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Open Access Week : 12e édition !

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Dès aujourd’hui et jusqu’à vendredi, l’équipe Appui à l’enseignement et à la recherche de la bibliothèque profite de l’Open Access Week 2019 pour vous proposer quelques formations sur l’accès ouvert, autour de la plateforme HAL, des données de la recherche ou de la publication en libre accès !

Cette semaine de l’Open Access est l’occasion de réunir chercheurs et spécialistes de l’information autour de la problématique de la publication scientifique en accès ouvert et des données qu’elle génère. L’open access, ce sont également des outils qui prennent une place grandissante dans la vie des chercheurs, au premier plan desquels HAL, la plateforme qui met à disposition en libre accès les fruits de la recherche française. Hal est le thème de notre première formation :

Lundi 21 octobre, de 11h30 à 13h, ” Tout savoir sur HAL !”, salle RJ. 23

Un chercheur, s’il a vocation à exposer le résultat de sa recherche, possède par ailleurs des données qu’il est souvent pertinent de mettre en valeur !  Vos données de la recherche sont une part intégrante de votre travail. Comment traiter, valoriser, diffuser ces données, c’est le thème de la seconde formation :

Mercredi 23 octobre, de 12h à 13h30, “Initiation aux données de la recherche”, salle RJ. 24

Le libre accès, ce sont bien sûr des publications, si nombreuses à ce jour que des stratégies de recherche s’imposent. Comment, en tant que jeune chercheur, jeune publiant ou plus aguerri, se repérer dans les nombreuses bases de données, d’articles et de publications en libre accès ? Comment publier dans ces ressources ouvertes ? C’est la formation qui clôturera cette OA Week 2019 à la BULAC:

Vendredi 25 octobre, de 12h à 13h30, “Rechercher, publier avec l’Open Access”, salle RJ. 21

Pour participer et s’inscrire à une ou plusieurs formations : cliquez ici

Retrouver sur le site officiel de l’Open Access Week la liste des événements partout en France, d’autres formations dans Paris et des vidéos informatives.

Bonne semaine de l’accès ouvert à tous !


1989, le retour de l’Histoire

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Photos : Maxime Ruscio / BULAC

Ce billet prolonge l’exposition présentée au rez-de-jardin de la BULAC du 7 octobre au 9 novembre 2019, à l’occasion des 30 ans de la chute du mur de Berlin. En s’appuyant sur des documents d’époque issus des collections de la BULAC, l’exposition revient sur les moments forts d’événements qui ont marqué un véritable tournant dans l’histoire européenne et mondiale, tout en bouleversant le devenir des sociétés concernées en Europe balkanique, centrale et orientale. Le billet et l’exposition ont été préparés par Nicolas Pitsos et Benjamin Guichard.


Frontières disputées : la mémoire réactivée des gloires et des humiliations nationales en Europe médiane

Collections de la BULAC, cote BJECO 8-1673 et BULAC MON 8 2305.

Considérée par les Serbes comme le berceau de leur royaume médiéval, la région du Kosovo est également revendiquée par le projet de Grande Albanie, compte tenu de la présence d’une importante population albanophone. En 1989, les tensions régionales s’aggravent avec la révocation du statut d’autonomie et le discours nationaliste prononcé par Slobodan Milošević (1941-2006), le nouveau président de la République serbe de Yougoslavie, pour le 600e anniversaire de la bataille qui a opposé une coalition chrétienne aux troupes ottomanes à Kosovo Polje. Le Serbian literary quarterly (1986-1994) participe à l’arsenal éditorial mobilisé par le côté serbe pour asseoir sa légitimité historique sur le territoire. De leur côté, les habitants albanophones multiplient les prises de parole, pour dénoncer les exactions subies. Leurs témoignages sont recueillis et traduits par l’Albanie pour alerter l’opinion internationale.

Raffay Ernő, Trianon titkai, Budapest : Tornado Damenija, 1990, collections de la BULAC, cote BIULO HON.IV.2456.

Signé en juin 1920, le traité de Trianon démantèle l’Empire austro-hongrois défait en 1918 et attribue, entre autres, à la Roumanie la souveraineté sur la Transylvanie, peuplée d’une importante population magyarophone. La politique extérieure hongroise de l’entre-deux-guerres n’a de cesse de réclamer la révision de ce traité puis de chercher l’appui de l’Allemagne nazie. Gelé durant la guerre Froide, cette revendication refait surface lors de  la dissolution des régimes autoritaires en Europe de l’Est. Œuvre d’un historien universitaire élu député d’opposition en 1989, entré au premier gouvernement non communiste en 1990, l’ouvrage de Raffay Ernö (1948), Trianon titkai [Les secrets de Trianon], plaide la cause des populations magyarophones de Slovaquie et de Roumanie. Il connaît un grand succès éditorial et devient une référence pour la jeune droite nationaliste. L’auteur fut ministre de la Défense du premier gouvernement de Viktor Orbán en 1998.

Bloc éclaté : le retrait soviétique d’Afghanistan

« Le moudjahidine l’a eu » 
Afghanistan, c. 1989. Don May Schinasi

En 1979, l’URSS tente de rompre l’équilibre des blocs et d’étendre sa sphère d’influence en envahissant l’Afghanistan. L’entreprise tourne à l’échec militaire face à la résistance des moudjahidines, combattants des mouvements de résistance afghans, et alimente le mécontentement de la population, l’offensive reposant sur des conscrits. À partir de 1988, l’URSS prend acte de la défaite et entreprend un processus de retrait militaire qui s’achève en février 1989. La décision est un aveu de faiblesse de l’URSS sur le plan international, que souligne cette affiche afghane montrant un ours soviétique humilié qui porte sur le crâne une tâche de naissance similaire à celle de Mikhaïl Gorbatchev.

L’Union soviétique se fissure au Caucase et sur ses frontières européennes

Igrar Aliev, Nagornyj Karabah : istoriâ, fakty, sobytiâ, Baku : Èlm, 1989, collections de la BULAC, cote SORBO SLAVE 6= 7979.
V. B. Arutûnân, Sobytiâ v Nagornom Karabahe : hronika, Erevan : AN ASSR, 1990, collections de la BULAC, cote SORBO SLAVE 6= 7995-<1- >.

Enclave à majorité arménienne au sein de la RSS d’Azerbaïdjan, le Haut-Karabakh est un territoire à la souveraineté disputée de longue date. Dans le contexte de la Perestroïka, la région revendique son indépendance et Stepanakert, la capitale régionale, devient le théâtre de manifestations massives et continues à partir de 1988. Elles donnent lieu à des affrontements violents entre population arménienne et azérie, y compris hors de l’enclave. En dépit des tentatives d’arbitrage du pouvoir soviétique, en Arménie comme en Azerbaïdjan l’appareil du parti et les institutions officielles des deux républiques prennent fait et cause pour chaque camp nationaliste. Ici, deux membres de l’Académie des Sciences de chaque république proposent une démonstration historique de la légitimité des revendications azerbaïdjanaises ou arméniennes sur la région du Haut-Karabakh dans une publication officielle. 

Dans le sillage du conflit au Haut-Karabakh, les revendications indépendantistes et les velléités sécessionnistes de la minorité abkhaze mettent en crise la République socialiste soviétique de Géorgie. À partir du 4 avril, les manifestants occupent le centre de Tbilissi et un parti d’opposition nationaliste est constitué. Le 9 avril, la manifestation est violemment réprimée par l’Armée rouge. Les chars font irruption dans les rues, plus de 20 morts sont décomptés et la rumeur de l’emploi de gaz de combats enflamme l’opinion à travers toute l’URSS, au point que le gouvernement de Gorbatchev prend ses distances avec le commandement militaire et les autorités locales. L’événement suscite ainsi une crise au sommet de l’État soviétique et accélère la marche de la Géorgie vers l’indépendance. Le journaliste géorgien Irakli Goc’irije (1923-2004), de formation soviétique, fonde en 1989 une maison d’édition indépendante et publie l’année suivante un dossier documentaire, Simartʹlis kvaldakval, cherchant à démêler les responsabilités du massacre.

Vytautas Visockas, Baltijos kelias, Vilnius : Mintis, 2000, collections de la BULAC, cote 12LT 943.34 VIS.

Le 50e anniversaire du pacte germano-soviétique du 23 août 1939, impliquant l’annexion des trois républiques baltes par l’URSS, donne lieu à une démonstration de force inédite et pacifique de la revendication indépendantiste en Lituanie, Lettonie et Estonie. Dans les trois républiques, les Églises et les Fronts populaires, partis réformistes constitués en 1988 à la faveur des réformes initiées par Gorbatchev, organisent une chaîne humaine qui rassemble près d’un tiers de la population sur un parcours de plus de 600 kilomètres traversant les trois républiques. La manifestation exprime la solidarité des trois mouvements indépendantistes baltes et le soutien de la population à la souveraineté proclamée par le Soviet suprême de chaque RSS entre mai et juillet 1989. L’événement marque le glissement des mouvements démocratiques baltes favorables à la Perestroïka vers la revendication d’une indépendance et l’éclatement de l’URSS.

Gorizont, Kišinev : Izdatelʹstvo CK LKSM Moldavii, 1984-1989, collections de la BULAC, cote BIULO PER.2153.

La RSS de Moldavie, région pluriethnique à dominante roumanophone située à l’ouest de l’Ukraine, issue de l’ancienne province de Bessarabie intégrée à l’URSS en 1945, subit la double influence du succès des mouvements nationalistes baltes et de la révolution démocratique roumaine. Les instances régionales du parti, fortement engagées aux côtés des réformes de la Perestroïka, revendiquent une autonomie culturelle et politique de plus en plus affirmée. Dans les colonnes de l’organe de presse de la Jeunesse communiste et de l’Union des écrivains de Moldavie, le journaliste Valeriu Butnaru (1955), militant du jeune « Mouvement de renaissance nationale et de libération des Bessarabiens » interroge les chefs de file des différents partis démocratiques roumains issus de la révolution de décembre 1989. Il leur pose directement la question de l’opportunité d’une renaissance de la Bessarabie et de sa réunion avec la Roumanie.

Révolution et crise économique : la Pologne de Solidarność

Gazeta wyborcza, Warszawa : Agora, 1989-, collections de la BULAC, cote BIULO PER.406.

Le journal Gazeta Wyborcza est fondé en avril 1989 par des figures de la dissidence pour soutenir la coalition formée autour du syndicat Solidarność lors des premières élections libres de juin 1989. Cette dernière les remporte haut la main et son succès souligne le poids central des questions sociales et économiques dans le renversement du régime communiste. Mais le tournant démocratique n’efface pas les difficultés, d’autant que le nouveau gouvernement embrasse la « thérapie de choc » pour sortir au plus vite du capitalisme d’État. La population est ainsi confrontée à une inflation galopante. La une du 4 janvier 1990 pose la question « Jusqu’où iront les prix ? », question à laquelle elle donne une force métaphysique avec une caricature faisant référence au monologue d’Hamlet. L’interrogation illustre le dilemme d’une presse d’opposition et syndicale parvenue au pouvoir dans un contexte de graves difficultés économiques. En septembre 1990, le journal dénonce la politique suivie par Lech Wałęsa et s’éloigne de Solidarność.

La parole libérée : printemps albanais et consécration de la révolution de 1956 en Hongrie

Ardian Klosi, Edi Rama, Refleksione, Tirana : Botime Albania, cop. 1992, collections de la BULAC, cote BULAC MON 8 14595.

Figure du mouvement estudiantin qui se révèle en 1989, Edi Rama (1964) est jugé trop radical par le Parti démocratique créée en décembre 1990 dont il claque rapidement la porte. Avec l’écrivain Ardian Klosi (1957-2012), le jeune enseignant fait de l’Institut des Beaux-Arts de Tirana le centre de débats intellectuels bouillonnants. Forts de cette expérience, les deux auteurs publient en 1992, un recueil qui fait la synthèse de leurs réflexions sur la dissidence et la nouvelle expérience démocratique. Élu maire de Tirana en 2000, Edi Rama prend la tête de l’opposition et devient premier ministre de 2013 à janvier 2019.

La Perestroïka et la mort de János Kádár, à la tête de la Hongrie socialiste depuis 1956, ouvrent les portes du pouvoir à une génération de cadres réformateurs qui entreprennent une transition démocratique accélérée et pionnière. La révolte hongroise antisoviétique de 1956, violemment réprimée par les troupes du pacte de Varsovie et dénoncée comme « contre-révolution » par le régime, est qualifiée en janvier 1989 par un membre du gouvernement d’« insurrection populaire », ouvrant la voie à une reconsidération radicale de cette expérimentation démocratique au sein du camp socialiste.

Collections de la BULAC, cote BIULO HON.III.1359 et BIULO HON.IV.2007.

Deux publications réalisées en Hongrie, A Forradalom hangja : magyarországi rádióadások 1956. október 23-november 9 et Tizenkét nap amely..1956 oktober 23-november 4 : események, emlékek, dokumentumok, témoignent de cette libération de la parole autour des événements de 1956. L’édition des enregistrements de la radio tenue par les insurgés reprend ainsi une édition publiée à New York en 1957 par le militant anticommuniste en exil Varga László (1910-2003). Symboliquement, la disparition de la république populaire de Hongrie est prononcée le 23 octobre 1989, jour anniversaire de la révolution de 1956.

Les voix de la contestation : la révolution roumaine de décembre 1989

Vom muri şi vom fi liberi, Bucureşti : Ed. Meridiane, 1990, collections de la BULAC, cote BIULO ROU.I.81.

Pendant la révolution de décembre en Roumanie, la télévision roumaine devient un centre important des événements ; les manifestants envahissent les locaux de TVR pour annoncer la chute du conducator le 22 décembre et occupent les antennes en lançant la TVRL, « Televiziunea Română Liberă » (Télévision Roumaine Libre). Édité à chaud après les événements, le recueil Vom muri şi vom fi liberi retranscrit une grande partie des séquences télévisées des jours qui ont suivi cet événement, sans négliger de retranscrire les slogans des manifestations et les graffitis qui ont couvert les rues des villes de Roumanie.

A învins libertatea : La liberté l’a emporté

A A căzut Cizmarul : Le cordonnier est tombé

Jos asasinul, Jos tiranul : À bas l’assassin ! À bas le tyran !

Democrație și pluralism fără violenţă : La démocratie et le pluralisme sans violence

Noi sîntem poporul : Nous sommes le peuple

Nu nu plecăm acasă : Nous ne rentrons pas à la maison

Le pouvoir est dans la rue : la Révolution de velours en Tchécoslovaquie

Jiří Všetečka a kol., Jiří Doležal, Rok na náměstích : Československo 1989, Praha : Academia, 1990, collections de la BULAC, cote BIULO TCH.II.288.

La Révolution de velours tire son nom du contexte plutôt pacifique et non-violent de la chute de la République socialiste tchécoslovaque. Du 17 novembre, jour anniversaire de la répression d’une manifestation étudiante dénonçant en 1939 l’occupation nazie, au 29 décembre, des centaines de milliers de personnes manifestèrent chaque soir ou se mirent en grève pour réclamer la démocratie, un État de droit, et des libertés politiques. La place Venceslas à Prague, lieu chargé de la mémoire des révolutions de 1848 et de 1968, devient le centre de la contestation.

