe Du village à l’État au Proche et Moyen-Orient (VEPMON, UMR 7041 ARSCAN) de la Maison Archéologie & Ethnologie René Ginouvès. Plusieurs membres de cette équipe travaillent sur l’étude de l’histoire du Proche et Moyen-Orient en général et de l’Arménie en particulier, dont Stéphane Deschamps, responsable des fouilles programmées du site d’Erébuni, forteresse royale ourartéenne (VIIIe-VIe siècles av. J.-C.). et co-responsable de la fouille programmée du site de Beniamin (province du Chirak, Arménie, 2017).

Quel est votre parcours ?

En 2013 j’ai soutenu ma thèse de doctorat en histoire sur le sujet  «Les problèmes d’histoire ancienne et médiévale de l’Arménie dans l’arménologie française du XIXe siècle». A l’heure actuelle, mon thème de recherche est : « Les approches conceptuelles de l’étude de l’histoire et de la géographie historique du royaume de Van (Ourartou/Ararat) dans l’historiographie française».

Quelles sont les raisons qui vous ont amenée à venir effectuer des recherches à Paris ?

La plus grande partie du territoire du royaume de Van se trouve actuellement en Turquie et, pour les chercheurs arméniens, il existe des difficultés d’accès aux résultats de recherches archéologiques ainsi qu’aux publications sur les textes cunéiformes qui y ont été découverts pendant les dernières décennies. Ma participation au programme Atlas de la FMSH a ainsi été motivée par la nécessité de mener des recherches sur la littérature contemporaine et de mieux la connaître. Toutes les bibliothèques où j’ai eu l’opportunité de travailler proposent les meilleures conditions pour la recherche. Sur le plan professionnel, les livres dont j’ai besoin sont dispersés et je dois travailler dans différentes bibliothèques. Mais je dois noter que je trouve parfois à BULAC des ouvrages très rares, voire uniques comme par exemple tous les volumes du Corpus Inscriptionum Iranicum.

Comment expliqueriez-vous vos recherches actuelles aux lecteurs du Carreau de la BULAC ?

Le domaine de mes recherches est l’historiographie. Les études sur le royaume de Van (Biainili/Ourartou/ Ararat) (XIXe-VIe siècles av. J.-C.), qui ont débuté réellement à la fin du XIXe siècle en Europe, ont toujours été un centre d’intérêt des archéologues et des orientalistes. Les discussions déployées autour des problèmes de la géographie historique et des entités politiques Nairi – Ourouatri – Ourartou, ainsi que de la question de la langue des inscriptions cunéiformes dans le contexte de la classification des langues et du déclin du royaume ont donné lieux à de nombreux points de vue divergents parmi les chercheurs. Dans le cadre de mes recherches, j’étudie les problèmes posés par l’histoire du royaume de Van grâce à une méthode comparative des sources épigraphiques et des recherches historiographiques, en présentant de manière complète les approches conceptuelles, méthodologiques et terminologiques des chercheurs européens et particulièrement français.

Urartu ou royaume de Van
L’Urartu ou Ourartou (Ararat/en arménien Ուրարտու-Արարատ) est un royaume constitué vers le IXe siècle av. J.C. sur le haute terre arménienne. À son apogée, au milieu du VIIIe siècle, cet État s’étendait sur un territoire aujourd’hui réparti entre la Turquie, la République d’Arménie et le nord de l’Iran. Le royaume était appelé Biai ou Biainili par ses habitants, Ouruatri et Ourartou dans les sources Assyriennes. Le royaume disparaît dans le courant de la première moitié du VIe siècle av. J.-C. (source : Wikipédia, modifié par l’auteur)

Quelles sont les événements ou les personnalités scientifiques qui vous ont inspirée récemment ?

J’ai découvert ici les ouvrages de nombreux chercheurs contemporains qui mènent des recherches fondamentales véritablement très importantes. Je ne voudrais pas en distinguer une seule, mais certaines études (par exemple l’ouvrage de Nicole Chevalier La recherche archéologique française au Moyen-Orient 1842-1947, Centre de recherche d’Archéologie Orientale Université de Paris I, N 14, Éditions Recherche sur les Civilisations, Paris, 2002) sont très impressionnantes. Le programme Atlas m’a donné la possibilité de participer aux séminaires organisés par la MAE, l’INALCO et I’Institut d’Art et d’Archéologie, ce qui m’a permis de connaître les approches méthodologiques des chercheurs français. Était particulièrement important pour mon sujet le séminaire organisé par l’INALCO le 17 avril 2019 sur « Les liens entre l’Ourartou et l’Arménie ».

Quelles sont les bibliothèques où vous envisagez d’aller travailler à Paris ? 

J’ai déjà travaillé à la bibliothèque de la MAE (Maison de l’Archéologie et d’ethnologie), de la FMSH, du Collège de France, à la BULAC et à la BnF.
Mon séjour à Paris a atteint sa fin, mais je voudrais également consulter certains ouvrages à la bibliothèque de l’Institut d’Art et d’Archéologie (INHA), ce que je n’ai pas encore réussi à faire.

Quelques-unes de vos publications ?

Une monographie :
Les problèmes de l’histoire ancienne et médiévale de l’Arménie dans l’historiographie française du XIXe siècle, Erévan, 2014, 236 pages (en arménien).

Quelques-uns de mes articles publiés :
1. « Autour du problème des approches conceptuelles des arménologues et orientalistes français de l’histoire du royaume de Van », Conférence internationale, Le rôle des arménologues étrangers dans l’étude de l’histoire ancienne et médiévale de l’Arménie, Institut d’histoire de l’ANS RA (Académie Nationale des Sciences de la République d’Arménie), Erévan, 2017, p.118-132 (en arménien).
2. « La perception historique et spirituelle de l’Arménie sur les cartes des chercheurs français du XVIIe au XIXe siècle », Conférence consacrée au 100e anniversaire de T. Hakobyan, Erévan, 2017, p. 44-52 (en arménien).
3. « L’interprétation des renseignements sur le roi arménien Abgar par les arménologues français du XIXe siècle », Conférence internationale « Aurore du christianisme » (Արշալույս քրիստոնեության), Erévan, 2017, p 121-125 (en arménien).
4. « The reliability of the 19th century french and modern armenological interpretations of the biblical information about Mt. Ararat in the light of the Qumran manuscripts », Fundamental Armenology, Electronic journal, Issue 1, 2017, pp. 33-38.

 

Image : Haldi, le dieu suprême du panthéon urartéen. Cliché de l’auteur

Image de Une : Forteresse de Van. Wikipédia, CC BY SA 3.0

Citer ce billet : Elsa Ferracci, "Portrait de chercheur : Alisa Dumikyan, historienne," dans Le Carreau de la BULAC, 12 juin 2019, https://bulac.hypotheses.org/17976. Consulté le 15 juin 2019

Au nom des peuples ! Paris, carrefour des revendications nationales pendant la Conférence de la Paix de 1919

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Ce billet prolonge l’exposition présentée au rez-de-jardin de la BULAC du 24 juin au 9 août 2019 à l’occasion du centenaire de la Conférence de la Paix de Paris, destinée à régler diplomatiquement la fin de la guerre qui avait éclaté en 1914. Reflet du caractère mondial de ce conflit, la conférence fut un des premiers sommets internationaux à rassembler des délégations venues de pays aussi nombreux et de continents aussi divers. Les stratégies médiatiques déployées par les peuples pour défendre des souverainetés émergentes face aux intérêts des vainqueurs et faire entendre leurs voix dans les négociations entre grandes puissances ont laissé de nombreux témoignages écrits qui sont ici mis en valeur. Ce billet et cette exposition ont été préparés conjointement par Juliette Pinçon et Benjamin Guichard.

William Orpen, « The Signing of Peace in the Hall of Mirrors, Versailles, 28th June 1919 », 1919.

Peace conference. George Grantham Bain Collection / Library of Congress

Le temps n’est plus où les diplomates pouvaient se réunir pour refaire d’autorité, sur un coin de table, la carte des empires. Si vous avez à remanier la carte du monde, c’est au nom des peuples et à la condition de traduire fidèlement leurs pensées ; de respecter le droit des nations, petites et grandes, à disposer d’elles-mêmes et de le concilier avec le droit, également sacré, des minorités ethniques et religieuses.

Raymond Poincaré, discours d’ouverture de la Conférence de la Paix, 18 janvier 1919

La Conférence de la Paix s’ouvre à Paris le 18 janvier 1919. Vingt-sept États y participent et cherchent, au-delà du règlement de la sortie de guerre, à mettre en place une paix durable en instaurant de nouvelles règles internationales et à déterminer des principes communs de définition des souverainetés nationales. La Conférence s’attelle notamment à redécouper les territoires des empires vaincus (allemand, austro-hongrois et ottoman) et de l’ancien Empire russe, aux prises avec la guerre civile qui a suivi les révolutions de 1917.

Dès l’ouverture de la Conférence, de nombreuses délégations étrangères arrivent à Paris pour exprimer leurs revendications. Très peu de nations sont toutefois réellement admises à la table des négociations. De fait, dès les premiers jours de la Conférence, Clemenceau fait une distinction entre les grandes puissances dites « à intérêts généraux » et les petites nations, « à intérêts limités » ou « particuliers ».

The Big Four. Edward N.Jackson / US Army Signal Corps.

À partir du 24 mars 1919, le cadre des délibérations se réduit au périmètre du Conseil des Quatre, qui réunit la France, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Italie, auxquels s’adjoint parfois le Japon. Au final, Clemenceau, Wilson et Lloyd George prennent les principales décisions. Les « petites nations­ » doivent se contenter de présenter aux décideurs leurs revendications et de participer aux commissions techniques.

En cet instant de profondes transformations des relations internationales, un véritable phénomène d’effervescence éditoriale se fait jour. Avec plus de 300 documents directement associés à cet événement diplomatique majeur, les collections de la BULAC reflètent ces efforts exprimés par les porte-voix de différentes revendications nationales ou territoriales.

Des souverainetés émergentes qui cherchent à se faire entendre

Collections de la BULAC, cote BIULO MEL.4.303(2).

Absents de la table des négociations, des mouvements nationalistes émergents tentent de se faire entendre de la Conférence de la paix et de l’opinion publique internationale. L’activité diplomatique qui se concentre alors à Paris produit une floraison d’initiatives médiatiques pour faire entendre la cause de ces nouveaux acteurs. Pétitions, interpellations, avalanche de communiqués de presse, bulletins, banquets ou conférences publiques relaient l’action des mouvements nationaux locaux et ébauchent un statut diplomatique. L’exposition présente une sélection autour de trois causes – les questions balte, grecque et coréenne – qui contrecarrent les intérêts de trois puissances alliées avec l’Entente, fragilisées par le principe d’autodétermination des peuples, la Russie, l’Italie et le Japon.

Collections de la BULAC, cote BIULO PER.5565.

Les délégations baltes, tout comme les autres groupements de l’ancien Empire russe, ne participent pas aux négociations de la Conférence, mais elles réclament des vainqueurs le droit de se constituer en États souverains et indépendants1. La publication d’un organe de presse, le Bulletin de l’Esthonie, contribue à formaliser les revendications et asseoir leur légitimité en mettant en scène le drapeau et le nom vernaculaire de l’État estonien.

Collections de la BULAC, cote BIULO PER.1043.

Le Bureau de presse russe « Union » est dirigé par Boris Savinkov (1879-1925), un ancien socialiste-révolutionnaire et fervent anti-bolchevique travaillant en liaison étroite avec le personnel de l’ambassade de l’ancien Gouvernement provisoire russe à Paris2. Alors que la guerre civile fait rage en Russie, il relaie les efforts des armées blanches de Denikine et Koltchak pour se faire reconnaître comme autorité russe légitime auprès de l’Entente. Cette ligne politique devient délicate quand il s’agit de justifier leur impérialisme virulent. Les revendications estoniennes sont ainsi dénoncées comme un mirage au profit d’une « large autonomie » au sein de la Russie – « l’union fait la force et […] l’avenir est aux alliances, non seulement entre les petites, mais aussi, et surtout, entre les grandes nations » peut-on lire en conclusion de l’article « L’indépendance de l’Esthonie », paru dans le Bulletin n°18 du 13 novembre 1919, publié par le Bureau de presse russe.

Collections de la BULAC, cote BIULO
MEL.8.645(4)
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Si l’État grec parvient à défendre ses revendications en Asie mineure aux dépens de la Turquie qui succède à l’Empire ottoman, il se heurte à un arbitrage en faveur de la Bulgarie en ce qui concerne la Thrace et à la résistance italienne qui contrôle l’archipel du Dodécanèse depuis 1912. L’Italie est soutenue ici par les autres vainqueurs, qui lui imposent par ailleurs des concessions douloureuses en Dalmatie. La mise en scène de plébiscites et les proclamations permettent de dénoncer les contradictions entre les décisions des grandes puissances et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Le mémoire adressé par la délégation venue plaider la cause du Dodécanèse devant la Conférence et La Protestation et le Réquisitoire d’un hellène en portent le témoignage. Les frontières gréco-turques négociées à Paris en 1919 seront par ailleurs totalement bouleversées trois ans plus tard, à la suite d’un affrontement armé entre les deux pays se soldant par un échange massif et conflictuel de populations.

Collection de circulaires publiées du 26 avril au 29 novembre 1919, cote BULAC RES MON 4 2645.

L’ouverture de la Conférence de la Paix suscite en Corée un important mouvement de contestation de la colonisation japonaise, marqué par une première manifestation d’ampleur à Séoul le 1er mars, imitée à travers le pays et violemment réprimée, et la constitution d’un gouvernement provisoire en exil, formé à Shanghai en avril 1919. Ce dernier envoie une délégation officielle à Paris, qui mène une campagne d’opinion très structurée, tout en mettant en place les organes d’une véritable diplomatie émergente. Les collections de la BULAC conservent ainsi de nombreux documents issus de cette période parisienne du mouvement indépendantiste coréen :

  • une collection de circulaires, dactylographiées ou imprimées, diffusée par le Bureau de presse coréen d’avril à juin 1919
  • de nombreux numéros de la revue La Corée libre, qui parut de 1920 à 1921
  • des brochures éditées par la délégation coréenne
Exécution, par les soldats japonais, des manifestants pacifiques coréens. Collections de la BULAC, cote BIULO MEL.8.656(29).

Cet épisode reste apprécié dans l’histoire coréenne comme un moment majeur d’affirmation d’un État coréen indépendant qui n’aboutira qu’après 1945. Là encore, des revendications qui se réclament du droit international et de la liberté des peuples se heurtent au fait que le Japon compte au rang des puissances alliées.

Parmi les différents documents produits par la délégation coréenne se trouve une pétition présentée devant la Conférence en avril 1919. La signature figurant sur le document est celle de Kim Kyu-sik (1881-1950), chef de la délégation coréenne à Paris et ministre des Affaires étrangères du gouvernement provisoire coréen en exil.

Des territoires disputés à coups de cartes

L’outil cartographique joue un rôle clé dans la Conférence de la Paix, les débats mobilisant l’expertise de géographes, ethnographes et cartographes pour appuyer les décisions diplomatiques et politiques de tracé des frontières des nouveaux États appelés à respecter le principe d’autodétermination des peuples et, donc, la répartition territoriale des nationalités. L’argument cartographique est également utilisé par les porte-paroles des différentes revendications à la souveraineté nationale comme moyen d’influencer le cours des négociations3. L’exposition présente une sélection de cartes mobilisées par les différents acteurs comme instrument d’expertise et comme forme d’argumentation. 

Collections de la BULAC, cote BIULO MEL.8.644(7).
Collections de la BULAC, cote BIULO MEL.8.644(7).

Cette carte de la Lituanie, éditée par le Bureau d’informations lituanien, développe un argument d’autorité en faisant la démonstration de l’ancienneté et de l’importance territoriale de l’ancien État lituanien dont la jeune république reprend le blason. La Lituanie sera finalement reconnue en décembre 1922 mais sans que l’ensemble de ses revendications soient satisfaites – la ville de Vilnius, notamment, étant intégrée aux frontières polonaises4.

Collections de la BULAC, cote CESLA G 640.

La carte ci-contre provient de l’ouvrage Albania, past and present, publié par l’Albanais Constantin Chekrezi à New-York en 19195. Elle met en regard la frontière du territoire albanais délimité par le Traité de Londres de 1913 et la frontière proposée par le gouvernement provisoire albanais, basée sur le critère ethnographique. Historien renommé, installé aux États-Unis en 1914, Constantin Chekrezi publie cette étude en langue anglaise sur l’Albanie dans le but de faire connaître son pays aux Américains. En avril 1919, il contribue à influencer l’intervention de la délégation américaine en faveur de son pays d’origine qui peinait à faire entendre sa voix face aux prétentions italiennes. La souveraineté de l’Albanie sera reconnue le 17 décembre 1920, date de son admission à la SDN6 .

Collections de la BULAC, cote BIULO MEL.8.641(17).

Dès 1912, la Syrie suscite les convoitises des Français et des Britanniques, à l’origine de nombreux projets cartographiques redessinant les frontières d’une « Grande Syrie » négociée en secret par les deux puissances lors des fameux accords Sykes-Picot, signés en mai 1916 pour partager en zones d’influences respectives les territoires arabes de l’Empire ottoman7 . L’exposition présente deux brochures émanant du Comité de l’Orient et du Comité central syrien, structures proches du parti colonial français, mises en place par Georges Samné et Chekri Ganem8. Le Comité central syrien est créé en 1917, un an après les accords Sykes-Picot, pour veiller aux intérêts français en Syrie. Les travaux de ces comités, illustrés par des cartes célébrant les liens entre la France et le Levant, ne font qu’irriter les Britanniques, hostiles au projet français prônant l’unité historique de la Syrie9.

L’expertise ethnographique et linguistique mise en cartes

Afin d’évaluer la légitimité des prétentions territoriales et dans l’optique de déterminer les nouvelles frontières, les experts mobilisés dans la Conférence s’attellent à démêler les écheveaux ethnographique et linguistique des territoires disputés. Parmi les critères fondamentaux, le principe des nationalités prôné en 1919 s’appuie sur l’adéquation entre langue et nationalité. L’exposition donne l’exemple de deux régions transfrontalières d’Europe médiane qui ont constitué de vifs points de tension lors de la Conférence, le Banat et la Silésie.

Collections de la BULAC, cote BIULO MEL.8.818(6).

Le Banat est une région d’une grande complexité ethnique et linguistique, réunissant pas moins de quatre nationalités (Roumains, Serbes, Allemands, Hongrois). Il fait l’objet d’un contentieux territorial entre la Roumanie et la Serbie, qui se soldera par un partage nord/est – sud/ouest entre les deux pays, confirmé par le Traité de Trianon de 1920. Cette carte du Banat est l’œuvre du géographe serbe Jovan Cvijić. En tant qu’expert principal de la délégation serbe à la Conférence, il contribue fortement à la définition des frontières du nouvel état yougoslave10.

Collections de la BULAC, cote TURCO 8-5658.

La Silésie est à l’origine d’un contentieux polono-tchèque, cristallisant les débats autour de l’argument ethnographique et linguistique d’une part et l’enjeu économique lié à ses ressources minières d’autre part. Henri Grappin (1881-1959), professeur de polonais à l’École nationale des langues orientales vivantes, met en avant l’argument linguistique à travers une carte s’appuyant sur les recensements selon la langue usuelle. Il signale une manipulation statistique des données, résultat d’une intervention délibérée de la nation tchèque et allemande pour minimiser la part polonaise de la population11.

Le partage disputé des colonies des empires vaincus

Conciliation paradoxale du principe de l’autodétermination des peuples et des intérêts des grandes puissances alliées, les possessions ottomanes et coloniales allemandes font l’objet des appétits des différents vainqueurs. Le pacte de la Société des Nations (28 juin 1919) prévoit ainsi un système de mandats : ces territoires sont placés sous tutelle internationale mais leur gestion est confiée de fait aux différentes puissances alliées, en garantissant des degrés variables d’autonomie aux administrations locales12.

Collections de l’EHESS (CEAFR) déposées à la BULAC, cote CEAFR A 15.322.

L’historien G.L. Beer (1872-1920) est le chef de la section coloniale de la délégation américaine à la Conférence de la Paix. L’ouvrage est une édition posthume des mémoires, notes et travaux réalisés par Beer dans le cadre de la commission. La zone Pacifique regroupe des mandats de la SDN de classe « C » qui autorisent l’intégration de fait du territoire considéré par la puissance mandataire. Les États-Unis y prennent leur part des dépouilles coloniales, alors que les 14 points du président Wilson pouvaient être lus comme un rejet de l’impérialisme pratiqué par les puissances européennes.

Collections de la BULAC, cote BIULO MEL.4.265(19).

La concession allemande de Kiautschou (Jiāo Zhōu, péninsule du Shandong) est réclamée par la jeune république chinoise qui tente de contrer, sans succès, les revendications territoriales du Japon. L’arbitrage défavorable est vécu comme un outrage qui viole des promesses de guerre et est à l’origine du mouvement nationaliste d’ampleur du 4 mai 1919. La Chine quitte la conférence ; une médiation négociée par les États-Unis sur la question du Shandong aboutit seulement en 192213.

Les contestations de l’impérialisme japonais par les délégations coréennes et chinoises jouent sur le parallèle avec l’impérialisme prussien pour se faire entendre des vainqueurs. Leurs positions sont relayées en France par la Ligue des droits de l’Homme qui englobe leur argumentaire dans une dénonciation générale du colonialisme – une position radicale qui ne pouvait être vue qu’avec méfiance par les grandes puissances.

L’appel à une opinion publique internationale musulmane

Le Traité de Sèvres, relatif à l’Empire ottoman, signé le 10 août 1920, est aussitôt contesté dans le contexte de chute du Sultan et de révolution kémaliste ; il n’est ratifié par aucun État, sauf la Grèce. La campagne d’opinion sur le sort de l’État turc se prolonge donc jusqu’à la signature du Traité de Lausanne le 24 juillet 1923.