Jiří Všetečka a kol., Jiří Doležal, Rok na náměstích : Československo 1989, Praha : Academia, 1990, collections de la BULAC, cote BIULO TCH.II.288.

Figures actives de l’édition clandestine après 1968, les journalistes Jaromír Hořec (1921-2009) et Ivan Hanousek (1942) proposent, à chaud, un florilège d’affiches, banderoles et scènes de rues de ces journées décisives. Dans le même esprit, les photojournalistes engagés Jiří Všetečka (1937-2016) et Jiří Doležal (1966) publient très rapidement un recueil des photographies prises au cours de ces manifestations, capturant les slogans qui envahissent les rues, comme « Dobro budiž dobrem » (Soyons ensemble pour la liberté) et « Ať žije svoboda » (À nous la liberté).


Pour aller plus loin :

Citer ce billet : Nicolas Pitsos, "1989, le retour de l’Histoire," dans Le Carreau de la BULAC, 6 novembre 2019, https://bulac.hypotheses.org/19525. Consulté le 14 novembre 2019

Portrait de chercheur : Tigran Amiryan

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Questions à… Tigran Amiryan, chercheur arménien (senior researcher) à l’université russo-arménienne en littérature.

Un séjour de recherche soutenu par la FMSH, la Fondation Calouste Gulbenkian et la BULAC 

Le fait que ma candidature ait été retenue par le programme Atlas 2019 de la FMSH, ouvert aux jeunes chercheurs du Sud du Caucase pour un séjour en France de trois mois, offre une opportunité unique pour mes recherches. Au début de l’année, j’étais vraiment très heureux de recevoir une réponse positive de la part de l’équipe de cette fondation. Le soutien logistique et scientifique de BULAC, partenaire de la FMSH pour l’accueil des chercheurs des programmes ATLAS et DEA, s’est révélé des plus utiles. Je tiens aussi à mentionner que ce projet de mobilité a été partiellement financé par la Fondation Calouste Gulbenkian dans le cadre du programme « Des études arméniennes », l’un des domaines prioritaires de cette organisation.

Mon institution d’accueil est l’Université Lumière Lyon 2, en particulier le laboratoire Passages Arts & Littérature XX-XXI, dont l’équipe m’a donné la chance unique de réaliser mon projet en m’invitant. Les membres de ce laboratoire étudient les esthétiques, théories et histoires des pratiques littéraires et artistiques contemporaines ; plusieurs formes d’autofiction dans la littérature et l’art visuel sont notamment au cœur des préoccupations de cette organisation. Il est particulièrement important pour mon projet de pouvoir échanger avec le professeur Roger-Yves Roche, l’un des membres de ce laboratoire, qui travaille sur l’autofiction dans les domaines de la littérature et de la photographie, ce qui s’inscrit parfaitement dans mes intérêts scientifiques. 

La Fondation Maison des sciences de l’homme (FMSH), avec laquelle la BULAC a établi un partenariat dans l’accueil des chercheurs étrangers, propose des aides à la mobilité pour des séjours en France de 3 mois aux chercheurs post-doctorants ayant soutenu leur thèse depuis 2013. Cette aide à la mobilité est destinée à réaliser des travaux de recherche : enquêtes de terrain, travail en bibliothèques et en archives.

Quel est votre parcours ?

Actuellement, je travaille sur l’autofiction arménienne dans le domaine de la littérature et de l’art visuel. J’ai effectué des recherches comparatives sur la littérature autobiographique et autofictionnelle au fil des ans. En 2013, j’ai soutenu ma thèse de doctorat à l’Université d’État de Moscou Lomonosov, sous la direction de professeur Nathalia Pkhsarian. À cette époque, je me suis concentré sur nombre d’auteurs dont Julia Kristeva, Roland Barthes, Serge Doubrovsky, Pierre Guyotat, Hervé Guibert, qui produisent dans ces textes une fictionnalisation de leur propre expérience. Je parle ici avant tout d’expériences biographiques.

J’ai déjà réalisé un certain nombre de projets sur l’autofiction francophone dans les différentes institutions académiques et artistiques. En 2015, j’ai présenté une série de conférences pour une audience ukrainienne, dans le cadre desquelles, durant quatre semaines, j’ai parcouru les bases de l’autofiction jusque même au roman graphique autofictionnel. En 2017, j’ai présenté un rapport sur l’autofiction arménienne dans le cadre de la conférence internationale à la Faculté Polydisciplinaire de Safi (Université Cadi Ayyad, Maroc). En 2018, j’ai publié un article sur l’autofiction visuelle de Sergueï Paradjanov. Et pour la troisième année, j’ai eu l’opportunité d’enseigner aux étudiants de l’Université russo-arménienne à Erevan un cours optionnel de ce genre contemporain de littérature. Mon objectif principal étant l’intégration du terme « autofiction » dans le discours scientifique et public dans les pays de l’ex-Union Soviétique, j’essaie de relier les fictions autobiographiques à travers ce néologisme. En ce moment, je suis en train d’opérer une transition importante entre l’étude d’autofiction francophone, qui a un demi-siècle d’histoire, et celle de la culture arménienne moderne. Aujourd’hui, il y a un intérêt croissant pour ce phénomène partout dans le monde. Des conférences, des publications académiques, des ouvrages sur la littérature à la première personne sont proposés non seulement en France, mais également aux États-Unis, en Espagne, en Italie, en Afrique du Nord, presque partout. L’écriture autofictive ou l’écriture intime en fiction dans la littérature moderne des pays post-soviétiques, y compris l’Arménie, n’a jamais été étudiée dans ce contexte, j’essaie de combler cette lacune.

Quelles sont les raisons qui vous ont amené à venir effectuer des recherches à Lyon ?

Depuis qu’en 1977 Serge Doubrovsky a inventé le néologisme d’ « autofiction », de nombreux romans autofictifs ont été créés, et de multiples études sur cette notion ont été produites aussi bien en France qu’à l’étranger. Il existe à l’heure actuelle plusieurs types d’interprétation de ce phénomène, de même que diverses écoles et différentes positions théoriques sur la littérature à la première personne1. Ces études sont toujours interdisciplinaires et englobent les domaines non seulement de l’analyse du texte littéraire, mais aussi de la psychanalyse théorique, de l’esthétique de la photographie, de la sémiologie et/ou de l’épistémologie du texte, etc. Une grande majorité de ces travaux méthodologiques et critiques continue à évoluer en France et en français. Afin de préciser les contours de mon approche méthodologique et de mieux comprendre les fondements théoriques et philosophiques de ce genre, il me faut étudier en profondeur le fonds important des recherches déjà réalisées, disponibles uniquement dans les bibliothèques françaises.

En outre, l’autofiction est un phénomène relativement nouveau et quelques laboratoires uniquement y consacrent des études. L’Université Lyon 2 avec le laboratoire Passages XX-XXI est l’une de ces rares institutions académiques où des recherches sur l’autofiction sont en cours. De plus, une partie de l’autofiction arménienne a été créée en dehors de l’Arménie, et la France est l’un des principaux pays où la littérature autofictionnelle d’auteurs arméniens ou franco-arméniens a été créée. À cet égard, j’avais d’une part le besoin réel de travailler avec des sources présentes en bibliothèques ; d’autre part, ce phénomène littéraire étant moderne et en cours de formation, un échange avec des spécialistes français me semblait absolument nécessaire.

Comment expliqueriez-vous vos recherches actuelles à nos lecteurs ?

Comme je l’ai déjà noté, l’autofiction est un genre transnational et plurilinguistique, ce qui s’applique entièrement à l’autofiction arménienne même. La littérature arménienne, surtout après le génocide, propose, comme d’autres, différents types de narrativisation du passé, de la mémoire collective et personnelle, où deux registres, fictionnel et autobiographique, fonctionnent simultanément. Les autofictions arméniennes se forment à travers plusieurs trajectoires socio-culturelles et géographiques : aujourd’hui on les observe dans la littérature italienne, francophone, russe, dans les langues arméniennes occidentale et orientale, au Liban, en Turquie, aux États-Unis, etc.2. De plus, l’autofiction est un genre interdiscursif et multimédiatique, il concerne toujours la littérature, la photographie et d’autres formes d’art, telles que l’art plastique, le théâtre, la danse, etc. Cette caractéristique du genre est également applicable à l’autofiction arménienne.

Collections de la BULAC, cote 21AM 825.2 BEL.

Un exemple pertinent de ce type d’écriture est la prose de l’écrivain Krikor Beledian. Dans ses romans, K. Beledian se réfère fréquemment au thème de la photographie, à l’écriture autobiographique. Il fait également une tentative de narration de la post-mémoire du génocide, et tout cela, bien sûr, est réalisé dans le cadre du roman, c’est-à-dire dans la fiction. C’est de l’autofiction arménienne, avec ses spécificités thématiques et linguistiques, que je suis en train d’analyser. En outre, si K. Beledian écrit en arménien occidental et est originaire de Beyrouth, divers types d’autofiction apparaissent également dans le contexte de l’Arménie soviétique et surtout post-soviétique, certains projets autofictifs sont produits dans le contexte de la littérature franco-arménienne, etc.

Dans le processus de structuration de tout ce matériau, j’en suis venu à la nécessité de rédiger une deuxième thèse de doctorat ou une monographie postdoctorale. Actuellement je développe des stratégies et un plan pour ce travail que je traiterai dans un proche avenir. En tant que partie intégrante de ce projet, actuellement à Lyon, je suis en train d’écrire un article sur deux projets autofictifs arméniens modernes ; l’un est un projet d’autofiction féminine, l’autre est une autofiction sur la corporalité et la sexualité. 

Quels sont les événements ou les personnalités scientifiques qui vous ont inspiré récemment ?

Au cours de ce séjour d’études j’ai eu l’excellente opportunité d’échanger avec le professeur Roger-Yves Roche, qui m’a donné de précieux conseils pour le développement de mon projet et m’a aidé à établir des contacts avec d’autres spécialistes. Il est membre du laboratoire Passage XX-XXI et il travaille depuis des années sur l’autofiction. Le professeur Roche est l’un de ces rares spécialistes qui travaillent toujours non seulement sur des ouvrages littéraires, mais également avec des autofictions visuelles, sur l’autofiction photographique particulièrement. C’est lui qui a élaboré la notion nouvelle de photofiction3, que j’ai déjà utilisée lors de mes conférences en Arménie et en Ukraine entre autres.

J’ai également réussi à mener des entretiens approfondis avec M. Daroueche Hilali Bacar. Il est l’auteur d’une monographie remarquable sur les autofictions arabophones récemment parue dans la collection PUL. Pendant de nombreuses années il a travaillé à la fois en tant que chercheur sur l’autofiction arabe et en tant que traducteur de prose autofictionnelle de la langue arabe vers le français. Au cours de notre échange, de nombreuses similitudes dans nos études des autofictions arabes et arméniennes se sont révélées, tant au niveau de la méthode de nos recherches (spécificité d’autofiction non-francophone, une vaste géographie, polylinguisme etc.), qu’au niveau des thématiques et de l’historique de ces deux littératures (influence du passé colonial, recherche de l’identité au sein de la mondialisation, conséquences des influences politiques et religieuses, etc). J’ai été vraiment inspiré par le travail très scrupuleux de Hilali Bacar. Je pense que nous pourrons poursuivre notre coopération, par exemple dans le cadre de recherches comparatives entre les littératures contemporaines maghrébine et arménienne.

Quelles sont les bibliothèques où vous envisagez d’aller travailler ?

La bibliothèque de la FMSH m’a ouvert une collection unique d’articles scientifiques et de livres publiés en France au cours des deux dernières décennies. Ici, je peux élargir mes connaissances méthodologiques que j’applique à l’analyse de la littérature arménienne. Je travaille aussi régulièrement à la bibliothèque municipale de Lyon. Plusieurs publications sur le genre étudié ont déjà été publiées dans la collection PUL, elles sont disponibles à la bibliothèque universitaire de Lyon 2. Je travaille également à la bibliothèque du CNMA (Centre national de la mémoire arménienne) à Lyon, où la direction de cette organisation a ressemblé une large collection de la littérature franco-arménienne pendants des années.

Quelques-unes de vos publications ?

Monographies et ouvrages collectifs
Firdus: The Memory of a Place. Collective monograph ed. by Tigran Amiryan, Sona Kalantaryan. CSN lab, Yerevan, 2019. – 210 p. (en arménien, en anglais)
Amiryan, Tigran. Memory Square. An Essay on the Memory of Place – Eurasian Cultural Alliance, Almaty, 2018 – 62p. (en russe, trad. en anglais et en kazakhe)
Amiryan, Tigran. Kukia Alphabet. GeoAir, Tbilisi, 2017 – 42p. (en géorgien, en anglais)
Michel Foucault & Literature: Collection of Academic Papers [Michel Foucault et la littérature]. Ed. by N.T. Pakhsaryan, T.N. Amiryan, V.I. Demin. St. Petersburg: Aletheia, 2015. – 144 p. (en russe)
Amiryan, Tigran. On a écrit le complot. Le roman conspiration de Dan Brown à Julia Kristeva. Moscou, Falanster, 2013. – 352p. (en russe)
Articles
Amiryan, Tigran. Sergueï Paradjanov : entre l’autovisualisation et l’autonarration. Textimage – Revue d’étude du dialogue texte-image [En ligne], Varia VI, 2018, URL : http://revue-textimage.com/16_varia_6/amiryan1.html (en français)
Amiryan, Tigran. Un roman graphique de David B. : la visualisation de l’histoire et la fictionnalisation de la biographie. Moscou, 2016, p. 285-293. (en russe)
Amiryan, Tigran. L’écriture autofictionnelle et le roman Austerlitz de V.G. Sebald. Kiev, 2016, p. 18-27. (en russe)
Amiryan, Tigran. Julia Kristeva: L’auteur du roman-réplique, Inknagir – Revue électronique de littérature. [En ligne], 2016, URL : https://inknagir.org/?p=6461 (en arménien)
Amiryan, Tigran. L’écriture autofictionelle d’Amélie Nothomb. Dnipropetrovsk, 2014, p. 69-74. (en russe)
Amiryan, Tigran. La « peau-souffrance » dans le roman d’Hovhannes Tekgyozyan. Moscou, 2014, p. 20-27.
Amiryan, Tigran. L’expérience et l’écriture de Pierre Guyotat. Moscou, 2012, p. 384-391. (en russe)

Toutes illustrations de l’auteur ou libres de droits / sous licences CC

Citer ce billet : Elsa Ferracci, "Portrait de chercheur : Tigran Amiryan," dans Le Carreau de la BULAC, 21 novembre 2019, https://bulac.hypotheses.org/20225. Consulté le 23 novembre 2019
  1. voir Grell Isabelle, Autofiction, Armand Colin, 2015
  2. voir par exemple l’ouvrage collectif Nos terres d’enfance. L’Arménie des souvenirs paru en 2010 chez Parenthèses sous la direction d’Anahide Ter-Minassian et de Houri Varjabédian
  3. voir R.Y. Roche, Photofictions – Perec, Modiano, Duras, Goldschmidt, Barthes, Presses du Septentrion, collection Objet, 2009

Aliento, le souffle de la sagesse

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Photos : M Ruscio / BULAC

En prolongement de l’exposition présentée dans la galerie du Pôle des langues et civilisations et au rez-de-jardin de la BULAC du 12 novembre au 20 décembre 2019, ce billet vous invite à explorer des textes sapientiels arabes médiévaux et leur diffusion par les orientalistes européens de la Renaissance puis des Lumières. L’exposition est organisée au terme d’un projet de recherche ANR dont la BULAC a été partenaire, s’intéressant aux dynamiques de circulation des maximes, sentences et proverbes (savoirs sapientiels), entre trois cultures (arabe, juive et chrétienne) et cinq langues. Le billet et l’exposition ont été préparés par Marie-Christine Bornes Varol (Inalco) et Marie-Sol Ortola (Université de Lorraine) avec la collaboration de Juliette Pinçon.