L’argument de la défense des minorités turcophones est alors fortement mobilisé pour défendre la représentation nationale des différentes populations turcophones, des Balkans au Caucase. Parallèlement, un argumentaire pan-islamiste émerge, contestant de façon plus large la tutelle des puissances européennes. Ce dernier est notamment relayé au sein de l’Inde colonisée, par le « Mouvement musulman pour le califat ». Organisé par des intellectuels du Bengale comme Maulânâ Mohamed Ali (1878-1931), ce courant nationaliste prend la défense des intérêts turcs au nom de la communauté musulmane, cela en dépit du caractère laïc de la révolution kémaliste, ce qui lui permet de développer un mouvement anti-colonial distinct du mouvement du Congrès animé par Gandhi14.

Collections de la BULAC, cote BIULO PER.20196.

L’exemplaire de la publication L’Islam, les Turcs et la Société des Nations présenté dans l’exposition est dédicacé par Rechid Sefvet, chef de la délégation turque à la Conférence de la Paix, à Gustave Brocher (1850-1931), militant anarchiste et défenseur des petites nations, alors interprète à la SDN pour les délégations d’Ukraine et d’Azerbaïdjan.

Une paix instable

La Conférence de la Paix de 1919 ne parvient pas à concilier deux objectifs concurrents : une négociation de sortie de guerre soucieuse de défendre les intérêts des principaux vainqueurs et l’organisation d’un nouveau système international. La mise en place difficile de la Société des Nations, la poursuite des conflits à l’Est de l’Europe pendant la durée de la Conférence et la multiplication de crises localisées au début des années 1920, directement liées à la contestation des arbitrages de 1919, soulignent les limites de la Conférence.

Ces quelques mois de tractations diplomatiques intenses ont toutefois laissé un héritage éditorial singulier, majoritairement exprimé en langue française qui était alors utilisée pour les négociations et alerter l’opinion. Ces publications font apparaître des acteurs méconnus des relations internationales : délégations auto-proclamées qui cherchent à affirmer leur souveraineté, relais d’opinion politiques et médiatiques au sein des puissances occidentales et experts issus de l’université qui collaborent activement avec les négociateurs.


Pour aller plus loin :

  • Plus de 300 titres dans le catalogue de la BULAC liés à la Conférence de la Paix
  • Une sélection d’ouvrages empruntables, à retrouver à l’entrée de la BULAC pendant l’exposition
  • Le catalogue et la playlist YouTube de l’exposition « À l’Est, la guerre sans fin, 1918-1923 » présentée au musée de l’Armée du 5 octobre 2018 au 20 janvier 2019
  • Un dossier réalisé par les Archives diplomatiques à l’occasion du centenaire de la Conférence de la Paix
  1. Julien Gueslin, « La France face aux indépendances baltes. De Brest-Litovsk à la conférence de la Paix (1918-1919) », Relations internationales, n°93, 1998 [Disponible en ligne].
  2. Les archives personnelles de B. Savinkov et de l’agence de presse « Union », conservées à l’Institut international d’histoire sociale d’Amsterdam, sont consultables en ligne.
  3. Daniel Foliard, « Cartes et contre-cartes à la conférence de paix de Paris (1919) : débats cartographiques au sein de la délégation britannique », Cartes & Géomatique, n°228, juin 2016 [Disponible en ligne].
  4. Julien Gueslin, « Entre illusion et aveuglement : la France face à la question lituanienne 1920-1923 », Cahiers lituaniens, n°2, 2001 [Disponible en ligne].
  5. Ce document est disponible en ligne sur archive.org.
  6. Sur la France et l’Albanie durant la Conférence de la Paix : Ştefan Popescu, « L’Albanie dans la politique étrangère de la France (1919-juin 1940) », thèse de l’Université Panthéon-Sorbonne – Paris I, 2013 [Disponible en ligne].
  7. Au sein d’une bibliographie abondante, on peut signaler deux publications récentes : Christopher Simon Sykes, The man who created the Middle East : a story of empire, conflict and the Sykes-Picot agreement, Londres, William Collins, 2016 ; James Barr, Une ligne dans le sable : le conflit franco-britannique qui façonna le Moyen-Orient, Paris, Perrin, 2017 (édition originale: 2011).
  8. La Syrie devant la Conférence est disponible en ligne dans la bibliothèque numérique Gallica.
  9. Daniel Foliard, « Cartes et contre-cartes à la conférence de paix de Paris (1919) : débats cartographiques au sein de la délégation britannique », op.cit. ; Julie d’Andurain, « La “Grande-Syrie”, diachronie d’une construction géographique (1912-1923) », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, n°141, juin 2017, mis en ligne le 25 octobre 2017 [Disponible en ligne].
  10. Sur les frontières roumaines et la question du Banat : Emmanuelle Boulineau, « Un géographe traceur de frontières : Emmanuel de Martonne et la Roumanie », L’Espace géographique, 2001/4 (tome 30), p. 358-369 [Disponible en ligne].
  11. Ronan Desrues, La Silésie de Teschen et les territoires de Spisz et d’Orawa dans les relations polono-tchécoslovaques 1919-1924, 2007-2008, p. 12-29 [Disponible en ligne].
  12. James E. Kitchen, « Colonial Empires after the War/Decolonization », in: 1914-1918-online. International Encyclopedia of the First World War, Berlin, Freie Universität Berlin, 10 août 2014 [Disponible en ligne].
  13. Jean-José Ségéric, La Chine et le traité de Versailles, 1919 : une trahison occidentale, Paris, L’Harmattan, 2014.
  14. Gail Minault, « Khilafat Movement », in: Ute Daniel, Peter Gatrell, Oliver Janz, Heather Jones, Jennifer Keene, Alan Kramer, Bill Nasson (éd.), 1914-1918-online. International Encyclopedia of the First World War, Berlin Freie Universität Berlin, 26 mai 2015 [Disponible en ligne] ; Mahmud Shah Qureshi, Étude sur l’évolution intellectuelle chez les musulmans du Bengale, 1857-1947, Paris-La Haye, Mouton, 1971, p. 25 sq.

Une bibliographie complémentaire pour l’agrégation d’arabe 2020

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Le programme officiel de l’agrégation d’arabe 2020 est accompagné d’une bibliographie proposée par le jury du concours. Les ouvrages disponibles à la BULAC au format imprimé sont signalés dans les listes bibiographiques du catalogue en ligne, classées par questions au programme.

Pour faciliter la recherche des articles et des ressources en ligne , nous vous proposons cette bibliographique qui facilitera l’identification des revues et propose une sélection de ressources en ligne achetées par la bibliothèques ou disponibles en accès libre. Pour mémoire, l’accès aux ressources en ligne achetées par la bibiothèque est accessible à distance pour tout lecteur inscrit à la bibliothèque avec l’identifiant et le mot de passe de son compte lecteur. [voir le mode d’emploi]

Question 1. Linguistiqueal-luġa l-fuṣḥā wa-muḫtalaf luġāt al-ʿarab : La formation de la ʿarabiyya en question [nouvelle question]

  • AL-JALLAD, Ahmad. 2015. An outline of the grammar of the Safaitic inscriptions. Studies in Semitic Languages and Linguistics, vol. 80.   [Consultable en version imprimée]
  • AL-JALLAD, Ahmad. 2017. “The Arabic of the Islamic conquests: notes on phonology and morphology based on the Greek transcriptions from the first Islamic century””. Bulletin of SOAS, 80/3, p. 419–39. Disponible en salle de lecture, au Rez-de-Jardin. Cote: 0 BSOAS
  • AL-SHARKAWI, Muhammad. 2015. “Case-Marking in Pre-Islamic Arabic: The Evolutionary Status”. Zeitschrift für arabische Linguistik, 62 p.38–67. Disponible en salle de lecture, au Rez-de-Jardin. Cote: 23 XA ZAL
  • BLAU, Joshua. 1963. “The Role of the Bedouins as Arbiters in Linguistic Questions ans the masʾala az-zunburiyya”. Journal of Semitic Studies 8/1, p. 42–51. [Repr., Studies in Middle Arabic and its Judaeo-Arabic variety. Jerusalem: Magnes Press, 1988]. [Consultable en version imprimée]
  • BLAU, Joshua. 1977. “The Beginning of the Arabic Diglossia: A Study of the Origin of Neo-Arabic”. Afroasiatic Linguistics, 4, p. 2–28. [Disponible en ligne en accès libre]
  • BOHAS, Georges et al. 2014-2015. “Une nouvelle dimension du domaine de la kashkasha”. Al-Abhath, 62-63, p. 5-31. Disponible en salle de lecture, au Rez-de-Jardin. Cote: 23XA ABH
  • KOULOUGHLI, Djamel Eddine. 2002. “L’influence muʿtazilite sur la naissance et le développement de la rhétorique arabe”. Arabic Sciences and Philosophy, 12/2, p. 217–39 [Disponible en ligne avec authentification]
  • LARCHER, Pierre. 2001. “Le parler des Arabes de Cyrénaïque vu par un voyageur marocain du XIIIe siècle”. Arabica, 48/3, 368–82. [Disponible en ligne avec authentification]
  • Pierre LARCHER, 2008a. “Al-lugha al-fuṣḥâ : archéologie d’un concept “idéolinguistique””. Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 124, p. 263–78. [Disponible en ligne en accès libre] [Téléchargeable avec authentification]
  • Pierre Larcher, 2008b. “Qu’est-ce que l’arabe du Coran ? Réflexions d’un linguiste”. Linguistique arabe, Cahiers de linguistique de l’INALCO, 5, p. 27–47. [Consultable en version imprimée]
  • RABIN, Chaïm. 1951. Ancient West-Arabian: A study of the dialects of the western highlands of Arabia in the sixth and seventh centuries A.D. London: Taylor’s Foreign Press. [Disponible en ligne en accès libre]
  • VERSTEEGH, Kees. 1990. “Grammar and Exegesis. The origins of Kufan Grammar and the Tafsīr Muqātil”. Der Islam, 4, p. 206–42. [Disponible en ligne sur authentification]

Question n°2. Littérature médiévale – L’adab au croisement des discours littéraire et éthique, sacré et profane [question renouvelée]

Question n°3. Littérature moderne et contemporaine – Un romancier de l’Irak contemporain, Sinān Anṭūn [nouvelle question]

  • AHMAD ‘Adnān Ḥusayn, article sur Waḥdahā šaǧarat al-rummān disponible en ligne, Al-Ḥiwār al-mutamaddin, 23 novembre 2010.
  • ELIMELEKH Geula, “Disintegration and Hope for Revival in the Land of the Two Rivers as Reflected in the Novels of Sinan Antoon”, Oriente Moderno. 2017, 97(2), p. 229-255. Disponible en salle de lecture, au Rez-de-Jardin. Cote: 2 OMO.
  • IBRAHIM Salam, article sur Ya Maryam disponible en ligne, Al-Ḥiwār al-mutamaddin, 8 juillet 2012. [Disponible en ligne en accès libre]
  • MOTYL Katharina, & Mahmoud ARGHAVAN, “Writing against neocolonial necropolitics: literary responses by Iraqi/Arab writers to the US ‘War on Terror’”. European Journal of English Studies, 2018, 22 (2), 128-141. [Disponible en ligne en accès libre]
  • YEBRA José M., “Iraq Wars from the other Side: Transmodern Reconciliation in Sinan Antoon’s The Corpse Washer”. Societies, 2018, 8(3), 79. [Disponible en ligne en accès libre]