Postérité européenne de la sagesse arabe médiévale

À la fin du XVIIe et tout au long du XVIIIe siècle, en France, les savants orientalistes de l’École des langues orientales recueillent la sagesse et les savoirs des Arabes dans plusieurs volumes encyclopédiques. Les proverbes arabes sont utilisés à des fins d’enseignement de la langue et de la grammaire. On voit apparaître, au gré des citations, des énoncés sapientiels présents chez les compilateurs arabes médiévaux, comme Mubashshir ibn Fâtik (XIe s.) ou al-Maydâni (XIIe s.).

Collections de la BULAC, cote BULAC RES MON Fol 828.

L’exposition s’ouvre sur la Bibliothèque orientale de Barthélemy d’Herbelot (1625-1695), somme de connaissances encyclopédiques sur l’Orient arabo-musulman publiée de manière posthume par Antoine Galland (1646-1715) en 1697. Cet ouvrage a pour particularité de se baser sur des sources orientales, principalement un dictionnaire bibliographique rédigé en arabe par l’auteur turc Kâtib Çelebi (Haji Khalifa). L’exemplaire exposé est annoté de la main d’Armand-Pierre Caussin de Perceval (1795-1871), professeur d’arabe à l’École des langues orientales vivantes puis au Collège de France. L’ouvrage comporte une entrée Amthal, qui signifie proverbe en arabe.

Collections de la BULAC, cote BULAC RES MON 4 460.

En regard, une édition enrichie de la Bibliothèque orientale, datant de 1777-1779, donne à découvrir les Paroles remarquables et maximes des orientaux publiées par Antoine Galland en 1694. Ce dernier avait pour dessein « de faire connoistre quel est l’esprit et le génie des Orientaux » et « comme les Paroles remarquables representent la droiture et l’équité de l’ame ». Le recueil ne contient pas le texte original et ne cite ni les ouvrages ni les auteurs dont ils sont tirés.

Collections de la BULAC, cote BULAC RES MON 4 2556.

Le visiteur peut ensuite découvrir une grammaire d’Auguste-François-Julien Herbin (1783-1806), élève de l’École des langues orientales. Ses Développemens des principes de la langue arabe moderne incluent des proverbes qui constituent des formules à mémoriser. Le proverbe « Maîtriser ses passions c’est être riche » fait la synthèse de deux sentences :

Le fort / le brave est celui qui maîtrise ses passions.

Le riche est celui qui se contente de ce qu’il a.

Collections de la BULAC, cote BULAC RES MON 4 2556.
Collections de la BULAC, cote BIULO A.V.17.
Collections de la BULAC, cote BIULO A.V.17.

Au XIXe siècle, l’intérêt pour les proverbes arabes ne faiblit pas. Georg Wilhelm Friedrich Freytag (1788-1861), orientaliste allemand qui étudia à Paris avec Sylvestre de Sacy, est le premier à publier l’ensemble des textes attribués à al-Maydâni (XIIe s.). L’exposition présente ses Arabum proverbia, œuvre importante d’édition, de traduction en latin et de notes érudites de traités sapientiels arabes.

Les humanistes de la Renaissance et les sommes sapientielles en langues orientales

Dès le XVe siècle, les humanistes de la Renaissance européenne s’intéressent aux langues orientales et cherchent à en diffuser la connaissance.

En 1614, Thomas van Erpe, dit Erpenius (c. 1584-1624), fait paraître à Leyde un recueil de 200 proverbes arabes annotés en latin, le Kitab al-Amthal seu Proverbiorum Arabicorum. L’orientaliste néerlandais mène ainsi à son terme un travail d’érudition mené à partir d’un manuscrit arabe transmis à Isaac Casaubon. Lui-même le confia au philologue Joseph-Juste Scaliger (1540-1609), avec la tâche de commenter « les sentences les plus difficiles ». Ce qu’il fit en partie car il mourut avant de finir le travail. En 1609, Casaubon demanda à Erpenius d’achever ce travail d’annotation. L’exposition présente un exemplaire imprimé à Leyde en 1623 (seconde édition). L’ensemble, soigneusement édité, propose le texte arabe, suivi de sa traduction et de commentaires de Scaliger et Erpenius.

Les traités d’Erpenius furent une référence pour l’enseignement de l’arabe jusqu’à Silvestre de Sacy. Sa Grammatica arabica (1613) est considérée comme « un monument linguistique et pédagogique ». La Grammaire arabe d’après Thomas Erpenius du diplomate et orientaliste François Savary de Brèves (1560-1628) en est un exemple. Parmi les proverbes que recèle cette grammaire, on retrouve un énoncé présent dans le corpus noyau d’Aliento :

Il y a trois choses dont on ne peut juger que dans trois circonstances. On ne connoit l’audace que dans la guerre, le sage que dans la colère et un ami que dans l’adversité.

Collections de la BULAC, cote BULAC RES MON 8 1900.

Sur le modèle d’Erpenius, le néerlandais Jan Van den Driesche dit Drusius (1550-1616) donne un recueil de proverbes arabes et hébreux glosés en latin, Apophtegmata Ebraeorum ac arabum. Professeur d’hébreu, de chaldéen et de syriaque à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle dans les universités européennes, Drusius propose la traduction latine d’une version des Pirke Avot (traité midrashique) et du Miv’har ha-Pninim, collection hébraïque de sentences et proverbes traduite de l’arabe au XIIe siècle. Ces deux textes se trouvent sur la plate-forme Aliento, entièrement annotés. Apophtegmata Ebraeorum ac arabum est une compilation de 200 proverbes, dont certains sont d’auteurs inconnus.

Collections de la BULAC, cote BULAC RES MON 8 385.

À Padoue en 1688, Timoteo Agnellini (m. 1724), nom italianisé de l’évêque de Mardin (Turquie), fait paraître un recueil de proverbes en arabe, turc et persan expliqués en latin et en italien. Cette rare collection de proverbes en latin, italien, arabe, persan et turc, est sortie des presses du séminaire de Padoue en 16881. Elle fut utilisée pour l’apprentissage des langues.

Le Choix de sentences de sagesse et de dits remarquables de Mubashshir ibn Fâtik et sa traduction espagnole Les bouchées d’or

En Allemagne, le nouvel intérêt pour les études médiévales et pour l’Espagne, légataire d’une longue tradition d’échanges entre l’Orient et l’Occident, suscite des éditions érudites de traductions d’ouvrages sapientiels d’origine philosophique.

Exposition « Aliento, le souffle de la sagesse »

L’exposition présente deux éditions du Mukhtâr al-Hikam, œuvre composée en 1048-9 par Abu al-Wafâ’ al-Mubashshir b. Fâtik al-Âmari, historien et savant égyptien (peut-être d’origine syrienne) du XIe siècle, qui vécut dans l’Égypte fatimide. Une traduction espagnole du Mukhtar al-Hikam voisine avec l’édition arabe d’ʿAbd al-Raḥmân Badawī.

Hermann Knust, grand savant du XIXe siècle, édite pour la première fois Bocados de Oro, traduction castillane du Mukhtâr al-Hikam de Mubashshir ibn Fâtik (XIe s.) effectuée à Tolède au XIIIe siècle. L’ouvrage est traduit simultanément en latin et connaîtra une grande diffusion en Europe. L’ouvrage composite d’Hermann Knust, Mittheilungen aus dem Eskurial, contient non seulement l’édition annotée du Bocados de Oro et la traduction espagnole du Mukhtar al-Hikam, mais aussi le Libro de los Buenos proverbios, traduction espagnole (circa 1250) du Kitab adâb al-Falasifa, les Flores de filosofía (XIIIe s.) et d’autres fragments textuels médiévaux qui leur sont liés. Le proverbe « L’erreur du médecin, la terre la recouvre. », lié à une anecdote exemplaire sur les médecins très diffusée au XVIIe siècle, est toujours utilisé en espagnol, judéo-espagnol d’Orient et en arabe.

Il faut attendre le XXe siècle pour qu’une édition arabe du texte original du Mukhtâr al-Hikam voit enfin le jour, Muk̲h̲tār al-ḥikam wa-maḥāsin al-kalim (Choix de sentences et de belles paroles, ed. ʿAbd al-Raḥmān Badawī, Madrid, 1958), que l’on doit au philosophe égyptien ʿAbd al-Raḥmân Badawī. Ces textes mettent en évidence le travail de compilation et de recomposition des traditions sapientielles anciennes (textes sémitiques anciens, recueils arabes antérieurs, tradition philosophique grecque et florilèges de dits composés entre le IIIe et le VIe siècle EC). La compilation de Badawī fait partie des textes essentiels sur lesquels repose tout le travail présenté dans la plate-forme d’interrogation Aliento. Le texte est encore en cours d’annotation.

La sagesse en al-Andalus : collections de sentences, miroirs des princes et arts de gouverner

Exposition « Aliento, le souffle de la sagesse »

Les recueils d’apophtegmes qui circulent dans l’Andalousie médiévale appartiennent à la littérature d’adâb, destinée à la formation de l’homme de cour, puis à celle du gentilhomme et diffusée par les bourgeois lettrés des villes prospères d’al-Andalus, musulmans, juifs ou chrétiens. Si certains ouvrages venus d’Orient comme le Kalila wa Dimna, le Kitab adâb al-Falasifa et le Mukhtâr al-Hikam ont une grande influence dans la Péninsule ibérique, les auteurs andalous ne sont pas en reste. Dès le IXe / Xe siècle, Ibn ‘Abd Rabbihi compose un ouvrage d’adâb en sept volumes, al-’Iqd al-Farîd (Le collier unique) qui contient des chapitres sur les proverbes et sentences. Au XIe / XIIe siècle, ‘Abubakr At-Turtushi, compose un important traité de philosophie politique, le Kitāb Sirāj al-Mulūk (Le Flambeau des rois), où l’on trouve de nombreux dits communs avec le Kitâb adâb al-Falasifa et le Mukhtar al-Hikam. Les deux ouvrages andalous sont les sources principales du Miv’har ha Pninim (Choix de perles).

Collections de la BULAC, cote BIULO AL.IV.205(1).

Le Kitāb Sirāj al-Mulūk (Le Flambeau des rois) est un important traité de philosophie politique rédigé au XIe siècle par Muḥammad ibn al-Walīd al-Ṭurṭūshī, imam malikite originaire de Tortosa. L’édition arabe présentée dans l’exposition fut imprimée à Alexandrie en 1872. En regard est exposée la traduction espagnole. L’exemplum choisi, qui figure également en hébreu dans le Miv’har ha-Pninim, est le suivant :

Un roi demanda à son ministre de lui présenter lorsqu’il serait en colère l’un des trois écrits qu’il avait fait préparer. Sur le premier était écrit “Tu n’es pas un Dieu, tu mourras et retourneras à la poussière (…)” ; sur le second, “Aie pitié des gens si tu veux que Dieu ait pitié de toi.” ; sur le troisième, “Juge les gens selon la loi de Dieu, la seule qui leur soit applicable.” […]

Collections de la BULAC, cote BULAC RES MON 4 183.

Al-ʿIqd al-Farīd (Le collier unique) fait partie des œuvres majeures de la littérature arabe. C’est l’un des premiers ouvrages d’adâb à être imprimé, en 1876. Cette anthologie composée par Ibn Abd Rabbih (860-940), juriste, homme de lettres et poète de la cour sous le règne des Omeyyades d’Espagne (al-Andalus), compte 25 chapitres portant chacun le nom d’une perle précieuse. Ce « collier unique » est une encyclopédie qui sert de guide des références littéraires et culturelles de l’honnête homme de l’époque ; on y trouve entre autres de la poésie, des proverbes, des conseils. La page exposée fait partie du premier chapitre intitulé : Lu‘lu‘aẗ al-Sulṭān (La perle de la gestion du pouvoir et de l’autorité), elle traite de « l’art de bien gouverner » qui rattache l’ouvrage au genre des miroirs des princes. Il n’existe que des traductions partielles et rares de cette encyclopédie dans les langues européennes. Le projet Aliento a numérisé les chapitres sur les proverbes mais ils ne sont pas (encore) annotés.

La sagesse médiévale en fables et séances

Collections de la BULAC, cote MS.TURC.112.
Collections de la BULAC, cote MS.TURC.114.

Parmi les traités d’adâb, le Kalila wa Dimna d’Ibn al-Muqaffa (VIIIe s.) occupe une place à part. Ouvrage original en arabe, il opère une synthèse entre la tradition indienne sanscrite, notamment le Panchatantra et la tradition sapientielle persane. Deux traductions en hébreu, puis deux latines et une espagnole circulent dans la Péninsule ibérique dès le XIIe siècle. Cette œuvre littéraire a connu un grand succès dans le monde médiéval. L’exposition offre à voir deux manuscrits présentant une traduction turque des Fables de Kalila et Dimna, dans une version dédiée à Soliman le Magnifique (1494-1566). Ces manuscrits servaient à l’apprentissage des futurs drogmans (interprètes).

Destiné à l’éducation morale et politique des princes, le Kalila wa Dimna traite du pouvoir et du gouvernement au travers d’exemples, de fables et d’apologues. Il a suscité une importante production de manuscrits richement illustrés. Des pages peintes retrouvées dans les collections de la BULAC complètent un manuscrit copié et illustré dans l’atelier impérial d’Istanbul au XVIe siècle, aujourd’hui conservé à la Bibliothèque nationale de France. « Le peintre et la jeune fille » illustre un exemplum sur l’infidélité et le mensonge. « Le renard et le tambour » met en image une fable sur les apparences trompeuses. « Kalila et Dimna » sont les noms de deux chacals, représentant deux courtisans.

Collections de la BULAC, cote BIULO HEB.IV.46.
Collections de la BULAC, cote BIULO HEB.IV.46.

Une autre œuvre littéraire médiévale d’Espagne, le Tahkemoni de Yehudah al-Harizi (XIIe / XIIIe s.). L’auteur andalou compose cette œuvre originale de « séances » ou maqama – pièces satiriques en prose rimée – après avoir traduit en hébreu de l’arabe les Maqamat de l’auteur arabe al-Hariri (XIe / XIIe s.), un des maîtres du genre qu’il admirait. Le Tahkemoni emprunte aux sommes proverbiales sa séance (ou maqama) 44, composée de proverbes croisés. Ce point est d’autant plus intrigant que l’on n’y trouve que deux proverbes communs avec le Musre ha-Philosophim, traduction hébraïque de l’ouvrage de sentences arabe Kitab adâb al-Falasifa, faite par le même Y. al-Harizi. Elga Disperdi en a récemment trouvé une traduction indépendante en italien de 1578.

Collections de la BULAC, cote BIULO HEB.IV.46.

Pour aller plus loin :

Citer ce billet : Marie-Christine Bornes Varol, Marie-Sol Ortola, "Aliento, le souffle de la sagesse," dans Le Carreau de la BULAC, 3 décembre 2019, https://bulac.hypotheses.org/19762. Consulté le 3 décembre 2019
  1. L’évêque de Padoue Gregorio Barbarigo (1625-1697) fonda dans sa ville un séminaire où les langues orientales étaient enseignées.

Les Midis de la recherche (second semestre) : programme des formations de la BULAC pour les chercheurs

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Chercheurs, post-doctorants, découvrez le programme de formation de la BULAC, Les Midis de la recherche, qui vous propose des ateliers tout au long de l’année universitaire.

À venir au second semestre (janvier-avril 2020), des formations pour mieux connaître la publication scientifique en accès ouvert, en savoir plus sur les données de la recherche, maîtriser son identité numérique ou encore des ateliers pratiques pour déposer dans HAL…

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CALENDRIER

Mardi 21 janvier, de 11h à 13h, salle RJ. 22 : IDENTITÉS NUMÉRIQUES DU CHERCHEUR ET RÉSEAUX SOCIAUX ACADÉMIQUES

  • Présentations des enjeux de l’identité numérique du chercheur
  • Découvrir les outils de partage, de publication, de profil
  • Les identifiants de chercheurs : IdHAL, ORCID, IdRef… Les créer et les lier pour une meilleure visibilité
  • Les réseaux sociaux académiques (Academia.edu…) : publier ou pas ?

 

Mardi 11 février, de 10h30 à 13h, salle RJ. 22 : TOUT SAVOIR SUR HAL ! et PRENDRE EN MAIN HAL

  • De 10h30 à 12h : Introduction générale à HAL. Qu’est-ce qu’une archive ouverte ? Que peut-on y déposer? Cette première partie de séance s’intéresse à la typologie des contenus, aux stades de la publication scientifique, aux contextes juridique et institutionnel (dont un focus sur la Loi pour une République numérique), à l’actualité de la science ouverte, et présente HAL, MediHAL et les services de HAL.
  • De 12h à 13h : Séance pratique de dépôt dans HAL. Présentation approfondie de l’archive (interface de dépôt, création de l’IdHAL et interconnexion des identifiants chercheurs, création du CV HAL, renseignement des métadonnées…) Accompagnement au dépôt dans l’archive

NB : pour l’atelier, prévoir si possible et si existant : vos identifiants HAL (nom d’utilisateur / mot de passe ) ; une publication à déposer en PDF pour laquelle vous disposez des droits éditeur ; l’accord de vos éventuels co-auteurs ; les droits des éventuelles images.

Vous pouvez, si vous le souhaitez, ne venir qu’à l’une des deux parties de la formation.

 

Vendredi 14 février, de 11h à 13h, salle RJ. 24 : INITIATION AUX DONNÉES DE LA RECHERCHE

  • Définitions et typologie des données de la recherche
  • Pourquoi gérer ses données ?
  • Aspects juridiques et éthiques
  • Les principes FAIR, les DMP (ou PGD)
  • Présentation des outils : Opidor, Nakala, entrepôts de données…

 

Mardi 21 avril, de 10h30 à 13h, salle RJ. 22, TOUT SAVOIR SUR HAL ! et PRENDRE EN MAIN HAL (voir le descriptif ci-dessus)

 

INSCRIPTIONS

Formulaire d’inscription  ici

Une question ? Écrivez à enseignement-recherche@bulac.fr 

Appel à candidatures pour la formation Digital Areal (Fréjus, 8 – 11 juin 2020)

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Cette rencontre, consacrée au traitement et à la publication numérique en formats ouverts des données de la recherche, s’adresse en priorité aux membres des GIS Moyen-Orient et Mondes musulmans, Asie ou Études africaines. Date limite de candidature : 15 février 2020

L’objectif de cette formation est de permettre à la communauté scientifique des études aréales extra-occidentales de monter en compétences numériques, d’une part sur les questions générales ouvertes par la dématérialisation et la science ouverte, et d’autre part sur les problématiques qui sont spécifiques à la graphie non-latine de leurs sources textuelles et à la dispersion de leurs corpus.

Organisée dans le cadre des actions nationales de formation (ANF) du CNRS, elle se tiendra du 8 au 11 juin 2020 à la Villa Clythia à Fréjus.

Digital Areal en quelques mots

L’ANF Digital areal comprendra 3 axes thématique principaux :

  • La fouille de textes et traitement automatique de la langue
  • La spatialisation des données
  • La publication des données

Les interventions combineront un cadrage général relatif à l’ouverture numérique des données de la recherche, des conférences plénières faisant la lumière sur des projets précis et des ateliers pratiques offrant la possibilité de s’emparer d’outils.

Les participants suivront toutes les séances plénières et seront répartis en niveau débutant et plus avancé dans les ateliers pratiques qui seront organisés durant trois demi‐journées. Ils auront reçu au préalable une bibliographie de base sur les thèmes qui seront traités durant l’ANF et la configuration logicielle à préparer pour leur ordinateur.

La formation, majoritairement financée par le ministère de la Recherche et le CNRS, est portée par le GIS Moyen‐Orient et Mondes Musulmans.

Qui peut candidater ?

Toute personne (ingénieur, technicien, chercheur, enseignant-chercheur, doctorant ou post-doctorant) ayant un projet en cours relatif aux humanités numériques dans le domaine des études aréales et possédant un jeu de données à exploiter ou présenter au cours de la formation peut présenter sa candidature.

Chaque participant s’engage à suivre l’intégralité de la formation. Celle-ci se déroulera du lundi 8 juin dans l’après-midi au jeudi 11 juin 2020 à 16h à la Villa Clythia à Fréjus. Cette semaine est conçue comme un lieu de discussion entre chercheurs en études aréales, favorisant les échanges entre les spécialistes des études africaines, asiatiques ou moyen-orientales.

L’hébergement et les frais de restauration sont pris en charges pour tous les participants, quel que soit leur employeur.

Les frais de transport seront pris en charge pour les seuls agents salariés par le CNRS (permanents, doctorants ou post-doctorants)1. En cas de difficultés de financement des frais de transport pour les autres participants, n’hésitez pas à contacter les organisateurs.

Comment candidater ?

Le dossier de candidature est à adresser avant le 15 février 2020 à l’adresse : anfdigitalareal@ehess.fr

Les candidatures seront examinées entre le 16 février et le 31 mars 2020.


Image à la une : Elisabeth de la Mauvinière, Fréjus (détail). Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Source : http://parismuseescollections.paris.fr/fr/node/202926

  1. Sous réserve de validation de l’événement dans le cadre des actions nationales de formation du CNRS en 2020

2 500 livres numériques en science politique à tester jusqu’au 15 juillet 2020

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Le GIS-Collex Persée, groupement d’intérêt scientifique concourant au développement de collections de référence pour la recherche dans les bibliothèques universitaires françaises, expérimente un nouveau mode d’acquisition de ressources électroniques. 110 titres en science politique, publiés par Cambridge University Press, seront achetés de façon pérenne au bénéfice de l’ensemble de la communauté universitaire française et rendus accessibles à travers la plateforme ISTEX. Cette dernière sert déjà à archiver et fouiller les ressources électroniques acquises précédemment dans le cadre de licences nationales.

Comment sélectionner les 110 titres intéressant le plus grand nombre de chercheurs français ? À la suite d’une négociation portée par la bibliothèque de Sciences-Po, l’éditeur a ouvert pour consultation l’ensemble des titres de son catalogue appartenant aux collections suivantes :

  • Comparative politics ;
  • European government, politics and policy ;
  • International relations and international organisations

Jusqu’au 15 juillet 2020, ce sont donc 2 500 titres qui sont accessibles pour consultation ou téléchargement au format PDF. Au terme de cette période de test, les 110 titres les plus consultés seront sélectionnés pour une acquisition pérenne.

Pour explorer les titres disponibles, rendez-vous sur la plateforme de l’éditeur et choisissez l’option « View all ebooks and Elements you havec access to » (vos identifiants lecteurs de la BULAC seront demandés).

Les aires culturelles sont loin d’être absentes de cette sélection. Outre les titres relatifs aux relations internationales ou aux grands organisations internationales, de nombreuses monographies sont susceptibles d’intéresser les spécialistes de l’Europe médiane et orientales, de l’Asie, de l’Afrique, du Moyen-Orient ou de l’aire Pacifique. La liste de titres peut ainsi être filtrée avec la thématique « Area Studies » pour faciliter cette exploration.

À titre d’exemples, quelques titres choisis parmi les publications les plus récentes :

Outre ces collections, la plateforme de l’éditeur propose un petit nombre de titres en accès ouvert qui couvrent des thématiques plus diversifiées que la seule science politique. Là encore, rendez-vous sur la plateforme de l’éditeur et choisissez l’option « View all ebooks and Elements you havec access to ». La liste de titres peut ensuite être limitée avec les filtres « Only Show Open Access » (73 titres) et « Area Studies » (13 titres sont alors proposés). Quelques exemples de titres ainsi disponibles :

Bonnes lectures !


Pour en savoir plus :

Communiqué du GIS Collex-Persée

Les ressources électroniques transversales en sciences humaines et sociales proposées par la BULAC

Mobilité internationale pour chercheurs étrangers / Research stays in France for Associate Research Directors

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Séjours de recherche en France pour les chercheurs avancés en Sciences humaines et sociales

Research stays for senior Researchers in Human and social sciences in France


Le programme «Directeurs d’Études Associés» (DEA) de la Fondation Maison des sciences de l’homme (FMSH) permet d’inviter des personnalités scientifiques étrangères originaires de tous les continents pour une durée d’un mois à six semaines afin de soutenir leurs travaux en France (enquêtes de terrain, travail en bibliothèques et archives).

The DEA Programme (Directeurs d’Études Associés, or Associate Research Directors) provides funding to invite, from four to six weeks, international professors and senior researchers with a PhD, or equivalent, working in institutions of higher education and research, from all across the globe to come in France and enables them to carry out work in France (field enquiries, library work and archives).


Vous souhaitez profiter de cette mobilité pour exploiter les collections de la BULAC ? Nous pouvons vous aider en vous donnant de plus amples informations sur nos fonds pour constituer votre dossier de candidature. N’hésitez pas à contacter l’adresse enseignement-recherche@bulac.fr
Interested to take the opportunity of this mobility programme do some research at BULAC library? Don’t hesitate to contact us, we’ll provide some insights about our collections to help you with the application. Please, feel free to write to us in English, Russian or French at enseignement-recherche@bulac.fr
 

Présentation du Livre blanc « Vers la science ouverte? La transition numérique et la recherche sur le Moyen-Orient et les mondes musulmans: Etats de lieux et perspectives »

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Journée organisée par le GIS Moyen-Orient et Mondes musulmans dans l’auditorium de la BULAC le 26 février 2020

J. Bourgoin, Précis de l’art arabe et matériaux pour servir à l’histoire, à la théorie et à la technique des arts de l’orient musulman, Paris, E. Leroux Edition, 1892 (réédition en 2003, Phénix Editions). Pl. II-15 (détails)

À l’occasion de la parution prochaine du livre blanc Vers une science ouverte ? La transition numérique et la recherche sur le Moyen-Orient et les mondes musulmans en France, une journée d’échanges se tiendra le 26 février 2020 de 9h30 à 17h dans l’auditorium de la BULAC, 65 rue des Grands Moulins, Paris 13e.

Ce livre blanc a été pensé comme un état des lieux, assorti de propositions destinées à consolider la transition numérique et de garantir la visibilité et la compétitivité de la recherche française sur le Moyen Orient et les mondes musulmans en France et à l’international.

Au cours de cette journée, les principaux résultats et les propositions envisagées seront discutés. La journée sera organisée sous la forme de tables-rondes qui donneront la parole aux acteurs de la recherche engagés dans des projets numériques.


9h30-10h: Accueil, café.

10h-10h30 : Mot de bienvenue par Éric Vallet et présentation du livre blanc par Mercedes Volait

10h-30-11h30: Table-ronde 1 : Quelles recherches collaboratives en Humanités numériques?

Modération : Mercedes Volait (In-Visu – CNRS et GIS Moyen-Orient et mondes musulmans).

Mohamadoul Khaly Wélé (IHRIM – université Lumière Lyon II : Coran 12-21

Nicolas Michel (IREMAM – Aix-Marseille Université) : ANR-DFG EGYLandscape

Muriel Roiland (IRHT) : l’IRHT et les humanités numériques

12h-13h : Table-ronde 2 : Coopérer pour la pérennisation et le signalement des données de la recherche

Modération: Benjamin Guichard (BULAC)

Christian Gaubert (IFAO)

Jean-Christophe Peyssard (IFPO – CNRS)

Véronique Ginouvès (MMSH –Phonothèque – CNRS)

14h15-13h15 : Table-ronde 3 : Enjeux de la formation au numérique en SHS

Modération : Éric Vallet (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et GIS Moyen-Orient et mondes musulmans)

Stéphane Lamassé (PIREH, Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne)

Stéphane Pouyllau (Human-Num – CNRS)

Juliette Hueber (InVisu – CNRS)

15h30-16h30: Table-ronde 4 : Quelle collaboration internationale?

Modération : Sylvie Demurger (InSHS)

Pascal Buresi (CIHAM – CNRS et EHESS) : ITN Mediating Islam in the Digital Age

Yann Potin (AN): La plateforme Open Jerusalem

Sarah Bowen Savant (Aga Khan University): Kitab Project

16h30-17 : Conclusion

François-Joseph Ruggiu (InSHS), Éric Vallet et Delphine Pagès-El Karoui (MESRI)


Participez à la refonte du site web de la BULAC !

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En 2020, le site web de la BULAC se refait une beauté. Pour qu’il réponde vraiment à vos attentes, nous avons besoin de vous : répondre à ce questionnaire ne vous prendra que quelques minutes ! Lecteur occasionnel ou régulier, étudiant, chercheur, ou pas : tous vos avis comptent ! 

Vous pouvez également venir participer à des ateliers à la BULAC, dans le cadre d’une démarche dite « centrée utilisateur » : une bonne occasion de nous aider à adapter le futur site au plus près de vos besoins, tout en expérimentant une conduite de projet fondée sur la méthode UX ! Les inscriptions sont disponibles à la fin du questionnaire. 

Une question, une remarque ? Écrivez à : enseignement-recherche@bulac.fr

Merci !

Futurs d’ailleurs : voyage en science-fiction

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Le Carreau de la BULAC vous propose une série de billets à découvrir tout au long de l’exposition Futurs d’ailleurs : voyage en science-fiction, présentée à la Bibliothèque universitaire des langues et civilisations (BULAC) du 17 février au 27 mars 2020.

[Futurs d’ailleurs #1] Tour du monde science-fictionnel en 60 traductions

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Collections de la BULAC, cote BIULO JAP.D.IV.1629.