Question n° 4. Culture et civilisation médiévale – Les dictionnaires biographiques arabes médiévaux, l’exemple du Wafayāt al-aʿyān d’Ibn Ḫallikān [question renouvelée]

Sur Ibn Ḫallikān, le Wafayāt al-aʿyān, ses manuscrits et ses continuations

Sur le genre des dictionnaires biographiques

Sur l’onomastique arabe

  • BENKHEIRA Mohammed Hocine, « Onomastique et religion, à propos d’une réforme du nom propre au cours des premiers siècles de l’Islam », in: Christian Müller, Muriel Roiland-Rouabah (dir.), Les non-dits du nom. Onomastique et documents en terres d’Islam, Damas-Beyrouth, Presses de l’IFPO,  2013. [Disponible en ligne en accès-libre, au téléchargement sur authentification ]

Questions méthodologique pour l’étude des dictionnaires biographiques

L’historiographie arabe

Études historiques réalisées à partir de dictionnaires biographiques

Question n° 5. Culture et civilisation moderne et contemporaine – De l’émirat au royaume saoudien, les transformations du pouvoir politique dans la péninsule arabique (1891-1953) [question renouvelée]

Textes d’explication

  • مقبل بن عبد الله بن عبد العزيز بن مقبل الذكير، مطالع السعود في تاريخ نجد وآل سعود
    [Accessible en ligne]
  • حافظ وهبة، جزيرة العرب في القرن العشرين، القاهرة، مطبعة لجنة التأليف والترجمة والنشر، الطبعة األولى1935 : ص ٢٤٣(آل سعود( ـ ٣٤٧
    [Accessible en ligne]

Histoire des émirats et du royaume saoudien


Image à la une : détail de la couverture de l’édition arabe du roman Seul le grenadier [وحدها شجرة الرمان] de Sinān Anṭūn

Une bibliographie complémentaire pour préparer l’agrégation d’hébreu 2020

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La liste détaillée des ouvrage conseillés pour préparer le programme de l’agrégation d’hébreu 2020, disponibles à la BULAC, est proposée parmi les bibliographies de cours disponibles sur le catalogue en ligne de la bibliothèque. La bibliographie comporte plusieurs références disponibles en ligne et de nombreux articles de revues, disponibles au format papier ou électronique.

Afin de faciliter la recherche des documents, les articles de périodiques et les ressources en ligne utiles pour la préparation de l’agrégation sont détaillés ici. Pour mémoire, l’accès aux ressources en ligne achetées par la bibiothèque est accessible à distance pour tout lecteur inscrit à la bibliothèque avec l’identifiant et le mot de passe de son compte lecteur. [voir le mode d’emploi]

1. Littérature – Zeruya Shalev, David Grossman.

Ouvrage accessible à partir du fichier papier

  • דוד גרוסמן, עיין ערך : ‘ אהבה ‘, הקיבוץ המאוחד , 1986. [cote : HEB. III. 3213 ]. Pour faire la demande, remplir le formulaire de demande de prélèvement en ligne (exige une connexion avec ses identifiants lecteur)

Revues proposées par la BULAC

  • Gershon Shaked, “The Children of the Heart and the Monster : David Grossman’s See Under : Love”. Modern Judaism, n° 9, mars 1989, p. 311-323. [Disponible en ligne avec authentification]
  • Sokoloff Naomi, “Reinventing Bruno Schulz, Cynthia Ozick’s The Messiah of Stockholm and David Grossman’s See Under : Love”. AJS Review: The Journal of the Association for Jewish Studies, 13/1-2, 1988, p. 171-191. [Disponible en ligne avec authentification]

Articles accessibles en ligne

  • Dossier « Zeruya Shalev – récits de femmes ». Yod, Revue des études hébraïques et juives, n°20, 2015. [Disponible en ligne en accès libre ]
  • Elisa Carandina, « « Comme si j’étais en face de ruines ». Yod, Revue des études hébraïques et juives, n°20, 2015. [Disponible en ligne en accès libre]
  • Iris Milner, « La société israélienne et la Shoah : la perspective de la prose de la deuxième génération», Revue d’histoire de la Shoah, 2016/1, n°184, p. 223-268. [Disponible en ligne en accès libre]
  • Gilead Moragh, «La nouvelle littérature de la Shoah : le roman Voir ci-dessous : amour, de David Grossmann». Revue d’histoire de la Shoah, 2016/1, n°184, p. 269-291. [Disponible en ligne en accès libre]
  • Yigal Schwartz, « A Lamenter in Leopard-print Pants ». Yod, Revue des études hébraïques et juives, n°20, 2015. . [Accessible en ligne]
  • נורית גוברין, חפירות הנפש : ארכיאולוגיה וארכיאולוגים בספרות העברית. האומה ,שנה נ”ב , גליון 198 , 2015 , ע’ 58-87 [Disponible en ligne en accès libre]

Périodiques accessibles dans d’autres bibliothèques parisiennes

  • Gilead Moragh, “Israel’s new Literature of the Holocaust: the case of David Grossman’s See Under: Love“. Modern Fiction Studies, vol. 45, n° 2 (Summer 1999), p.457-479. [voir les bibliothèques détentrices dans le Catalogue du Système Universitaire de Documentation]
  • Naomi Sokoloff, “The Holocaust and the discourse of childhood: David Grossman’s See Under: Love“. Hebrew Annual Review, 11, 1987, p. 387-406. [voir les bibliothèques détentrices dans le Catalogue du Système Universitaire de Documentation]

2. Civilisation – Juifs ashkénazes et Juifs ‘orientaux’ en Israël, des années 1950 à l’aube du XXIe siècle

Revues proposées par la BULAC

Articles et autres travaux accessibles en ligne

  • William Berthomière, « Croissance urbaine et immigration : le cas des villes de développement en Israël ». L’Information géographique, vol. 67, n° 2, 2003, pp. 134-150. [Disponible en ligne en accès libre]
  • Gabriella Djerrahian, « Le discours sur la blackness en Israël. Évolution et chevauchement ». Ethnologie française, n°30/1, 2015, p. 67-84. [Disponible en ligne en accès libre]
  • Ilan Greilsammer, « Réflexions sur l’identité israélienne aujourd’hui ». Cités :philosophie, politique, histoire, n° 29/1, 2007, p. 39-48. [Disponible en ligne en accès-libre]
  • Lily Perlemuter, « Appartenance et exclusion dans l’oeuvre de Dudu Busi ». Yod, Revue des études hébraïques et juives, n°14, 2009, p. 123-137. [Disponible en ligne en accès-libre]
  • Myriam Charbit, « La revanche d’une identité ethno-religieuse en Israël : la percée du parti Shas entre construction identitaire séfarade-haredi et dynamiques clientélistes ». Thèse de science politique soutenue en 2003 à l’université Montesquieu – Bordeaux IV, 2003. [Disponible en ligne en accès-libre]
  • Nissim Leon, articles [Accessible en ligne]
  • Avi Picard, « Les Juifs des pays arabes en Israël ». Conférence donnée au Musée d’art et d’histoire du judaïsme en 2015. [Disponible en ligne en accès-libre]

Périodiques et ouvrages accessibles dans d’autres bibliothèques parisiennes

3. Linguistique – Grammaire et réalité linguistique

Ouvrages et revues proposés par la BULAC

Articles accessibles en ligne

רינה בן שחר, היחס בין לשון דיבור ללשון כתב בסיפורת הישראלית של שנות השמונים , העברית שפה חיה  ,עורכים ע . אורנן , ר . בן שחר , ג . טורי, חיפה ,אוניברסיטת חיפה, ,1993 עמודים 163-174.

[Disponible en ligne en accès-libre]

Ouvrages accessibles dans d’autres bibliothèques parisiennes

Hébreu classique (Bible)

Ouvrages et revues proposés par la BULAC


Image mise en avant : détail de la couverture de l’édition en langue originale de Zeruya Shalev, Thèra.


La bibliothèque de l’Université francophone Senghor d’Alexandrie

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Le jeudi 20 juin 2019, Raghda Farid, bibliothécaire de la bibliothèque de l’Université francophone Senghor d’Alexandrie, présentait son établissement lors d’un Jeudi de formation de la BULAC, à l’issue d’un stage mené au sein de plusieurs bibliothèques parisiennes, dans le cadre de son Diplôme Universitaire en Sciences de l’Information et des Bibliothèques (DUSIB)1. Elle nous ouvre ici les portes de son institution.


Le 20 juin 2019 à la BULAC, Raghda Farid présente la bibliothèque de l’Université Senghor d’Alexandrie. Maxime Ruscio / BULAC.

L’Université Senghor à Alexandrie

Université Senghor, Alexandrie, Égypte

Opérateur direct de la Francophonie, l’Université Senghor est une université internationale de langue française au service du développement africain. Implantée à Alexandrie et sur dix autres campus en Afrique et en Europe, elle offre des masters spécialisés répondant à des besoins de renforcement de compétences des cadres pour le développement de l’Afrique.

Forte d’un réseau, sans équivalent dans le monde, de plus de 150 professeurs et experts, venant de tout l’espace francophone, ainsi que de ses collaborations avec de grandes institutions et organisations internationales, l’Université Senghor délivre des formations d’excellence, adaptées au contexte africain, à travers une pédagogie active centrée sur l’accompagnement de l’étudiant ou de l’agent en formation.

Le 20 juin 2019 à la BULAC, Raghda Farid présente la bibliothèque de l’Université Senghor d’Alexandrie. Maxime Ruscio / BULAC

À travers ses quatre départements – culture, environnement, management et santé -, se déclinent neuf spécialités : gestion de projets, gouvernance et management public, gestion du patrimoine culturel, gestion des industries culturelles, gestion de l’environnement, gestion des aires protégées, santé internationale et politiques nutritionnelles.

La Bibliothèque de l’Université Senghor

La Bibliothèque de l’Université Senghor à Alexandrie a pour mission principale d’enrichir un fonds documentaire venant en appui aux enseignements dispensés. Sa politique documentaire correspond aux besoins des étudiants et du public spécialisé qui effectue des recherches dans les domaines de l’économie, la finance, l’administration, la gestion de projets, l’environnement, les médias, le patrimoine culturel, le développement international, la nutrition et la santé. Elle a aussi comme mission de démocratiser l’accès aux livres pour les étudiants et de promouvoir l’autonomie des usagers.

La bibliothèque met à la disposition de son public des livres, des mémoires, des périodiques, des magazines et des rapports qui peuvent être empruntés. Des cédéroms et DVD sont également disponibles mais réservés à la consultation sur place.

Les collections de la bibliothèque reflètent la pluralité des disciplines enseignées. Elles sont constituées de 16 000 monographies (livres, rapports annuels, statistiques, etc.), 1 728 mémoires de stage soutenus à l’Université, 146 titres de périodiques dont 39 abonnements en cours (papier et en ligne) – les abonnements en cours sont en libre accès et les anciens numéros sont conservés dans le magasin et consultables sur demande -, 300 documents multimédia et des bases de données en libre accès et sous licence. Les choix d’acquisitions se fondent principalement sur les demandes des professeurs associés à l’université et des chefs de département.

Les monographies de la BU, toutes en libre-accès, sont classées selon deux systèmes : le Macrothésaurus de l’OCDE, pour les domaines des sciences économiques, de l’environnement et de la santé, ainsi que pour les généralités, et le Thésaurus de l’UNESCO, pour les ouvrages sur le patrimoine culturel et les médias.

Pour mener à bien ses missions, la bibliothèque dispose de trois agents qui travaillent à temps plein, la directrice de la bibliothèque, une bibliothécaire ainsi qu’une bibliothécaire assistante.

Le public de la bibliothèque est majoritairement constitué d’étudiants de l’université. Tous les deux ans, l’université accueille une nouvelle promotion de 160 à 200 étudiants venant de 25 pays africains différents. Viennent ensuite les professeurs associés de l’université ainsi que toute personne intéressée par les collections de la bibliothèque.

Services sur place

Si la bibliothèque a comme mission principale de démocratiser l’accès aux livres pour les étudiants, de promouvoir l’autonomie des usagers et de les orienter directement vers le catalogue, qui est le point d’entrée de la bibliothèque, elle dispose d’un service de renseignement pour répondre à leurs besoins, les assister dans leurs recherches documentaires et effectuer les emprunts de documents.

Au début de l’année universitaire, la bibliothèque propose aux étudiants une visite de 30 minutes dans l’objectif de leur faire connaître les différents services qu’elle offre. Un guide de la bibliothèque est mis à la disposition de chaque étudiant, qui décrit les différents services de la BU.

La bibliothèque organise pour les étudiants des ateliers ayant pour but de faciliter l’accès aux documents et aux ressources électroniques. Les étudiants assistent à une séance de formation « Recherche dans le catalogue et usage du portail » qui a pour but de les initier à utiliser le portail, à effectuer une recherche dans le catalogue et à trouver les livres en rayon. Ils assistent aussi à une séance de formation pour maîtriser l’usage des ressources électroniques de la BU. La bibliothèque offre également des séances de formation « Zotero ». L’université dispose d’une salle de formation où elle anime ces ateliers.

Le 20 juin 2019 à la BULAC, Raghda Farid présente la bibliothèque de l’Université Senghor d’Alexandrie. Maxime Ruscio / BULAC
Les étudiants de l’Université Senghor

Depuis 2017, la nouvelle direction de l’Université a impulsé une nouvelle dynamique pour la bibliothèque. Celle-ci n’a plus pour seule vocation d’être un lieu pour la documentation : elle est aussi un lieu de convivialité et d’activités. La BU a ainsi commencé à animer des activités culturelles et à avoir un rôle culturel. Elle célèbre quelques journées internationales – comme la Journée internationale des femmes et la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes -, anime des tournois de scrabble, organise des ateliers d’écriture, des conférences-débats ainsi que des projections de films. L’action culturelle de la BU est diffusée sur la page Facebook de l’Université Senghor.

Plan de la bibliothèque de l’Université Senghor d’Alexandrie

La bibliothèque occupe environ 400 m² au huitième étage. Dès l’entrée, se trouve un espace comprenant la banque de prêt où s’effectuent les transactions de prêts, de retours et de prolongations des documents. En face du bureau d’accueil se trouvent les casiers dans lesquels les étudiants déposent leurs affaires. À gauche se trouve l’espace presse comprenant un présentoir réparti en sept rubriques : journaux, magazines et périodiques concernant les quatre départements. La salle de lecture est une alternance de trois espaces de travail et de trois ensembles de rayonnages.

Le premier groupe de rayonnages comporte les références et les mémoires, tandis que le second et le troisième regroupent les ouvrages de la bibliothèque. En face du second espace de travail, se trouve le bureau de la bibliothécaire et en face du troisième espace de travail se trouve la salle de recherche en ligne où les étudiants peuvent effectuer leurs recherches dans le catalogue. Au fond de la bibliothèque, se trouve le bureau de la directrice de la bibliothèque.

Services en ligne

La bibliothèque dispose d’un portail à partir duquel les étudiants consultent le catalogue, accèdent aux ressources numériques et aux autres services en ligne, à des informations pratiques présentées aux usagers tels que le guide, le règlement de la bibliothèque, une FAQ regroupant les questions les plus souvent posées avec leurs réponses. Les étudiants disposent d’un compte lecteur à partir duquel ils peuvent prolonger leurs emprunts et réserver des documents. Le portail est adapté à la navigation mobile et tablette « responsive design ».

La bibliothèque offre aux étudiants de l’Université Senghor à Alexandrie deux services en ligne à partir du portail : « Laisser un mot dans la boîte à idées » et « Suggestions d’achat ». « Laisser un mot dans la boîte à idées » est un formulaire à partir duquel les usagers peuvent partager leurs idées, besoins, avis sur des lectures, commentaires et points de vue sur n’importe quelle idée ou concept. Quant aux « Suggestions d’achat », il s’agit d’un formulaire à partir duquel les étudiants peuvent proposer des ouvrages pour la BU.

La BU offre le service numérique « Interroger un bibliothécaire », destiné uniquement aux auditeurs des campus. C’est un service d’information et de renseignement à distance, dont l’objectif est de répondre aux besoins des auditeurs qui, étant à distance, ne peuvent pas fréquenter la bibliothèque. Le service offre la possibilité de fournir des documents et de répondre à toute question en matière de recherche documentaire ou relative à un renseignement ou une information.

Fortes de leurs savoir-faire respectifs et de leurs spécificités, la bibliothèque de l’Université Senghor et la BULAC souhaitent approfondir leur collaboration, amenée à être formalisée dans une convention.

  1. Le DUSIB est un diplôme universitaire en partenariat international, pouvant être obtenu via une formation à distance, conjointement développé par l’Université Senghor d’Alexandrie, l’École Nationale Supérieure des Sciences de l’Information et des Bibliothèques (Enssib), la Bibliotheca Alexandrina (BA) et la Bibliothèque nationale de France (BnF).

Les données personnelles dans la recherche scientifique : une enquête de la CNIL auprès des chercheurs

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Chercheurs, cette consultation publique de la CNIL s’adresse à vous ! 

Si vous souhaitez y voir plus clair sur les modalités d’application de la RGPD à vos recherches, si vous cherchez à publier vos données de recherche mais êtes indécis sur la façon de traiter les données personnelles que vous avez collectées, cette enquête est pour vous. N’hésitez pas à y répondre, afin de “permettre une meilleure compréhension des traitements de données personnelles dans la recherche scientifique, clarifier le cadre juridique applicable et concevoir des fiches pratiques adaptées” – ces dernières étant très attendues !

Qu’est-ce qu’une donnée sensible ? Combien de temps conserver des données personnelles ? Quels sont les droits des personnes ?…. La CNIL fournit dès maintenant un bref guide du Régime juridique applicable aux traitements poursuivant une finalité de recherche scientifique (hors santé).

Et pour approfondir dès maintenant la question, ne passez pas à côté du très bon carnet “Questions Ethique et Droit en SHS“, hébergé sur Hypothèses.org, qui propose des billets et des fiches sur, entre autres sujets, le traitement des données à caractère personnel : que faire lorsqu’on enregistre une œuvre issue de la tradition orale ? Un chercheur peut-il consulter des fonds comportant des données personnelles ?… 

La consultation publique de la CNIL auprès des chercheurs sur les traitements de données à des fins de recherche scientifique est en ligne jusqu’au 30 septembre 2019.

Image : Pixabay, CC0

Calendrier et inscription aux formations pour les chercheurs (octobre-décembre 2019)

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Grégoire Maisonneuve / BULAC

Découvrez le programme de formation de la BULAC, Les Midis de la recherche, des ateliers tout au long de l’année universitaire.

Au programme, des formations pour mieux connaître la publication scientifique en accès ouvert, en savoir plus sur les données de la recherche, maîtriser son identité numérique ou encore des ateliers pratiques pour déposer dans HAL…

Comme chaque année, la BULAC participe aussi à l’Open Access Week, rendez-vous international autour de l’accès ouvert.

Ces formations s’adressent à tous les chercheurs (enseignants, doctorants, jeunes docteurs, etc.). Venez nombreux !

Formulaire d’inscription : cliquez ici

CALENDRIER

▶ Mardi 1 octobre, de 11h30 à 13h, TOUT SAVOIR SUR HAL !, salle RJ. 24

▶ Vendredi 4 octobre, de 12h à 14h, PRENDRE EN MAIN HAL, salle RJ. 21

▶ Mercredi 16 octobre, de 12h à 13h, DÉPOSER, SIGNALER, DIFFUSER SA THÈSE, salle RJ. 21

▶ Mercredi 6 novembre, de 12h à 14h, PRENDRE EN MAIN HAL, Salle RJ. 21

▶ Mardi 3 décembre, de 12h à 13h30, TOUT SAVOIR SUR HAL !, Salle RJ. 24

▶ Mercredi 4 décembre, de 12h à 14h, PRENDRE EN MAIN HAL, Salle RJ. 21

 

▶ Mardi 10 décembre, de 12h à 13h30, IDENTITÉ NUMERIQUE DU CHERCHEUR ET RÉSEAUX SOCIAUX ACADÉMIQUES, Salle RJ. 21

OPEN ACCESS WEEK 2019

▶ Lundi 21 octobre, de 11h30 à 13h, TOUT SAVOIR SUR HAL !, Salle RJ. 23

▶ Mercredi 23 octobre, de 12h à 13h30, INITIATION AUX DONNÉES DE LA RECHERCHE, Salle RJ. 24

▶ Vendredi 25 octobre, de 12h à 13h30, CHERCHER, PUBLIER AVEC l’OPEN ACCESS Salle RJ. 21

 

Une question ? enseignement-recherche@bulac.fr

VivAmericas ! Du Grand Nord à la Terre de Feu

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Ce billet prolonge l’exposition présentée au rez-de-jardin de la BULAC du 3 septembre au 4 octobre 2019. Celle-ci met à l’honneur le patrimoine culturel immatériel des Amériques à l’occasion de l’Année internationale des langues autochtones. Le billet et l’exposition ont été préparés par Cristina Dutertre et Juliette Pinçon, avec la contribution de chercheurs spécialistes des langues de l’Arctique nord-américain, de la Mésoamérique et d’Amérique du Sud. Marc-Antoine Mahieu, Karla Aviles, Marie Chosson, César Itier, Ana Doldan, Joaquín Ruiz Zubizarreta et Capucine Boidin sont chaleureusement remerciés pour leurs éclairages respectifs sur ces langues et leurs dynamiques actuelles et pour leurs riches commentaires sur l’exposition.