Pour accompagner l’exposition Futurs d’ailleurs : voyage en science-fiction, son commissaire Nicolas Almimoff vous présente une sélection commentée d’ouvrages de science-fiction non occidentale. Si l’esprit aventureux, vous êtes tenté.e.s par la découverte de cet univers encore largement inexploré, vous trouverez ici de quoi satisfaire votre curiosité, en versions originales ou en traductions1. Du 17 au 28 février 2020, retrouvez la plupart des titres de cette sélection disponibles au prêt sur les étagères de l’entrée de la BULAC.


La SF au-delà des frontières

Apparue au XIXe siècle – même si les plus ambitieux font remonter ses origines à Lucien de Samosate en 180 -, la science-fiction s’est imposée en tant qu’expression artistique globale, et globalisée. Globale car tous les arts exploitent son langage : la photographie (Omar Gilani, Marina Gadonneix, etc.), la musique (Parliament, Sun Ra, Devo, etc.), la peinture (Gregory Manchess, Nikolaï Niedbaïlo, etc.), sans oublier, bien sûr, la littérature, la bande dessinée et le cinéma, et tous les croisements multimédia imaginables. Globalisée car la science-fiction est présente sur tous les continents, et les œuvres voyagent de part et d’autre du monde, à la vitesse luminique de la fibre optique, comme dirait tout bon cyberpunk. Limitée à l’origine à un cercle restreint d’amateurs, et longtemps considérée comme un genre destiné à la jeunesse, la SF est devenue mainstream, séduisant une audience de plus en plus nombreuse, dans tous les pays, et de toutes les générations.

Il convient toutefois d’apporter quelques nuances à ce constat. Tout d’abord, si le cinéma de SF séduit le grand public, au point de produire certains des plus grands succès du box office (Star Wars), et a inspiré les plus grands réalisateurs (Fritz Lang, Stanley Kubrick, David Lynch ou plus récemment James Gray), la littérature de SF, bien qu’elle soit pionnière dans le domaine, reste assez largement méconnue, sujet de nombreux a priori associés à l’étiquette de « littérature de genre ». Heureusement, cette hiérarchie entre disciplines et genres artistiques s’affaiblit. Une autre nuance à apporter à la réalité de sa diffusion globale réside dans l’inégalité des échanges internationaux. Sur le marché de la SF, certains pays sont largement exportateurs, et d’autres majoritairement importateurs. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont grandement propagé leur production de par le monde. Le manga et le cinéma d’animation japonais, fréquents vecteurs de science-fiction, sont distribués à l’international. Pour les autres pays, la production science-fictionnelle, qu’elle soit ancienne ou récente, reste majoritairement confinée à l’intérieur des frontières nationales ou linguistiques. En France, la balance commerciale science-fictionnelle est négative : on importe plus qu’on exporte de SF, et c’est de loin la SF américaine qui truste les étagères des librairies ; la présence de science-fiction non occidentale est extrêmement faible, les auteurs non occidentaux sont peu traduits.

Ce cercle vicieux serait-il en passe d’être brisé ? Espérons que le succès de la trilogie du Problème à trois corps du Chinois Liu Cixin en soit le premier signe….


SF russe et soviétique

Commençons par une exception : la science-fiction soviétique est probablement la science-fiction non occidentale la plus connue en France. Celle-ci est ancienne, il est vrai, et ses premiers titres sont contemporains de Jules Verne et de H.G. Wells.

De cette période, si vous n’êtes pas russophone, il vous est possible de lire :

Deux romans utopiques publiés respectivement en 1908 et 1912. Deux pièces à verser dans le formidable débat d’idées qui agita l’intelligentsia russe au début du siècle.

Paru en 1908, L’Étoile rouge s’est écoulé à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires. Ce roman utopique décrit le fonctionnement socialiste idéal de la société martienne. L’Ingénieur Menni, paru en 1912, est la préquelle de L’Étoile rouge. Mars n’est pas encore socialiste, mais le capitalisme y vit ses dernière heures.


Intrinsèquement liée aux évolutions politiques de son pays, la SF soviétique, au moins jusqu’à la mort de Staline et au XXe congrès du PCUS en 1956, exprimera son attachement à la construction socialiste, et un certain patriotisme parfois béat. Toutefois, certains auteurs valent le détour, dont Alexandre Beliaev. Auteur de récits d’aventures scientifiques aux accents très verniens, il a posé les bases, dès les années 1920, de l’importante production science-fictionnelle soviétique d’après-guerre. La plupart de ses écrits décrivent en parallèle progrès scientifique et conditions politiques et sociales de son développement. Il s’agit bien souvent de mettre en lumière la perversion du capitalisme, comparée à la grandeur morale de la société socialiste.

  • Alexandre Beliaev, Le Pain éternel, Le Pré-Saint-Gervais, Langues et monde-L’Asiathèque, 2005.

Dans chacune de ces quatre nouvelles de science-fiction, un scientifique est aux prises avec un problème capital qui, s’il le résout, va sauver l’humanité ou, dans le cas de « Monsieur Le Rire », lui apporter gloire et richesse. Mais un événement imprévu, comme la cupidité des hommes ou les mécanismes économiques, font que tout tourne à l’envers.

Une étudiante en médecine, Marie Laurane, est recrutée par le docteur Kern, pour veiller sur la tête vivante et séparée de son tronc du professeur Dowell… Un roman sur le rapport de l’esprit au corps paru en 1926.

Une série d’extraits de l’œuvre d’A. Beliaïev Les inventions du professeur Wagner. Le personnage éponyme, un biologiste fou, consacre sa vie à défier les lois de la nature pour donner forme à des inventions époustouflantes.

  • Alexandre Beliaev, L’Homme amphibie, Lausanne, L’Âge d’homme, 2014.

Les milieux scientifiques estimaient qu’il ne pouvait exister dans l’océan de monstre marin inconnu de la science et accomplissant des actes dont seul l’homme est capable. L’homme que, selon la Genèse, Dieu créa à son image.


En construisant une intrigue proche de celle de Bogdanov, l’écrivain Alexeï Tolstoï, parent de Léon et proche du parti bolchévique, choisit le genre science-fictionnel pour développer son propos politique. Ce roman fera l’objet, dès 1924, d’une remarquable adaptation cinématographique par Yakov Protazanov.

  • Alexeï Tolstoï, Aélita, Lausanne, L’Âge d’homme, 2009.

Décembre 1921. Alors qu’un mystérieux message est envoyé aux radios du monde entier, Loss quitte la Terre à bord d’un appareil spatial construit par ses soins. Son voyage le conduit sur Mars, où règne la belle Aélita. Mais une révolution est en marche sur la planète.


S’il est un titre à retenir des premières années de l’Union soviétique, c’est bien Nous (ou Nous autres) de l’ancien bolchevik et dissident de la première heure Evgueni Zamiatine, et cela pour deux raisons : pour son destin singulier d’oeuvre censurée, décrivant avec force la dérive totalitaire à venir, mais aussi pour l’influence considérable qu’il exerça sur la science-fiction, en inventant le genre dystopique, repris avec talent par George Orwell et Aldous Huxley.

  • Evgueni Zamiatine, Nous, Arles, Actes Sud, 2017 (les éditions françaises traduisent généralement ce titre par Nous autres). (édition de 1979 disponible à la BULAC)

Six siècles après notre ère, le monde est réuni en un seul État, régi par l’autorité absolue d’un Bienfaiteur. L’existence des hommes, devenus de simples numéros, est entièrement régulée, tout faux pas condamnant à mort le fautif. Une minorité s’insurge contre l’ordre établi.


Les années 1950 marquent un nouvel essor pour la SF soviétique. Les intrigues se complexifient à la faveur d’une certaine prise de recul sur la société soviétique. Le propos est néanmoins toujours très politique. C’est également à partir de cette période que vont être diffusés à l’étranger, notamment en France certains de ces ouvrages, des anthologies de nouvelles ou des romans.

L’œuvre pivot de ce renouveau est probablement La Nébuleuse d’Andromède, d’Ivan Efremov. Expression d’une vision optimiste de l’avenir, ce roman ambitieux sorti en 1957 s’inspire des philosophies indienne et grecque pour imaginer la rencontre puis les échanges entre civilisations terrestre et extraterrestre, dans un développement conjoint de la technologie et de la conscience.

  • Ivan Efremov, La Nébuleuse d’Andromède, Moscou, Raduga, 1988.
  • Ivan Efremov, La Nébuleuse d’Andromède, Caëstre, EONS, 2005.

Mais les auteurs les plus connus en URSS et à l’étranger sont sans conteste les frères Strougatski. L’adaptation cinématographique de leur Pique-Nique au bord du chemin, rebaptisé Stalker par Andreï Tarkovski en 1979, a grandement participé à leur renommée tardive à l’Ouest. Mais si ce titre reste le plus célèbre en France, d’autres romans très intéressants valent la peine d’être découverts. Experts en écriture à plusieurs niveaux et en contournement subtil de la censure, même s’ils n’ont pas toujours réussi à l’éviter, les deux frères ont habilement caché leur regard acerbe sur le pouvoir et la société soviétiques dans leurs fictions philosophiques.

  • Arkadi et Boris Strougatski, Stalker : Pique-nique au bord du chemin, Paris, 2013. (édition de 2010 disponible à la BULAC)

Des visiteurs sont venus sur Terre. Sortis on ne sait d’où, ils sont partis sans crier gare. Dans la zone qu’ils ont occupée sans jamais communiquer avec les hommes, ils ont laissé traîner des objets étranges que les stalkers viennent piller au risque de leur vie. Porté à l’écran par A. Tarkovski en 1979, ce roman a aussi inspiré un jeu vidéo.

Échoué sur une planète archaïque, le jeune Maxime découvre un régime politique très militarisé, aux accents ubuesques, qui utilise des tours radio pour contrôler les masses laborieuses. Il décide d’entrer en résistance et découvre les marionnettistes. Ce roman, le plus politique des frères Strougatski, a été adapté au cinéma par F. Bondarchuk en 2008 et 2009 en deux longs-métrages.

  • Arkadi et Boris Strougatski, Il est difficile d’être un dieu, Paris, Gallimard, 2015. (édition de 2009 disponible à la BULAC)

La planète Arkanar ploie sous la férule du tyrannique ministre de la Sécurité. Cette société semi-féodale qui persécute ses intellectuels intéresse l’Institut d’histoire expérimentale de la Terre qui, elle, est peuplée d’humanistes tout-puissants considérés comme des dieux. Le jeune Rumata apprend qu’il est dangereux pour un dieu de se mêler du sort des mortels.

Candide, victime d’un accident d’hélicoptère, a été recueilli par des indigènes de la Forêt. Grièvement blessé et amnésique, il est obsédé par l’idée de revenir à la Ville. Poivre est linguiste et employé comme statisticien au sein de l’administration de la Ville. Équipé d’une calculatrice défaillante, il veut se perdre dans la Forêt pour ne pas revenir.


La production soviétique était importante, et les titres traduits en français et en anglais n’en représentent qu’une faible proportion. Ceux qui veulent aller plus loin pourront par exemple lire :

  • Kir Boulytchev, La Robe blanche de Cendrillon, Encino, Black Coat Press, 2011.

Dans les espaces incommensurables de la Galaxie, le docteur Slava Pavlych poursuit une énigmatique jeune femme. Gardant intact son profond humanisme et sa foi dans les forces du bien, ce médecin aventurier se voit confronté à divers problèmes d’éthique.

Collections de la BULAC, cote BIULO GEN.IV.3369.

Contrairement à ce qu’il est souvent permis de penser, la science-fiction ne se borne pas toujours à tracer les nouvelles cartes de l’Enfer. Elle peut aussi rassurer, offrir des cadres d’action future plus nobles, plus authentiques. C’est là du reste la grande particularité des écrivains d’anticipation soviétique. Quel que soit le thème abordé (civilisations disparues, exploration de l’espace, satire sociale, intelligences extra-terrestres…), chez eux l’optimisme est le corollaire de l’inquiétude. Et pourquoi, après tout, le monde des possibles ne serait-il pas le monde des justes valeurs ?


La Russie post-soviétique, quoique moins productive, n’a pas délaissé le genre. Certains titres ont même rencontré un succès international. Ce fut particulièrement le cas de la trilogie Metro 2033 de Dmitry Glukhovsky.

  • Dmitry Glukhovsky, Metro 2033, Nantes, L’Atalante, 2016. 

En 2014, une guerre nucléaire a ravagé la Terre. En 2033, quelques dizaines de Moscovites survivent dans le métro, se dotant de diverses formes de gouvernements et de croyances. Mais une menace venant de l’extérieur plane. L’un des survivants, Artyom, est alors chargé d’en avertir Polis, une communauté de stations qui préserve les derniers vestiges de la civilisation humaine.

  • Dmitry Glukhovsky, Metro 2034, Nantes, L’Atalante, 2017.

La Sevastopolskaya, une des stations habitées du métro moscovite, produit une grande part de l’électricité qui l’alimente. Le courage de ses défenseurs a permis qu’elle ne soit pas envahie par les monstres. Cependant, la dernière caravane d’approvisionnement n’est jamais arrivée. Le combattant Hunter, le vieil Homère et une jeune fille, Sacha, doivent résoudre ce problème.

  • Dmitry Glukhovsky, Metro 2035, Nantes, L’Atalante, 2017.

2035. Artyom est retourné vivre à la station VDNKh. Obnubilé par le souvenir de la voix qu’il a entendue sur une radio deux ans plus tôt, il remonte quotidiennement à la surface pour tenter d’entrer en contact avec d’autres survivants. Tenu pour fou par beaucoup, Artyom sombre peu à peu, jusqu’à l’arrivée d’Homère, un vieil homme qui écrit une histoire du métro et qui corrobore ses dires.


Le succès de cette trilogie fut tel qu’il inspira d’autres auteurs, y compris l’écrivain français Pierre Bordage.

En 2033, à Saint-Pétersbourg. Gleb, orphelin miséreux, est exigé en guise de récompense par le stalker Bélier en contrepartie d’une mission dangereuse que souhaite lui confier l’Alliance littorale. Il s’agit de mener une expédition en surface jusqu’à Kronstadt, où de la lumière a été détectée.

En 2033, dans le golfe de Finlande, les membres du Babel assistent à la destruction de leur île par un engin nucléaire et trouvent refuge dans une station inoccupée du métro. Ils lancent alors un ultimatum à toutes les stations, soit les coupables se dénoncent, soit l’ensemble du réseau s’expose à une attaque au gaz.

  • Pierre Bordage, Rive gauche : Paris Metro 2033, Nantes, L’Atalante, à paraître le 26 mars 2020.

Après un événement apocalyptique, la surface de la Terre, irradiée, est devenue inhabitable pour les humains. A Paris, du côté de la Rive Gauche, les survivants ont trouvé refuge dans les profondeurs du métropolitain où ils ont organisé des microsociétés de la pénurie, tandis que la Rive Droite est devenue un lieu maudit.


Collections de la BULAC, cote 14RU 823.15 SOR D.

En Russie comme ailleurs, notamment ces deux dernières décennies, certains écrivains de littérature générale s’approprient les thèmes de la SF, parfois avec talent, comme l’a fait Sorokine pour le roman suivant :

  • Vladimir Sorokine, Journée d’un opritchnik, Paris, Points, 2010. (édition de 2008 disponible à la BULAC)

2028, le pays est gouverné par une oligarchie sanguinaire, mélange des traditions de la sainte Russie et de dictature policière moderne. Au sommet règne l’opritchina équipée de moyens technologiques ultrasophistiqués. Les opritchniks sont les nouveaux maîtres de ce pays. Parmi eux, Komiaga, dont l’auteur déroule ici une journée ordinaire, rythmée par ses missions et ses rituels.