Diversité linguistique

L’exposition offre un focus inédit sur les collections du domaine Amérique et Groenland de la BULAC, qui couvre une dizaine de langues dont l’inuktitut (Nunavik et Nunavut, en Arctique oriental canadien), le nahuatl (Mexique central), le maya (sud du Mexique, Guatemala, Bélize), le quechua (régions andines allant du sud de la Colombie au nord-ouest de l’Argentine, en passant par l’Équateur, le Pérou et la Bolivie), et le guarani (Paraguay, Brésil, Bolivie, Argentine), enseignées à l’Inalco.

Elle s’ouvre sur la présentation d’outils linguistiques (grammaires, dictionnaires et livres de prières) produits par des linguistes et missionnaires. Le visiteur peut tout d’abord découvrir une grammaire quechua, la Breve instruccion o arte para entender la lengua comun de los Indios, publiée à Lima en 1753. Attribuée au missionnaire jésuite Tomas Nieto Polo (1695-177.), elle était destinée à enseigner aux prêtres la langue parlée dans la province de Quito.

Le document exposé à ses côtés est un livre de prières rare et exceptionnel – l’un des deux seuls manuscrits en quechua connus – , offert à la BULAC par César Itier, enseignant de quechua à l’Inalco.

Le manuscrit Quincenario deprecatorio a la santísima Virgen María de la Merced rassemble quinze prières relatant des miracles, des bienfaits et des apparitions de la Vierge de la Merci, dont le culte fut propagé par l’ordre des mercédaires. Rédigé entièrement en quechua, hormis la page de titre et les annotations, il a été copié en 1835, probablement à partir d’un original de la première moitié du XVIIe siècle. Ce document présente un intérêt notable pour l’histoire de la langue et de l’anthropologie historique. Beaucoup de circonstances concrètes de la vie sont présentes dans les prières, notamment des histoires de naufrage en Méditerranée, avec tout un vocabulaire inédit.

César Itier, enseignant de quechua à l’Inalco


Le quechua est une famille de langues parlées du sud de la Colombie au nord-ouest de l’Argentine, en passant par l’Équateur, le Pérou et la Bolivie, qui présente une très grande diversité dialectale. On compte 6,5 millions de locuteurs, dont 4 millions au Pérou. La vitalité du quechua s’illustre à travers diverses initiatives telles que le journal télévisé entièrement en quechua de l’Équateur Willaycuna, diffusé sur la chaîne Ecuador TV, ou des productions cinématographiques originales comme Retablo, film péruvien filmé à 95% en langue quechua, réalisé par Alvaro Delgado-Aparicio en 2017.

César Itier, enseignant de quechua à l’Inalco

Collections de la BULAC, cote 62 891.2 LAN.

À découvrir dans les collections de la BULAC : Aqupampa, de Pablo Landeo Muñoz, premier roman paru en quechua en 2016 et lauréat 2018 du prix national pour une œuvre en langue originaire du Ministère de la culture du Pérou, qui s’intéresse à l’expérience des migrants indiens des Andes vivant à Lima entre 1970 et 2000 ; Atuqpa chupan (« la queue du renard », en référence à la grande sagesse attribuée à cet animal dans les Andes), revue littéraire et académique entièrement écrite en quechua.


L’exposition présente ensuite un dictionnaire espagnol-guarani.

Le père Antonio Ruiz de Montoya (Lima 1585 – Lima 1652), jésuite envoyé au Paraguay, linguiste, est resté vingt-cinq ans dans les missions avant de se rendre en Espagne avec ses notes détaillées et une connaissance approfondie de la langue guarani. Arte y Bocabulario de la lengua guarani et le Tesoro de la lengua guarani sont publiés à Madrid en 1640 et 1639.

Le Bocabulario est un dictionnaire espagnol-guarani d’environ 10 000 articles. Le Tesoro est un richissime dictionnaire guarani-espagnol inspiré des trésors monolingues qui commençaient à voir le jour en Europe comme celui de Sebastián de Covarrubias, le Tesoro de la lengua castellana o española de 1611. La riche phraséologie qui illustre chacune des presque 5 500 entrées du dictionnaire, constitue le vrai « trésor » de Montoya.

Le document exposé est un exemplaire de l’édition brésilienne du XIXe siècle, quand, poussé par le vent du nationalisme impérial, s’imposa lentement le nom « tupi » qui finit accolé à celui de « guarani » dans le titre du dictionnaire de Montoya. Cette dichotomie guarani/tupi n’est probablement pas purement linguistique, mais historiquement et géopolitiquement située (Boidin 2017).

Ana Doldan, masterante en sociologie à l’IHEAL et étudiante de guarani à l’Inalco,
Joaquín Ruiz Zubizarreta, doctorant en anthropologie sociale et ethnologie à l’EHESS (LAS),
Capucine Boidin, anthropologue, enseignante de guarani à l’Inalco


Parlez-vous le guarani sans le savoir ? S’il vous arrive d’avoir recours aux termes « pétuner », « jaguar », ou « acajou », vous utilisez des mots entrés dans la langue française issus du contact avec le guarani, ensemble dialectal de la famille tupi-guarani. Il s’agit d’une famille de langues indigènes mais dont certaines variantes sont parlées par une population non-Indienne dans l’actualité. Les différentes variantes du guarani sont parlées actuellement par environ 8 millions de locuteurs dans la région du Cône sud, notamment au Brésil, au Paraguay, en Argentine et en Bolivie. Le guarani est langue officielle en Bolivie (Décret suprême N°25 894 du 11 septembre 2000), dans la province argentine de Corrientes (Ley Provincial Nº 5598 de 2004), ainsi qu’au Paraguay, depuis la modification de la Constitution de 1992. Au Paraguay, il est courant de distinguer trois variantes : le guarani jésuite, aujourd’hui éteint, écrite et parlée à l’époque coloniale (1632-1767) ; le guarani parlé par les populations indigènes : Mbya, Aché, Paî Tavytera, entre d’autres ; enfin, le guarani paraguayen, variante enseignée à l’Inalco, dont on estime qu’elle est parlée par 77% de la population du pays (Censo 2002) et que les langues les plus parlées dans les foyers sont à 40% le guarani, guarani et espagnol ensemble à 30% et espagnol 26,5% (EPH-DGEEC : 2017).

Néanmoins, la taxonomie statistique officielle cache la complexité du débat actuel en sciences sociales et sciences du langage : des monolingues guarani ou espagnol castillan existent-ils encore ?, après cinq siècles de contact ? Pourquoi le Paraguay est constitutionnellement un pays « pluriculturel et bilingue » alors que 17 autres langues sont parlées dans le territoire ? Qu’est-ce que le jopara, ou mélange de langues, tantôt décrit comme « ni guarani ni espagnol », « mélange guarani-espagnol » ou « troisième langue » ? Le locuteur se situe, en fonction des variables sociolinguistiques, dans un « un continuum entre deux pôles (espagnol/guarani) et une ample frange, le jopara, situé au centre » (Boidin 2011: 98). Le jopara est un objet de discussion central dans les problématiques actuelles autour du bilinguisme et des politiques linguistiques. Elles dépassent même le champ académique et font l’objet d’un débat de société, notamment après la Loi de Langues de 2011 et la création de l’Académie de la Langue Guarani. Différentes postures s’opposent dans le débat sur la normalisation de la langue : quel guarani adopter comme référent, un guarani académique (guarani de chaise d’école, ou guarani apyka, « chaise »), scolaire, un guarani écrit ou parlé dans la rue, un guarani mélangé ou un guarani « pur », sans élément issu de l’espagnol ? Dans tous les cas, la production de discours et d’objets culturels en guarani dit paraguayen est revue à la hausse, qu’elle soit écrite (BD, poésie, romans, traductions comme la célébrissime BD « Mafalda » traduite en guarani) et/ou audiovisuelle (chansons, films).

Ana Doldan, masterante en sociologie à l’IHEAL et étudiante de guarani à l’Inalco,
Joaquin Zubizarreta, doctorant en anthropologie sociale à l’EHESS (LAS),
Capucine Boidin, anthropologue, enseignante de guarani à l’Inalco

Collections de la BULAC, cote 62 891.4 ZAR.

À découvrir dans les collections de la BULAC : Kalaíto pombéro, premier roman écrit en guarani par Tadeo Zarratea en 1981, dans une version guarani-espagnol parue en 2012, qui narre l’histoire d’un mouvement de paysans sans-terre ; Amandayvi, une anthologie de poésie espagnol-guarani sélectionnée par Susy Delgado, poète et écrivain en espagnol et en guarani.


Un Vocabulaire de la langue tzotzil, compilé au XIXe siècle par le philologue français Hyacinthe de Charencey (1832-1916), permet ensuite d’explorer cette langue du groupe tzeltal-chol de la famille des langues mayas, parlé dans les hauteurs de l’État mexicain du Chiapas.


Collections de la BULAC, cote BIULO P.I.9.

La famille de langues mayas regroupe aujourd’hui une trentaine de langues (30 langues toujours en usage, 2 éteintes). Les locuteurs de ces différentes langues, près de 5 millions au total, sont originaires du Sud-est du Mexique (des États du Chiapas, Tabasco, Campeche, Yucatan ou Quintana Roo), du Guatemala ou encore du Belize. Il faut cependant noter que le nombre de locuteurs par langue est fortement contrasté. Ainsi la langue k’iche est parlée par près d’1,3 million de personnes alors que l’itza n’est parlée que par moins de 30 personnes. Enfin, à ces langues toujours en usage peut également être ajouté le cholan classique, langue de prestige utilisée, jusqu’au XVIe siècle, dans le système d’écriture maya précolombien.

Carte de la distribution actuelle des langues mayas. Tirée de la thèse de Daniel Aaron Law et basée sur les cartes de England (1994), Richard (2003 et Brown et Witschey (2008).

En raison de l’importance de la langue espagnole pour la mobilité sociale, la grande majorité des locuteurs de langues mayas sont aujourd’hui bilingues. Alors que pendant longtemps, l’usage de la langue vernaculaire était peu valorisé car sujette à discrimination, son usage est désormais, la plupart du temps, non seulement courant dans la vie quotidienne, mais aussi dans les institutions publiques, ou dans les plans de communication et la diffusion de messages publicitaires de grandes entreprises. Si ces dernières décennies ont vu se développer la publication de recueils de tradition orale ou de poésie rédigés par des auteurs indigènes, les locuteurs de langues mayas, qui jusqu’ici n’avaient que peu d’occasions de les utiliser à l’écrit, ont trouvé dans les réseaux sociaux un espace sur lequel ils n’hésitent plus à échanger dans leur langue. Le dynamisme de l’usage de ces langues se retrouve également dans d’autres genres de l’oralité, notamment celui de la production de chants, qui rencontrent un succès important auprès des jeunes. De plus en plus de jeunes artistes écrivent ainsi, en langues mayas, des morceaux, le plus souvent dans les genres musicaux contestataires que sont le rock ou le hip hop, qui leur permettent d’exprimer certaines revendications ou plus simplement leur attachement à leur identité indigène.