SF polonaise

Il n’y a pas que l’Union soviétique qui s’est passionné pour la science-fiction. Dans tout l’ancien « Bloc de l’Est » sont apparus des écrivains parfois très talentueux, et reconnus jusqu’en Occident. Le polonais Stanislaw Lem en est probablement le meilleur exemple. Adapté par Andreï Tarkovski, son Solaris est un roman majeur.

  • Stanislas Lem, Solaris, Paris, Gallimard, 2017. (édition de 2002 disponible à la BULAC)

Solaris tourne autour de deux soleils et ne semble pas abriter de vie. Un jour, pourtant, un groupe de scientifiques y découvre une étonnante entité sous la forme d’un vaste océan protoplasmique. Mais après de nombreuses études, elle est déclarée non pensante et sans intérêt. Jusqu’au jour où le docteur Kelvin débarque sur la planète et rencontre la femme qu’il avait aimée et qui s’était suicidée.

  • Stanislas Lem, La Cybériade, Paris, Gallimard, 2004. (édition de 1968 disponible à la BULAC)

Les aventures de Trurl et Clapaucius, deux robots cybernéticiens, créateurs d’intelligences artificielles qui sillonnent la galaxie pour mettre leurs connaissances au service des puissants. Mais leurs créations se retrouvent souvent à l’origine de bien des catastrophes.


SF tchèque

Pionnier de la SF européenne, Karel Čapek restera célèbre pour avoir utilisé le mot « robot » (le travail) pour désigner des êtres artificiels, sans sa pièce de théâtre RUR en 1920. Plusieurs autres ouvrages sont néanmoins tout aussi dignes d’intérêt.

Collections de la BULAC, cote BIULO AG.IV.144.
  • Karel Čapek, RUR : Rossum’s universal robots, drame collectif en un prologue de comédie en trois actes, Paris, La Différence, 2019.

Un scientifique invente un robot que ses successeurs perfectionnent et produisent en masse. Les robots s’imposent dans la société comme une force de travail extraordinaire et les hommes, devenus anachroniques et inutiles, sont condamnés à l’inactivité et à l’oisiveté. L’humanité tombe en décadence et leurs créations se révoltent.

Un jour au large de l’Indonésie, le capitaine Van Toch découvre des salamandres. Intelligentes et paisibles, celles-ci aident l’homme dans l’exploitation des perles. Bientôt, l’homme les asservit et les exploite, mais elles finissent par se révolter. Dans cette satire du comportement humain, Capek (1890-1938) fustige le pédantisme scientifique, le monde des affaires et de la politique.


SF finlandaise

Quoique numériquement modeste, la SF finlandaise propose de très bons ouvrages. Les thématiques écologiste et féministe infusent les quatre romans suivants.

  • Johanna Sinisalo, Le sang des fleurs, traduit du finnois par Anne Colin du Terrail, Arles : Actes sud, impr. 2013, cop. 2013.

Nous sommes en 2025. Le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles, énigme écologique apparue en 2006, s’est considérablement aggravé, au point que la plupart des pays — et les États-Unis en première ligne — doivent faire face à une grave crise agricole. Orvo, directeur d’une entreprise de pompes funèbres et apiculteur amateur, ébranlé par une tragédie familiale récente, voit ses ruches atteintes : deux d’entre elles ont été désertées. La Finlande — jusque-là épargnée — est-elle à son tour gagnée par la catastrophe ? Très préoccupé par ce phénomène, Orvo tombe par hasard sur un étrange accès vers une sorte de dimension parallèle d’où l’homme semble absent. Orvo a beau mettre en question sa propre lucidité, son instinct lui dit que sa découverte pourrait avoir un lien avec le mystère des disparitions récentes d’abeilles. Et un espoir naît en lui : l’abeille étant considérée dans de nombreuses civilisations comme capable de circuler entre le monde de la vie et celui de la mort, c’est peut-être à travers elle qu’il pourra enfin retrouver son fils perdu… Écologique, engagé, savamment agencé, aux lisières du fantastique et de la science-fiction, le nouveau roman de Johanna Sinisalo a cette force poétique qui avait fait le succès de Jamais avant le coucher du soleil.

  • Johanna Sinisalo, Avec joie & docilité, traduit du finnois par Anne Colin du Terrail, [Arles] : Actes sud, DL 2016, cop. 2016.

République Eusistocratique de Finlande, 2013. La nation a pris en compte ses erreurs historiques. La stabilité sociale et la santé publique sont désormais les valeurs prédominantes. Tout ce qui procure du plaisir ou est susceptible de causer une quelconque dépendance est formellement interdit, y compris le café. À une exception près – le sexe. Dans la République Eusistocratique de Finlande, la distribution de sexe – un produit de consommation essentiel – doit être aussi efficace que possible. À cet effet, le corps scientifique gouvernemental a généré une nouvelle sous-espèce humaine, une espèce réceptive, soumise et toujours disposée. Autrefois, on les appelait les femmes.

  • Emmi Itäranta, Fille de l’eau, traduit du finnois par Martin Carayol, [Paris] : Presses de la Cité, impr. 2014, cop. 2015 – 18-Saint-Amand-Montrond : Impr. CPI Bussière.

Noria est encore adolescente quand, à la mort de son père, elle est nommée maître du thé de son village. Dans un monde qui tente de se relever d’une guerre qui a épuisé les réserves d’eau potable, la jeune fille est à présent garante des traditions d’un temps révolu et protectrice d’une source secrète que sa famille protège depuis toujours. Mais bientôt, les militaires de la Nouvelle Qian – le gouvernement qui régit la société – décident d’enquêter sur l’apparente abondance des ressources d’eau du village. Alors que l’eau se fait de plus en plus rare, Nora devra faire un choix : se battre ou coopérer…

  • Emmi Itäranta, La cité des méduses, traduit du finnois par Martin Carayol, [Paris] : Presses de la cité, DL 2017.

Sur une île sans nom où les vies humaines ont peu de poids, Eliana est une citoyenne modèle, tisseuse au prestigieux palais des Toiles. Elle est pourtant née avec une tare indicible : elle peut rêver. Le quotidien des tisseuses est bientôt perturbé par la venue d’une jeune femme à la langue coupée. Analphabète, cette dernière se trouve incapable d’expliquer ce qui lui est arrivé ou d’où elle vient. Le seul indice semble être le prénom tatouée sur sa main : « Eliana ». Eliana se découvre une connexion inexplicable avec l’inconnue et toutes deux développent une amitié qui va au-delà des mots. Très vite, les deux femmes deviennent la cible de forces décidées à les exterminer, Eliana doit alors faire appel à ce don qu’elle a toujours considéré comme une malédiction : ses rêves.


SF chinoise

Le développement de la SF chinoise a connu des hauts et des bas, en fonction de la position fluctuante du régime à son égard, évoluant de la bienveillance à l’hostilité. Jusqu’à très récemment, elle était très peu diffusée en France. Mais le prix Hugo, la plus haute distinction internationale pour la littérature de SF, décerné à Liu Cixin pour le premier volet du Problème à trois corps, a rappelé au monde que la Chine peut abriter les meilleurs auteurs. Les lecteurs occidentaux sont encore loin d’imaginer la diversité de la production, encore largement non traduite.

  • Lao She, La Cité des chats, Paris, Pocket, 1992. (édition de 1981 disponible à la BULAC)

Écrit en 1931, La Cité des chats est considéré par beaucoup comme le premier roman de science-fiction chinoise. Un voyageur chinois, dont l’avion s’est écrasé sur Mars, observe la société corrompue et décadente des Hommes-Chats, incapables de se défendre face à l’attaque d’une puissance étrangère. Un bel exemple de récit science-fictionnel décrivant le futur pour critiquer le présent, à savoir la Chine pré-révolutionnaire.

Premier volet de la trilogie. Chine, années 1960. En pleine révolution culturelle, le pouvoir lance un programme de recherche de civilisations extraterrestres. Ye Wenjie, une astrophysicienne, envoie dans l’espace un message contenant des informations sur la civilisation humaine capté par les Trisolariens, qui s’apprêtent à abandonner leur planète menacée par son système solaire.

Deuxième volet de la trilogie. Consciente de la menace d’invasion de la Terre par les Trisolariens dans près de quatre siècles, l’humanité s’organise. Les conversations et les échanges électroniques de données sont interceptés par la technologie trisolarienne des intellectrons, mais pas les pensées. Quatre humains sont donc recrutés pour mettre au point une défense, parmi eux le sociologue Luo Ji.

Dernier volet de cette trilogie. Grâce à la forêt sombre, les Terriens ont repoussé les envahisseurs trisolariens. La planète jouit d’une prospérité due aux transferts de technologie extraterrestre. L’intérêt des Trisolariens pour la culture humaine s’accroît et fait espérer une paix durable entre les deux civilisations. Mais un programme menaçant cet équilibre amène la Terre à l’heure du choix.

  • Liu Cixin, Terre errante, Arles, Actes Sud, 2020.

Dans un futur proche, la Terre se meurt et le soleil se transforme graduellement en géante rouge. Pour empêcher la fin de l’humanité, tous les États se rassemblent autour d’un projet insensé qui consiste à transformer la planète bleue en un vaisseau spatial à part entière. Cette nouvelle a fait l’objet d’une adaptation cinématographique réalisée par Frant Gwo en 2019.

  • Liu Cixin, The Supernova Era, Head of Zeus, 2020.

Collections de la BULAC, cote 43TW 851.55 CHI.

La SF en chinois s’écrit aussi à Taïwan. Avec ce roman écrit en 1996, Ta-Wei Chi fait entrer la culture queer dans l’univers SF sinophone :

  • Ta-Wei Chi, Membrane, Paris, Le livre de poche, 2017. (édition de 2015 disponible à la BULAC)

À T-ville, cité sous-marine futuriste, Momo est une jeune esthéticienne atteinte d’une grave maladie, qui vit par procuration en appliquant à ses patients une M-Skin, une membrane qui protège la peau contre les agressions extérieures, et transmet leurs expériences charnelles à la jeune femme à leur insu. Dans ce monde artificiel, les identités et les sexes se métamorphosent et se réinventent.


SF japonaise

L’imaginaire science-fictionnel japonais semble bien connu en Occident, notamment en France, premier pays lecteur de mangas après le Japon. Le succès d’Akira, notamment dans son adaptation en anime en 1988, a largement contribué à faire découvrir cet univers aux fans de SF français. Néanmoins, si le manga et l’anime de SF sont devenus familiers, ce n’est pas le cas de la littérature de SF japonaise, peu distribuée dans l’hexagone.

Immense best-seller vendu à 4 millions d’exemplaires, le plus grand succès de cet auteur majeur qu’est Sakyo Komatsu, La Submersion du Japon, décrit avec minutie les processus géologiques qui mèneraient à la disparition de l’archipel. Ce souci de description scientifique, par l’utilisation de schémas par exemple, fait de ce roman un parfait exemple du genre hard science, dont l’objectif est de construire des récits spéculatifs à partir d’hypothèses scientifiques rationnelles.

L’écorce terrestre bouge, des îles nouvelles surgissent, des volcans se réveillent provoquant raz-de-marée et tremblements de terre. Hommes politiques et banquiers s’interrogent et s’inquiètent. Comment évacuer cent dix millions de Japonais ?

  • Sakyo Komatsu (scénario), Tokihiko Isshiki (dessins), La Submersion du Japon, Nice, Panini Manga, 2008. La version manga du roman.

L’œuvre pléthorique de Yasutaka Tsutsui, débutée dans les années 1960, est aussi culte au Japon qu’elle est inconnue en France. Ambitieuse, provocatrice par moments, non dénuée d’expérimentations formelles, elle est particulièrement influente auprès des auteurs japonais de la génération suivante, et déborde largement des frontières de la SF. 

  • Yasutaka Tsutsui, Les Hommes salmonelle sur la planète porno, Paris, Wombat, 2017.

Les explorateurs et les scientifiques japonais ont surnommé Nakamura la « planète porno », car la faune et la flore qui s’y trouvent forniquent à tout va, se croisant avec n’importe quels genre et espèce jusqu’à produire un écosystème des plus étonnants. C’est ainsi qu’une de leurs collègues se retrouve enceinte. Trois hommes sont envoyés en mission pour entrer en contact avec les autochtones.

  • Ranmaru Kotone, La Traversée du temps, Paris, Asuka, 2008.

Adaptation manga du roman de Yasutaka Tsutsui. Makoto est une jeune lycéenne qui reçoit un don particulier : pouvoir traverser le temps. Tout devient alors possible : améliorer ses notes, aider des idylles, manger à répétition ses plats préférés… Mais ce don se révèle dangereux.


Ryo Hanmura a écrit, entre autres, de nombreux romans et courts récits de science-fiction, très peu diffusés hors du Japon. Ce manga permet d’avoir une idée de son univers :

  • Harutoshi Fukui (scénario), Ark performance (dessins), Commando samouraï 1549, Bruxelles, Kana, 2008.

Sur une idée originale de Ryo Hanmura. En 2010, au Japon, l’espace-temps a été aspiré par une autre époque et des militaires envoient une troupe pour observer le phénomène. Ces hommes se retrouvent propulsés en 1549. Ils deviennent la cible d’une attaque de samouraïs menée par Oda Nobugana et sont contraints de réagir. Leurs actions pourraient cependant changer toute l’histoire du Japon.


Collections de la BULAC, cote BIULO GEN.III.30588.

Sans que l’on puisse vraiment le qualifier d’auteur de science-fiction, Kobo Abe, cet auteur majeur de la seconde moitié du XXe siècle, a subtilement instillé des éléments science-fictionnels dans son œuvre, marquant de son empreinte toute la production à venir.

Peut-on imaginer la fin du monde sans Arche de Noé ? Peut-on imaginer, de nos jours, la fin du monde sous une autre forme qu’une guerre nucléaire ? Cette arche serait donc un abri antiatomique.


Ce titre majeur de Tsutsui, malheureusement introuvable en français, a été adapté en anime par le talentueux Satoshi Kon :

  • Yasutaka Tsutsui, Paprika, Alma books, 2009.

Brilliant and beautiful psychotherapist Atsuko Chiba is one of the leading brains in the Institute for Psychiatric Research. An expert in the use of ‘psychotherapy devices’ that trap a patient’s dreams and display them on a monitor, Atsuko is able to manipulate those dreams, even enter them, as an aid to psychoanalysis.


SF indienne

Collections de la BULAC, cote 41 821.1 GHO C.

Malgré sa vitalité, la production science-fictionnelle indienne est introuvable en français. Heureusement, certains titres ont été traduits en anglais, notamment les récits kalpabigyan (aventure scientifique) de Satyajit Ray en bengali, écrits entre 1965 et 1992. Plus récemment, la SF indienne s’écrit de plus en plus en anglais.