Marie Chosson, ethnolinguiste, spécialiste du maya tseltal à l’Inalco


La langue inuit est mise à l’honneur à travers un livre de prières à l’usage des Inuit du vicariat du Labrador, traduit et transcrit en écriture syllabique inuktitut par le père Lucien Schneider, prêtre catholique qui s’est établi dans l’Arctique canadien comme missionnaire à la fin des années 1930. Connu des Inuit comme Ijautilialuk ou Ataatatsiaq, il est l’auteur d’une œuvre linguistique remarquable et d’outils lexicaux et grammaticaux essentiels pour la connaissance de l’inuktitut.


L’inuktitut est la langue des Inuit de l’Arctique oriental canadien. Elle est parlée sous la forme de nombreux dialectes au Nunavut (territoire autonome de la confédération canadienne), au Nunavik (Québec arctique), au Nunatsiavut (Labrador arctique), et dans les grandes villes du Sud canadien. Le recensement canadien de 2016 a dénombré 36 185 locuteurs d’inuktitut. Malgré sa situation enviable par rapport aux autres langues autochtones du Canada, l’inuktitut fait face à une situation de diglossie et de bilinguisme soustractif au profit de l’anglais. Le patrimoine culturel inuit est d’une immense richesse, mais son oralité foncière le rend fragile dans le contexte mondial actuel.

Marc-Antoine Mahieu, linguiste, enseignant d’inuktitut à l’Inalco

Collections de la BULAC, cote
BIULO COL.1795(4).

À découvrir dans les collections de la BULAC : l’édition originale de Sannaq, premier roman inuit canadien, écrit par Mitiarjuk Nappaaluk’s (1931–2007), femme inuite née en 1931 dans la région de Kangiqsujuaq, au Nunavik. Ce roman raconte la vie d’un petit groupe de familles inuit semi-nomades, avant et après l’arrivée des premiers Blancs, dans le Nunavik. Il a été traduit en français en 2002 et en anglais en 2014.


Du Grand Nord à la Terre de Feu… L’exposition dévoile un livre de gospel traduit en yaghan par le missionnaire anglican Thomas Bridge (1842-1898) à la fin du XIXe siècle. Parti en mission en Patagonie, Thomas Bridge s’intéresse particulièrement à cette langue, dont il produit également un dictionnaire. Le yaghan figure parmi les langues actuellement les plus menacées.


Contes et devinettes

Vecteurs de la tradition orale, les livres de contes et de devinettes facilitent l’apprentissage de la langue et contribuent à rendre la culture autochtone accessible à un large public.

Exposition « VivAmericas ! Du Grand Nord à la Terre de Feu ». Photo : Maxime Ruscio / BULAC

L’exposition présente un exemplaire des Fantásticas aventuras del atoj y el diguillo de Manuel Robles Alarcón (1916-1988), figure de l’indigénisme littéraire andin. Inspirées de la tradition orale de la région d’Apurímac au Pérou, ces fables en espagnol illustrent la circulation des contes d’animaux depuis l’Occident et leur transformation au contact de l’héritage autochtone.

Le lecteur suit les aventures de deux personnages, le renard (atoq ou atoj), devenu Don Antonio, et le rat (hucucha), devenu Don Diego ou el Diguillo, qui portent poncho et ojotas (sandales faites avec des pneus de camion), parlent la langue quechua et sont superstitieux. Là où le renard incarne en Occident la ruse et la duperie, il joue ici le rôle d’anti-héros victime de sa stupidité. Conçue pour le plaisir et l’édification des enfants du Pérou et du monde entier, cette œuvre contribue à la transmission d’un « véritable joyau de la littérature orale autochtone » (Manuel Robles Alarcón).

Les fables de Manuel Robles Alarcón voisinent avec un conte et un livre de devinettes nahuatl traduits par le socio-linguiste mexicain José Antonio Flores Farfán, promoteur de la langue et de la culture nahuatl. Leurs illustrations très colorées sont l’œuvre de l’artiste et linguiste nahuatl Ceofas Ramírez Celestino.

La sirena y el pescador (La sirène et le pêcheur) est un conte traditionnel du Mexique, écrit dans la langue nahuatl de San Agustín Oapan. Le conte narre les aventures d’un jeune garçon offert en sacrifice à une sirène, en échange de la libération de son père. Parvenant à s’échapper grâce à l’aide de sa sœur, le héros connaît ensuite une série de péripéties, aux prises avec la nature. Imprégné de la mythologie et des valeurs nahuatl, le conte célèbre la nature et la justice.

Collections de la BULAC, cote BULAC MON 8 5632.

Zazan tleino est un livre de devinettes nahuatl en version quadrilingue (nahuatl, espagnol, anglais et français). L’ouvrage contribue à la promotion de la langue nahuatl et permet aux enfants et aux étudiants d’intégrer de manière facile et ludique le vocabulaire du quotidien. Certaines devinettes se rapportent à la vie de tous les jours tandis que d’autres énigmes sont plus philosophiques.

Collections de la BULAC, cote BULAC MON 4 6526.

Les langues nahuas contemporaines sont parlées par environ 2 millions de locuteurs qui résident principalement au Mexique central et oriental. Il s’agit du groupe linguistique d’origine mésoaméricaine le plus important en termes numériques. Souvent associé à l’empire mexica ou aztèque (locuteurs du nahuatl), il est très hétérogène depuis la période précolombienne. Si les communautés nahuas contemporaines sont les plus nombreuses dans la région, elles ont la particularité de constituer un groupe très hétérogène, réparti dans un peu plus de 8000 localités, elles-mêmes situées dans seize États (départements mexicains). L’Institut National des Langues Indigènes recense ainsi au moins 30 variantes ou langues nahuas (INALI 2010 : 29). Cette vaste diversité géolinguistique, à l’heure de la globalisation, s’exprime par exemple dans le cyberespace à travers une multiplicité de genres communicatifs (récits, rituels, conversations, etc), ainsi que dans des projets pédagogiques en langues autochtones qui mettent l’accent sur les défis des politiques linguistiques officielles.

Karla Aviles, anthropologue linguiste, enseignante de nahuatl à l’Inalco


Musiques et chants

La collecte et la diffusion des chants traditionnels participent à la valorisation d’un patrimoine musical riche et diversifié.

Exposition « VivAmericas ! Du Grand Nord à la Terre de Feu ». Photo : Maxime Ruscio / BULAC

Le visiteur peut découvrir une compilation de chants inuit, un recueil d’hymnes en quechua et un recueil de chants en aymara.

La publication Inuit songs from Eskimo point du Musée national de l’homme – aujourd’hui Musée canadien des civilisations – constitue une importante contribution à la connaissance de la musique traditionnelle des Inuit. Elle rassemble 41 chants collectés et transcrits par l’ethnomusicologue Ramón Pelinski (1933-2015), en collaboration avec deux chercheurs inuit. Trois genres sont représentés : les chants personnels, les chants d’animaux et les jeux vocaux. Le disque 33 tours adjoint à la publication permet d’écouter dix de ces chants, enregistrés dans les villages de Rankin Inlet et d’Eskimo Point entre 1975 et 1977. Les transcriptions musicales sont accompagnées d’un texte en inuktitut publié en caractères syllabiques.

Au milieu du XXe siècle, Jorge Arístides Lira (1912-1984), linguiste et folkloriste spécialiste de la langue quechua, œuvre activement pour la préservation de la tradition orale andine, initiant une entreprise de collecte de chants sacrés dans les paroisses du sud du Pérou. Les Himnos sagrados de los Andes – recueil de chants en deux volumes – compilent des hymnes dédiés à Jésus et à la Vierge Marie en langue quechua, avec une notation musicale harmonique et mélodique. Ils portent le témoignage de l’expression de la foi chrétienne dans les Andes du sud, façonnée par la culture andine.

L’ouvrage Qala chuyma – recueil bilingue de chants traditionnels en aymara-espagnol – réunit 25 chansons de q’axilu, expression musicale et dansée dans la région de Puno au Pérou. Ce document a été édité dans les années 1980, dans le cadre d’un projet expérimental d’éducation bilingue à destination des communautés aymaras et quechuas de cette région.


Médecine et botanique

Le patrimoine immatériel s’étend au champ des connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers, parmi lesquelles la connaissance des plantes médicinales et ses utilisations pratiques.

Exposition « VivAmericas ! Du Grand Nord à la Terre de Feu ». Photo : Maxime Ruscio / BULAC

À l’époque moderne, la découverte européenne de plantes indigènes inconnues change les pratiques et conceptions médicales en Europe. Cette appropriation de la pharmacopée indigène s’illustre ici à travers le traité du médecin sévillan Nicolás Monardes (1493-1588). Son Histoire médicinale des Indes occidentales, originellement parue en espagnol entre 1565 et 1574, décrit les remèdes pouvant être administrés à partir des espèces importées d’Amérique. Ce traité constitue la deuxième partie de l’Histoire des drogues espiceries, sur les usages médicinaux des fruits, plantes et arbres des Amériques et d’Asie, traduite en français et imprimée à Lyon en 1602 et 1619.

La medicina popular peruana est un traité sur la médecine péruvienne, publié en trois volumes à Lima en 1922. Le médecin péruvien Hermilio Valdizán Medrano (1885-1929) aborde dans le second volume les procédés thérapeutiques, mettant l’accent sur la flore médicinale. Chaque plante fait l’objet d’un bref historique suivi d’une description de ses usages populaires.

L’exposition présente également un ouvrage sur les plantes médicinales de la région de Nazca (Pérou), illustré par des aquarelles d’Olivia Sejuro. L’artiste, poète et chercheuse péruvienne a consacré sa carrière à la reproduction d’environ 400 espèces botaniques, afin de faire connaître et préserver ce patrimoine végétal. Quatre de ses aquarelles illustrent des timbres péruviens.


Textiles et tissus

L’Amérique latine est riche d’une tradition textile séculaire. La transmission des savoir-faire liés à cet artisanat traditionnel représente un enjeu identitaire, social et culturel important.

Exposition « VivAmericas ! Du Grand Nord à la Terre de Feu ». Photo : Maxime Ruscio / BULAC

L’ouvrage Tintes naturales para lana de oveja compile des techniques de fabrication de teintures naturelles au Pérou. Il a été réalisé dans les années 1970 par l’artiste textile suisse Hugo Zumbühl, dans le cadre de son travail au sein d’une association coopérative d’artisanat d’art dans les Andes péruviennes nommée Kamaq Maki (« mains créatives » en quechua). Il explique notamment comment obtenir des couleurs différentes à partir de la végétation locale. Les échantillons présents dans le document (mordants, insectes séchés, plantes et laine teinte) rendent sa lecture concrète et vivante.

L’État de Puebla, au cœur du Mexique, est réputé pour son artisanat de grande qualité, qui remonte à l’époque pré-colombienne. L’exposition présente deux catalogues iconographiques de motifs pour les textiles. Ces documents offrent un témoignage de la richesse de la tradition de tissage et de broderie dans la région et du nouvel intérêt pour les motifs traditionnels dans la population.