Petit fonctionnaire d’une organisation mondiale à laquelle seuls le lient son ordinateur et son omniprésente banque de données, Antar découvre un jour sur son écran les vestiges d’une carte d’identité qui a appartenu à un certain Murugan, prix Nobel spécialiste de la malaria, disparu. Antar entame une enquête qui transporte du New York de demain à l’Inde du siècle dernier.


Mondialement connu pour ses films, dont les plus célèbres sont Le Salon de musique et Le Monde d’Apu, Satyajit Ray est aussi l’auteur des aventures du professeur Shonku, un savant-inventeur excentrique. L’intérêt de Ray pour la SF aurait peut-être été mieux connu si son projet de film, The Alien, avait vu le jour. Antérieur à E.T. et singulièrement proche, le film a failli être tourné à Hollywood. Il n’en faut pas plus pour que Spielberg soit soupçonné de plagiat…

  • Satyajit Ray, The Exploits of Professor Shonku : The Diary of a Space Traveller, Londres, Puffin Books, 2004.

Ardent défenseur d’une science-fiction fondée sur des théories scientifiques vraisemblables, l’astrophysicien de renom Jayant Narlikar est l’auteur de nombreux titres en marathi et en hindi, et de quelques ouvrages en anglais.

  • Jayant Narlikar, The Return of Vaman, Springer, 2015.

When an alien container is unearthed by a crew of scientists, the enormous potential technological applications of its contents bring various criminal elements on the scene – but when the real danger becomes apparent it is almost too late to save humanity.


À mi-chemin entre la science-fiction et la fantasy, Samit Basu est le personnage central de la nouvelle génération d’écrivains de SF indiens. Le choix de l’anglais pour écrire ses ouvrages lui permet d’être diffusé sur tout l’espace indien.

  • Samit Basu, The Simoqin Prophecies, Londres, Penguin Books, 2006.

Première partie de la GameWorld Trilogy. The Prophecies foretell the reawakening of the terrible rakshas, Danh-Gem, and the arrival of a hero to face him. But heroes do not appear magically out of nowhere; they have to be found and trained. And sometimes the makers of prophecies don’t know everything they need to know… As the day of Danh-Gem’s rising draws closer and the chosen hero is sent on a quest, another young man learns of terrible things he must do in secret and the difficult choices he must make in order to save the world from the rakshas.

  • Samit Basu, The Manticore’s Secret, Londres, Penguin Books, 2005.

Deuxième partie de la GameWorld Trilogy. A mysterious Dark Lord and his grotesque army threaten all that is good on earth or do they? The heroic immortals who vanquished his rakshas father long ago have returned to do battle with the forces of evil, which is good news or is it? In the shadows a secret society of shapeshifters battles deadly mind-controlling foes who threaten history, humanity and the future of the planet. A beautiful, amoral rakshasi plots world domination while a strangely civilized barbarian fights to save the world. But the world is spinning out of control. Because the gods are back. And they want to play.

  • Samit Basu, The Unwaba Revelations, Londres, Penguin Books, 2007.

Troisième partie de la GameWorld Trilogy. Under the all-seeing eyes of the assembled gods, armies are on the move. The Game has begun. And when it ends, the world will end too… In The Unwaba Revelations, the third and concluding part of The GameWorld trilogy, a way must be found to save the world; to defeat the gods at their own game.


SF africaine

La récente émergence de la science-fiction africaine, au Nigeria et en Afrique du Sud notamment, témoigne probablement d’un nouveau regard que les habitants de ces pays portent sur leur avenir, un avenir où identité et technologie évoluent de concert, indépendamment des pays du Nord.

  • Lauren Beukes, Moxyland, Angry Robot, 2010 (Afrique du Sud).

In the near future, an art-school dropout, and AIDS baby, a tech-activist and an RPG-obsessed blogger live in a world where your online identity is at least as important as your physical one. Getting disconnected is a punishment worse than imprisonment.

  • Masande Ntshanga, Triangulum, Two Dollars Radio, 2019 (Afrique du Sud).

In 2040, the South African National Space Agency receives a mysterious package containing a memoir and a set of digital recordings from an unnamed woman who claims the world will end in ten years. Assigned to the case, Dr. Naomi Buthelezi, a retired professor and science-fiction writer, is hired to investigate the veracity of the materials, and whether or not the woman’s claim to have heard from a “force more powerful than humankind” is genuine.

  • Nnedi Okorafor, Qui a peur de la mort ?, Paris, Le livre de poche, 2018 (Nigeria, États-Unis).

En Afrique, après l’Apocalypse, une femme survit à l’anéantissement de son village et au viol commis par un général ennemi. Errant dans le désert, elle donne naissance à une petite fille à la peau blanche et aux cheveux blonds, qu’elle nomme Onyesonwu. Des pouvoirs magiques remarquables se manifestent chez l’enfant au fur et à mesure qu’elle grandit.

  • Wole Talabi, Incomplete Solutions, Luna Press, 2019 (Nigeria). Recueil de nouvelles.
Collections de la BULAC, cote 33DJ 820.2 WAB A.
  • Abdourahman Waberi, Aux États-Unis d’Afrique, Honfleur, Zulma, 2017 (Djibouti). (édition de 2005 disponible à la BULAC)

La Fédération des États-Unis d’Afrique prospère avec ses centres d’affaires et ses mégapoles, indifférente au sort des millions de réfugiés de la sanglante Euramérique qui se pressent à ses frontières. Maya, née dans un bidonville dans la banlieue de Rouen et adoptée par une riche famille kenyane, part en quête de ses origines.

Une femme tombe du ciel et s’écrase sur la route devant Bartolomeu au moment où éclate une tempête tropicale et où sa maîtresse lui annonce qu’elle le quitte. Il décide de percer ce mystère et, alors que tout change autour de lui, il découvre que la morte, mannequin et ex-miss, a fréquenté le lit d’hommes politiques, devenant gênante pour certains.


SF arabe

Pourtant dynamique, notamment en Égypte ou en Irak, la science-fiction arabe n’est pas diffusée en France. Seuls quelques titres, écrits en français peuvent être lus assez facilement dans l’hexagone.

Collections de la BULAC, cote 25DZ 861.15 DIB Q.

Dans une grande ville, soumise à des forces imprévisibles et démoniaques, des hommes patients, hébétés, aux visages de pierre, au milieu des explosions, continuent à vivre, s’enfonçant de plus en plus dans la terre pour y retrouver une racine ou un sommeil. Il n’y a plus de loi ni d’interdit. Tout peut arriver. Le héros le sait, averti par le visage mouvant et bénéfique de sa femme Nafissa.

Collections de la BULAC, cote BULAC MON 8 5476.
  • Hicham Lasri, Stati©, roman à facettes, Casablanca, La croisée des chemins, 2010. (édition de 2009 disponible à la BULAC)

Ce récit cinématographique à plusieurs facettes met en scène un futur lointain oscillant entre larmes et espoir.


Si le grand dramaturge égyptien Tawfiq al-Hakim n’est pas ce qu’on pourrait appeler un auteur de SF, il s’est essayé à la dystopie dans cette courte pièce, traduite en français, phénomène suffisamment rare pour être signalé :


Collections de la BULAC, cote 23EG 861.16 ILM.

Bien qu’écrit en anglais, ce roman dystopique dresse un portrait mordant de l’Égypte contemporaine :

En Égypte, en 2048, le Nezam tyrannise les Égyptiens. Cette organisation dictatoriale allie consumérisme et religion, régissant la vie des habitants à tous les niveaux. Donia Nour, avide de liberté, voudrait quitter le pays mais les frontières sont très surveillées et le passage en Europe coûte cher. En attendant, elle tire profit du système en épousant des hommes pour toucher la dot.


Pour aller plus loin

– Explorer les collections de science-fiction dans le catalogue de la BULAC

– Découvrir la revue Galaxies

Par Pierre Gévart, directeur de la revue Galaxies.


Citer ce billet : Nicolas Almimoff, "[Futurs d’ailleurs #1] Tour du monde science-fictionnel en 60 traductions," dans Le Carreau de la BULAC, 17 février 2020, https://bulac.hypotheses.org/22065. Consulté le 17 février 2020
  1. Sont indiquées les dernières éditions de chaque ouvrage.

[Futurs d’ailleurs #2] Portraits des contributeurs de l’exposition

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Collections de la BULAC, cote BIULO BR.8.804(1).

Ils sont onze spécialistes et passionnés de science-fiction, chercheurs, auteurs et traducteurs. Le Carreau de la BULAC vous dévoile les portraits des contributeurs de l’exposition Futurs d’ailleurs : voyage en science-fiction, présentée à la BULAC jusqu’au 27 mars 2020. Vous pourrez les rencontrer lors de la soirée d’inauguration du 25 février.


Loïc Aloisio / Chine

Pouvez-vous vous présenter ?
Loïc Aloisio

Je suis doctorant en langue et littérature chinoises à l’Institut de recherches asiatiques (IrAsia) d’Aix-Marseille Université. Ma thèse porte sur l’étude et l’analyse littéraire de la nouvelle génération d’auteurs de science-fiction chinoise, qui est en pleine poursuite d’émancipation par rapport aux anciennes générations. J’anime le carnet Hypothèses SinoSF, qui rend compte des mes recherches.

Si vous étiez un personnage de SF…

Joe Chip de Ubik.

Si vous étiez un univers de SF…

Celui du film The Thing de John Carpenter.

Que trouve-t-on dans votre bibliothèque de SF idéale ?

Tous les livres de Philip K. Dick.

Quelle(s) thématique(s) avez-vous choisi d’aborder dans l’exposition ?

La soft science-fiction et la hard science-fiction chinoise, à travers la présentation de deux auteurs représentatifs : Han Song et Liu Cixin.

Quelques-unes de vos publications / traductions ?
Han Song, Yiyuan (L’Hôpital), 2016.
Quels sont vos futurs projets ?

Tout d’abord, finir ma thèse. Puis continuer ma recherche sur la science-fiction chinoise, en l’élargissant à d’autres auteurs de la nouvelle génération.


Kawthar Ayed / Monde arabe

Kawthar Ayed
Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis docteure en littérature comparée, maître-assistante et directrice de l’Insitut supérieur des études appliquées en humanités de zaghouan (ISEAHZ) à l’université de Tunis. Je suis passionnée de science-fiction depuis mon enfance. Mes premières lectures : زائر من المستقبل (Visiteur du futur) et مدينة الأعماق (Ville sous-marine) de Nabil Farouk. Ma thèse porte sur la littérature d’anticipation dystopique et l’expression de la crise dans le monde occidental et arabe. Je suis contributrice de nooSFere et de la revue syrienne مجلة الخيال العلمي (Science Fiction Magazine).

Si vous étiez un personnage de SF…

John Sheridan (Babylon 5).

Si vous étiez un univers de SF…

Une uchronie carthaginoise.

Que trouve-t-on dans votre bibliothèque de SF idéale ?

Les collections entières de l’utopie militaire ملف المستقبل de Nabil Farouk et de fantastique ما وراء الطبيعة de Khaled Tawfik, Jules Verne, Wells, les utopies classiques, René Barjavel, Alain Damasio et bien d’autres.

Quelle(s) thématique(s) avez-vous choisi d’aborder dans l’exposition ?
Revue Galaxies SF NF, n°43, paru en 2016. © Galaxies SF NF

J’ai choisi d’aborder deux thématiques : la proto-science-fiction arabe et l’utopie arabe.

Quelques-unes de vos publications / traductions ?
  • Kawthar Ayed, « Panorama de la science-fiction arabe (et tunisienne en particulier) », in Galaxies nouvelle série n° 43/85, septembre 2016.
  • Kawthar Ayed, « La science-fiction au carrefour des arts et des sciences », actes du colloque international École, esprit critique et émancipation par le savoir, Ed. Cipa, Belgique, 2013.
  • Kawthar Ayed, « L’immigration inversée dans 2103, Le Retour de l’éléphant et l’expression de la crise », in Horizons maghrébins, Le droit à la mémoire, n° 68, p. 95, novembre 2013.
  • Kawthar Ayed, « La science-fiction arabe, une transgression littéraire pour une transgression politique », in Revue LICARC, n° 1, En deçà et au-delà des limites, éd. Classique Garnier, p. 27, octobre 2013.
  • Kawthar Ayed, « Science-fiction et éthique : questionnement sur le rapport science/conscience », UNESCO, in Cahier du Réseau Linguapax Network Bulletin 14/15, janvier 2012.
  • Kawthar Ayed, « L’Utopie dans la littérature arabe », in Causeries du Boulevard 2010, Éditions du Sagittaire, novembre 2010.
  • Kawthar Ayed, « L’utopie et l’expression de la crise dans 2103, le retour de l’éléphant », actes du colloque international jeunes chercheurs Société et énonciation dans le roman francophone tenu à l’Université Laval, Québec, Canada, les 2, 3 et 4 mai 2007.
  • Kawthar Ayed, « L’image de soi et de l’autre dans deux romans d’anticipation dystopique », in NEF, Revue officielle du Conseil International de la Francophonie, USA, n° 22.2, automne 2007.
  • Kawthar Ayed, « La fiction d’anticipation arabe sous les auspices du cauchemars », Presses universitaires de Bordeaux, collection Eidôlon, novembre 2006, Fictions d’anticipation politique, n° 73, p. 49-58.
Quels sont vos futurs projets ?

Je suis en train de réaliser un retour critique sur mes travaux de recherches antérieurs et je travaille actuellement sur l’utopie en tant que littérature d’alternatives.


Benoît Berthelier / Corée

Benoît Berthelier est maître de conférences à l’université de Sydney et traducteur, spécialiste de littérature coréenne. Sa thèse porte sur la politique du discours littéraire dans les Corées libérées (1945-1950). Dans l’exposition, il aborde la thématique de la course à l’espace entre les deux Corées.


Martin Carayol / Finlande

Martin Carayol
Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis traducteur, surtout dans les domaines technique et juridique (depuis le finnois, l’estonien, le hongrois et l’allemand), et plus épisodiquement traducteur littéraire. Je suis docteur en littératures et civilisations, ma thèse porte sur la formation du canon de la nouvelle en Finlande et en Estonie. J’ai enseigné le français de 2014 à 2017, et traduit en français les auteurs finlandais Emmi Itäranta et Pasi Ilmari Jääskeläinen. Je suis tombé dans la SF dès mes 11 ans en lisant Lovecraft et Ray Bradbury, entre autres…

Si vous étiez un personnage de SF…

Plus jeune, je m’identifiais à Wuellig, vieil homme spectateur de la déchéance de l’humanité, dans Les Ailes de la nuit, de Robert Silverberg. Dans le domaine de la SF cinématographique, je pense en premier lieu à Ripley dans la saga Alien, véritable icône pour maints amateurs de SF. La figure mystérieuse de Rork, dans les bandes dessinées d’Andreas, à mi-chemin entre science-fiction et fantastique, m’est également tutélaire et a sans doute forgé mon goût pour des œuvres qui se plaisent à égarer le lecteur dans un monde énigmatique.

Si vous étiez un univers de SF…

Les Futurs mystères de Paris, le décor de quelques-uns des meilleurs romans de Roland C. Wagner. Des romans populaires sans prétention dans un Paris à la fois dystopique (avec la mainmise des grandes entreprises mondiales sur la sphère politique) et utopique (la violence ayant quasiment disparu), bourrés de références au rock psychédélique.