Pour aller plus loin :

Photo : Maxime Ruscio / BULAC
Citer ce billet : Juliette Pinçon, "VivAmericas ! Du Grand Nord à la Terre de Feu," dans Le Carreau de la BULAC, 19 septembre 2019, https://bulac.hypotheses.org/19150. Consulté le 19 septembre 2019

Les humanités numériques au service des études arméniennes : le partenariat Calfa – BULAC

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En collaboration avec l’association Calfa, la BULAC a entrepris la numérisation et l’indexation de ses collections manuscrites arméniennes, en particulier du fonds Dulaurier : correspondances, manuscrits, notices bibliographiques et documents d’archives. L’objectif de ce partenariat est d’assurer la préservation et la découverte de ces fonds par le grand public — en proposant notamment une version OCRisée de ces documents, mais également de contribuer à l’amélioration d’une intelligence artificielle, dédiée à la reconnaissance de l’écriture manuscrite arménienne moderne.

Dans le cadre de ce projet, le public sera notamment amené à prendre en main des intelligences artificielles afin de découvrir le fonctionnement de ces systèmes et leurs applications pour les bibliothèques.

Origine du projet et intérêt des fonds

Le fonds Dulaurier est principalement concerné par ce projet. Édouard Dulaurier (1807-1881) occupe de 1862 à sa mort la chaire de langues et civilisation arméniennes de l’École spéciale des Langues Orientales (devenue l’Inalco), membre de l’Institut. Outre l’achat d’une partie de sa biblitohèque personnelle comportant de nombreuses raretés bibliographiques dans le domaine de l’arménien classique, La BULAC a hérité d’une grande partie de ses documents manuscrits, notamment des copies d’anciens manuscrits qu’il a lui-même réalisées au monastère des Pères Mekhitaristes de Venise, un ensemble de correspondances, ainsi que quelques archives personnelles, dont des brouillons d’articles et d’éditions critiques. Il y a ainsi plusieurs milliers de pages, rédigées principalement en arménien classique et moderne.

Les documents manuscrits conservés à la BULAC sont de précieux témoins historiques et philologiques dont le contenu reste encore inédit pour certains. Nous y trouvons par exemple sous la cote DON2489 la chronique de Mathieu d’Édesse, recopiée et annotée, ou sous la cote MEI.I.21 un dictionnaire d’arménien classique-français, entièrement manuscrit, et comportant quelques lemmes originaux (p. ex. : aġġēbek au lieu de aġēbek), commentés par l’auteur (p. ex. : ǰermik, « c’est un nom diminutif qui signifie petit chaleur, chaleur douce, agréable ») ou complétés (p. ex. : č̣aṙagir, dont les formes évidentes de génitif et d’instrumental singulier/pluriel gri, iw, ac̕, ōk̕ ont été ajoutées). Ce dictionnaire a été composé sur la base du dictionnaire arménien du Père Mékhitar (imprimé à Venise en 1749 et augmenté en 1769 par ses disciples), fondateur de l’ordre des Pères Mekhitaristes, et traduit sur le modèle du dictionnaire arménien, latin et italien du Père de Villafor, capucin, en 1780. Il précède ainsi le dictionnaire du Père Aucher, réalisé en 1872, premier dictionnaire arménien classique-français de référence.

Folio 401 de la chronique de Mathieu d’Édesse conservée à la BULAC. Le copiste
procède notamment au développement des abréviations utilisées par les moines
médiévaux (en rouge) et note certaines traductions (au crayon à papier).

Au-delà de ces ouvrages manuscrits complets, ces fonds, notamment le fonds Dulaurier, contiennent également un grand nombre de feuilles volantes, sur des sujets d’études variés, comme de nombreux folios de l’histoire d’Agathange, vraisemblablement copiés à Venise, ainsi que sur l’histoire des Orbélians, ou la Généalogie des rois de Jérusalem et des rois de Chypre. Ces textes sont parfois agrémentés de leur équivalent grec, et sont presque systématiquement commentés par l’auteur. Le contenu de certains documents reste encore à être identifié.

Enfin, le projet s’intéresse aussi aux notices bibliographiques de la BULAC, rédigées autrefois à la main par les personnes en charge du catalogage, et que la BULAC souhaite actualiser et intégrer au catalogue numérique.

Outre un intérêt historique et philologique évident, ces archives sont rédigées dans des écritures très différentes, plus ou moins cursives, allant d’une écriture proche des manuscrits anciens en bolorgir1, droite et bien dessinée, à une écriture extrêmement inclinée et ligaturée difficile à lire, même pour un œil exercé.

Certains des documents présentent ainsi d’importantes difficultés de lecture, limitant de fait leur accès, leur étude et leur conversion en donnée numérique.

Dulaurier conserve en outre les mêmes habitudes que les copistes arméniens, à savoir l’utilisation d’abréviations avec l’emploi du badiw (trait horizontal au-dessus de l’ensemble de la forme abrégée par concaténation), l’utilisation d’idéogrammes représentant un mot, et l’utilisation de signes indicatifs sur la prononciation et l’intonation, compliquant d’autant la lecture pour une personne non coutumière de ces usages ou de l’arménien classique, et l’application d’un OCR classique.

La BULAC et Calfa se sont ainsi associés afin de promouvoir ces collections en facilitant leur accès, non seulement à l’objet physique (accès à une copie numérique, participant à sa préservation), mais aussi à son contenu, en proposant une version texte et annotée de ces documents. Ce dernier point représente un défi technique particulièrement intéressant au regard des difficultés et variabilités présentées par les écritures contenues dans les images, et nécessite le développement d’une intelligence artificielle dédiée à cette tâche.

La reconnaissance automatique de l’écriture manuscrite par apprentissage profond

Calfa est une association spécialisée dans le traitement automatique des langues anciennes, ainsi que dans le développement de systèmes intelligents destinés aux professionnels du patrimoine (solution de reconnaissance automatique de caractères pour la préservation des manuscrits et leur accessibilité, etc.).

Pour la langue arménienne, Calfa s’est jusqu’à présent concentré sur les manuscrits anciens, et notamment des types d’écritures standardisés (écriture capitale, écritures livresques, et cursives sans pour autant présenter autant de variations que dans les collections de la BULAC, malgré la présence de très nombreux copistes). Les manuscrits anciens comportent d’autres difficultés, comme la scriptio continua (pas de séparation des mots), la très forte utilisation d’abréviations non standardisées ou encore la mise en page.

La lettre չ (č) présente dans les bases de données de Calfa. Trois types d’écritures sont
ici représentés : les types erkat‛agir, bolorgir, notrgir.

Les résultats obtenus par Calfa pour des types d’écritures anciens sont déjà satisfaisants. Selon l’état de conservation du manuscrit, les résultats dépassent les 96% de bonne reconnaissance2 avant correction automatique et/ou manuelle, ce qui permet déjà la lecture et l’application d’un moteur de recherche pour accéder à n’importe quelle information contenue dans le document.
L’enjeu du partenariat BULAC – Calfa est d’arriver à des résultats au moins équivalent pour des écritures contemporaines, sujettes à une grande variabilité, et il constitue donc un chantier pionnier.

Utilisation d’une intelligence artificielle et processus OCR

Aujourd’hui, les systèmes de vision par ordinateur sont de plus en plus répandus et ont des résultats extrêmement bons : reconnaissance des visages, aide au diagnostic médical, etc. Pour arriver à ces résultats, les entreprises entraînent des intelligences artificielles avec des centaines de milliers d’images, avec la méthode de l’apprentissage profond (Deep Learning). On soumet ainsi à un réseau de neurones ces gigantesques bases de données proposant l’objet à reconnaître sous diverses facettes. Ce dernier, en extrayant des informations clefs de ces images, apprend à généraliser l’objet et à le reconnaître quel que soit le contexte ou la prise de vue. L’entraînement se fait ainsi par la fréquence et l’habitude.
Calfa travaille en particulier sur les langues peu dotées, pour lesquelles on ne dispose que de très peu de données où il est difficile de proposer une très grande base de données pour l’apprentissage, ce qui complique le processus. C’est le cas de l’arménien.

Le fonctionnement d’un OCR est connu depuis de nombreuses années, avant même l’explosion des systèmes intelligents en 2012. Pour une image donnée, le système procède à son nettoyage afin de mettre en évidence les zones de textes, puis une fois la zone de texte détectée, il réalise une segmentation en lignes et l’extraction des caractères pour chacune de ces lignes. Un post-traitement peut ensuite être appliqué afin d’augmenter « artificiellement » le taux de bonne reconnaissance en corrigeant les mots reconnus. Ce processus a fait ses preuves, notamment pour l’écriture imprimée pour laquelle il existe un grand nombre de logiciels très performants. En revanche, la reconnaissance de l’écriture manuscrite constitue encore un sujet ouvert de la recherche. Le processus appliqué par Calfa et la BULAC est décrit dans le schéma ci-dessous.

Calfa procède à la création manuelle d’une base de données de caractères arméniens afin d’entraîner le réseau de
neurone (1). Le réseau est ensuite appliqué à des images nouvelles afin d’en extraire le texte (2).
Ces nouvelles données sont corrigées manuellement afin de ré-entraîner le réseau (3).

Calfa a ainsi réalisé une base de données à partir d’une cinquantaine d’images représentatives fournies par la BULAC afin d’entraîner et de spécialiser son intelligence artificielle. Les résultats obtenus seront notamment présentés en détail lors du colloque Digital Armenian, qui se tiendra du 3 au 5 octobre 2019, à l’Inalco, en partenariat avec la BULAC.

Résultats obtenus sur une notice bibliographique (en date du 30 septembre 2019). La
distance de Levenshtein obtenue entre la vérité terrain et la prédiction réalisée est de 18.

Et maintenant ?

Les résultats obtenus s’approchent, sans modèle de langue, des 90% pour les écritures les plus compliquées. Il reste encore un important travail à réaliser pour les améliorer, mais les prédictions réalisées permettent déjà de réaliser une lecture globale du texte et d’en avoir une compréhension, malgré la présence de coquilles.

Les applications des OCR sont multiples. D’un point de vue patrimonial, il s’agit d’une étape clef pour passer d’un objet numérique hermétique à un ensemble de données utilisables rapidement. Les systèmes OCR, malgré les erreurs qu’ils peuvent générer, proposent un gain de temps considérable pour l’étude d’un fonds. Grâce à la BULAC, il est désormais techniquement possible d’appliquer ces technologies sur des écritures proches des écritures contemporaines, ce qui ouvre des applications multiples dans la vie quotidienne.

Les prochaines étapes du projet : l’amélioration de la technologie en renforçant les bases de données, et la mise en place d’un processus de valorisation des résultats et d’accessibilité pour le public. À partir de 2020, Calfa et la BULAC proposeront notamment des ateliers d’humanités numériques ouverts au public, afin de découvrir par la pratique le fonctionnement des OCR, les traitements à réaliser pour construire des bases de données fiables pour les langues peu dotées et les applications concrètes qui peuvent en découler.

  1. De nombreux exemples des écritures arméniennes manuscrites anciennes sont disponibles sur la plateforme https://calfa.fr/vision. Près de 400 folios de manuscrits des Xe au XIXe siècles ont ainsi été annotés, constituant une base de données de plus de 154 000 caractères.
  2. La métrique utilisée est le CER (character error rate).
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