Que trouve-t-on dans votre bibliothèque de SF idéale ?
Emmi Itäranta, Teemestarin kirja, Helsinki : Teos, impr. 2016, cop. 2012, collections de la BULAC, cote 11FI 841.11 ITA.

On trouve pas mal de romans de Robert Silverberg et de Roland C. Wagner, tous deux héritiers d’un certain esprit sixties et libertaire qui m’a toujours semblé se marier à merveille à la science-fiction. J’ai également un profond attachement pour les classiques de la SF allemande, Le Jeu des perles de verre (Heinrich Hesse) et Héliopolis (Ernst Jünger). Je connais assez mal la SF de ces dernières années, à part quelques exceptions comme les nouvelles de Ken Liu qui m’ont tout de suite donné l’impression d’être de futurs classiques, et en France Antoine Volodine, dont le recueil Écrivains par exemple est un chef-d’œuvre et une bonne introduction au monde carcéral et paranoïaque qu’il a créé.

Quelle(s) thématique(s) avez-vous choisi d’aborder dans l’exposition ?

J’ai choisi l’écologie car c’est un thème au cœur de l’œuvre de plusieurs des principaux auteurs finlandais de science-fiction. On aurait également pu penser au féminisme, sujet tout à fait prégnant dans la SF finlandaise de ces dernières années.

Quelques-unes de vos publications / traductions ?
  • Emmi Itäranta, Fille de l’eau, trad. du finnois par Martin Carayol, [Paris] : Presses de la Cité, impr. 2014, cop. 2015 – 18-Saint-Amand-Montrond : Impr. CPI Bussière.
  • Pasi Ilmari Jääskeläinen, Lumikko, trad. du finnois par Martin Carayol, [Paris] : Éditions de l’Ogre, 2016.
  • Emmi Itäranta, La cité des méduses, trad. du finnois par Martin Carayol, [Paris] : Presses de la cité, DL 2017.
Quels sont vos futurs projets ?

En matière de traduction littéraire, je n’ai rien de prévu car la traduction technique et juridique m’occupe désormais beaucoup ! J’ai en revanche plusieurs projets de recherche, en particulier une étude sur la littérature post-lovecraftienne, autour de l’auteur suédois Anders Fager, et un article tiré de ma thèse, sur les processus de canonisation. À terme, j’envisage d’écrire une Histoire de la littérature finlandaise puisqu’il n’en existe aucune en français. J’aimerais également publier une Anthologie du fantastique finlandais (et une autre pour le fantastique estonien).


Hemlata Giri-Loussier / Inde

Hemlata Giri-Loussier
Pouvez-vous vous présenter ?

Titulaire d’un doctorat en littérature française de l’université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, je m’intéresse aux études comparatistes entre la littérature française, anglaise et indienne pour diversifier mes recherches. J’ai travaillé pendant deux ans en tant qu’ATER en section d’hindi à Aix-Marseille Université et j’ai participé à l’axe de recherche « Littératures d’Asie et traduction » de l’Institut de recherches asiatiques (IrAsia / UMR 7306). Aussi, j’ai traduit quelques récits, poèmes, extraits des romans et du théâtre indiens pour le journal Impressions d’Extrême-orient (IDEO). Actuellement, je suis membre associé de l’équipe IrAsia d’Aix-Marseille Université et j’enseigne l’anglais dans l’enseignement secondaire et supérieur.

Si vous étiez un personnage de SF…

The Time Traveller dans le roman The Time Machine de H.G.Wells. 

Si vous étiez un univers de SF…

Je serais dans l’univers de Jules Verne surtout dans son roman Voyage au centre de la terre. Ce roman m’a donné le goût pour la science-fiction qui reste un classique. J’aime vraiment la littérature du 19e siècle que ce soit la littérature française, anglaise ou hindi. 

Satyajit Ray, Punasca Profesora Śanku, Ḍhākā : N̄auroja Kitābistān, 1993, collections de la BULAC, cote BIULO INDBE.III.1548.
Que trouve-t-on dans votre bibliothèque de SF idéale ?

Frankenstein de Mary shelly, Dune de Frank Herbert, The Time Machine de H. G. Wells, 1984 de George Orwell, Voyage au centre de la terre de Jules Verne, The Left Hand of Darkness de Ursula K. Le Guin, La possibilité d’une île de Michel Houellebecq, The Gameworld Trilogy de Samit Basu, The Diary of a Space Traveller and Other Stories de Satyajit Rayplusieurs romans de Jayant Narlikar parmi d’autres et ma dernière possession est The Testaments de Margaret Atwood.

Quelle(s) thématique(s) avez-vous choisi d’aborder dans l’exposition ?

Le genre de la science-fiction dans la littérature indienne n’a pas été très connu avant l’apparition des romans anglophones. J’ai choisi de présenter les trois phases phares de la science fiction indienne par le biais de Satyajit Ray qui est un cinéaste indien mondialement connu pour ces films, mais aussi par l’astrophysicien indien Jayant Narlikar qui a donné un nouvel élan au genre de la science-fiction indienne. Ces deux auteurs ont beaucoup nourri mon imagination pendant mon enfance. Cette exposition est une façon de leur rendre hommage. Mais j’ai aussi voulu inclure Samit Basu pour son originalité et son imagination qui a fait surgir ce genre parmi les publics indiens qui ne lisaient que les œuvres de sci-fi des auteurs anglophones. Mon objectif est de faire connaître cet univers indien si différent et riche néanmoins si mal connu dans le monde. 

Quelques-unes de vos publications ?
  • Hemlata Giri-Loussier, « La continuité ou la fin du mythe gandhien ? étude sur Great Soul : Mahatma Gandhi and his struggle with India de Joseph Lelyveld (2011) », in La vérité d’une vie, Honoré Champion, Paris, 2019, p. 87-97.
  • Hemlata Giri-Loussier, « L’émergence des littératures de l’imaginaire dans la littérature contemporaine indienne », in Impressions d’Extrême-Orient [En ligne], 8 | 2018.
  • Hemlata Giri-Loussier, « Une version féminine du mythe de Mahābhārata en littérature indienne contemporaine : enjeux et critiques sociétaux de la réécriture du mythe féminin », in Les mythes féminins et leurs avatars dans la littérature et les arts, éditions Indigo – Côté femmes, décembre 2018, p. 175-188.
  • Hemlata Giri-Loussier, « L’école comme le berceau de l’éducation intégrale et laïque à la fin du XIXe siècle dans les romans Travail (1901) et Vérité (1902) d’Émile Zola », in Tableaux d’école : Brouillages génériques, édition Orizons, 2018.
  • Hemlata Giri-Loussier, « Quel dispensateur du destin de l’Inde faut-il appeler ? », in Impressions d’Extrême-Orient [En ligne], 7 | 2017.
  • Hemlata Giri-Loussier, « Le Seigneur androgyne de Perumal Murugan », in Impressions d’Extrême-Orient [En ligne], 6 | 2016.
Quels sont vos futurs projets ?

Je vais continuer d’enseigner anglais dans l’enseignement secondaire et supérieur. En parallèle, je souhaiterais poursuivre mes recherches de façon comparatiste en pivotant entre les sphères francophones, anglophones et hindiphones et je vais continuer mes traductions des œuvres littéraires la littérature indienne.


Patrice Lajoye

Patrice Lajoye / URSS

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis ingénieur d’études au CNRS, mais aussi, sur mon temps libre, historien des religions, spécialisé dans le domaine de la mythologie comparée. Je m’intéresse cependant aussi beaucoup à la science-fiction, et avec ma femme Viktoriya, nous travaillons à faire connaître la littérature fantastique et la science-fiction russe et ukrainienne (et d’une manière générale de l’ancien espace soviétique. Nous avons cofondé les éditions Lingva.

Si vous étiez un personnage de SF…
Illustration de L. Birioukov pour les Légendes des capitaines stellaires, de Guenrikh Altov (1961).

Batu, dans Ghost in the Shell.

Si vous étiez un univers de SF…

Star Trek. Ou l’Univers du Midi, des frères Strougatski, qui lui est très proche.

Que trouve-t-on dans votre bibliothèque de SF idéale ?

Les Seigneurs de l’Instrumentalité, de Cordwainer Smith, Stalker des frères Strougatski, L’Invincible de Stanislaw Lem, Les Chroniques martiennes de Ray Bradbury, les trois premiers volumes du cycle de Fondation, d’Isaac Asimov, Le Fleuve des dieux de Ian McDonald…

Quelle(s) thématique(s) avez-vous choisi d’aborder dans l’exposition ?

L’altérité. Le monde soviétique tendait vers l’uniformisation : c’est du coup une question importante dans sa science-fiction.

Quelques-unes de vos publications / traductions ?

Dimension RussieDimension URSS et bientôt Dimension Russie impériale, trois anthologies qui, je l’espère, offrent un panel représentatif de ce qui s’est fait dans ce domaine. Et Étoiles rouges, essai co-écrit avec Viktoriya, pour commenter le tout…

  • Patrice Lajoye et Viktoriya Lajoye, Dimension Russie, Encino (Calif.) : Black coat press, 2010.
  • Patrice Lajoye et Viktoriya Lajoye, Dimension URSS, Encino (Calif.) : Black coat press, 2009.
  • Patrice Lajoye et Viktoriya Lajoye, Étoiles rouges. La littérature de science-fiction soviétique, Paris, Piranha, collection « Incertain futur », 2017.

Patrice et Viktoriya Lajoye ont obtenu le Grand Prix de l’Imaginaire 2018 pour cet essai. En octobre 2017, Patrice Lajoye était l’invité de l’émission « Mauvais genres » sur France Culture.

Quels sont vos futurs projets ?

Dans le domaine de la SF, je travaille actuellement à un blog consacré au cinéma fantastique et de science-fiction soviétique et russe, qui se transformera peut-être un jour en livre. Viktoriya et moi avons traduit un roman de fantasy préhistorique de Vladimir Bogoraz, qui sortira cette année chez Callidor. Et pour mai prochain, nous ferons paraître chez Lingva une énorme anthologie du fantastique classique…


Timour Muhidine et Alexandre Toumarkine / Turquie

Pouvez-vous vous présenter ?
Timour Muhidine

Timour Muhidine :

Je suis maître de conférences à l’Inalco, traducteur, éditeur, auteur, spécialiste de la littérature turque. Je suis intéressé par la littérature de science-fiction et toutes les « marges » de la littérature produite en Turquie…

Alexandre Toumarkine

Alexandre Toumarkine :

Je suis professeur des universités à l’Inalco, spécialiste de l’histoire de l’Empire ottoman finissant et de la République turque. Je travaille, entre autres choses, sur l’ésotérisme, l’occultisme, le spiritisme et l’ufologie.

Si vous étiez un personnage de SF…

Timour Muhidine : Yor, le chasseur du futur. Celui qui passe allègrement de la préhistoire au futur technologique, et assomme un tricératops au besoin !

Alexandre Toumarkine : Un super-héros décalé des nanars du cinéma SF turc – le personnage d’Ömer le Touriste dans Turist Ömer Uzay yolunda de Hulki Saner (1973) – ou kurde – Genco (2017) du réalisateur Ali Kemal Çınar.

Si vous étiez un univers de SF…

Timour Muhidine : Une terre désertique et désolée où subsistent de rares oasis, où l’humain s’efforce de survivre. Dans l’ombre des catastrophes à répétition.

Alexandre Toumarkine : Le monde inversé du film franco-canadien du réalisateur Juan Solanas, Upside Down (2012) qui fait se toucher deux planètes aux gravités opposées.

Que trouve-t-on dans votre bibliothèque de SF idéale ?

Timour Muhidine : Le roman fondateur de HG Wells – La Guerre des mondes – et tous les textes de Philip K. Dick !

Alexandre Toumarkine : Côté français, Pierre Boulle, La planète des singes (1963), et Robert Merle, Un animal doué de raison (1967), pour leur intuition précoce de la nécessaire révision de notre regard sur les animaux. Outre-Atlantique, H. P. Lovecraft pour Dagon (1917), L’Appel de Cthulhu (1926) et Les Montagnes hallucinées (1931). Mais ma bibliothèque idéale de SF, celle que j’emmènerais dans l’espace – est surtout une cinémathèque où Blade Runner (1982) côtoie Interstellar (2014) !

Quelle(s) thématique(s) avez-vous choisi d’aborder dans l’exposition ?
Uzaylılar, Genel Bilgiger, Istanbul , 1978.

À l’origine, nous voulions mêler un rapide tour d’horizon de la science-fiction (plutôt Timour) et un focus sur les extraterrestres (plutôt Alexandre). Cependant, par manque de place, nous avons décidé d’évoquer plus brièvement la science-fiction littéraire, ou, comme les Ottomans l’appellent « le roman scientifique », et de nous concentrer sur les petits hommes verts. Ce qui réunit notre approche des deux thèmes est la combinaison de l’influence occidentale et de l’élaboration d’une matière, et d’une manière proprement turque. Une deuxième interrogation nous est commune : la question des genres et des registres de la SF turque, en littérature, mais également dans la bande-dessinée et le cinéma, vecteurs plus récents de la culture de masse. Quant aux extraterrestres, nous avons cherché à comprendre de quoi ils sont le nom en Turquie et ce qu’ils disent des mutations sociales et sociétales du pays. Des Persans de Montesquieu jusqu’aux extraterrestres en Turquie, c’est un peu la même question pour une société : se regarder et parler de soi, sans cacher ses travers.

Quelques-unes de vos publications ?

Timour Muhidine : Je prépare un gros volume sur l’histoire du spiritisme ottoman et turc et de ses succédanés, dont l’ufologie. En Turquie, les Martiens sont en quelque sorte, … les petits-fils des esprits des tables tournantes !

Alexandre Toumarkine : J’ai toujours en chantier une anthologie des écrivains turcs et la Première Guerre mondiale… Une sorte de science-fiction vue d’Europe ! Mais j’envisage de traduire un texte de SF turque pour diffuser un peu le regard des Turcs sur l’utopie et la critique politique auxquelles plusieurs romans recourent.

Quels sont vos futurs projets ?

Nous sommes en train de préparer un volume collectif intitulé Les Turcs perdent la boule. Occultisme, humeurs sombres et science-fiction, qui devrait sortir en 2021. Un livre un peu savant où la fantaisie, les portraits de profils frondeurs et décalés auront leur place…


Ketty Steward / Afrique du Sud, Nigéria, Sénégal

Ketty Steward
Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis poétesse, autrice de textes fantastiques, réalistes et de science-fiction. Autrice d’une cinquantaine de nouvelles parues dans des revues ou des anthologies thématiques, j’ai été critique pendant plusieurs années pour ActuSF et ai assuré en 2017 et 2018 la direction de deux numéros spéciaux de la revue Galaxies consacrés à l’Afrique. J’ai récemment écrit pour France Culture Eugénie Grandit, ma première fiction radiophonique. Je suis par ailleurs psychologue clinicienne, conseillère principale d’éducation, formatrice en secourisme et présidente du réseau Université de la Pluralité.

Si vous étiez un personnage de SF…

Lauren, héroïne de La Parabole du Semeur (Parable of the Sower) d’Octavia Butler. C’est une jeune femme, affligée d’hyper-empathie, qui parvient à imaginer une pensée alternative et positive, dans un monde effondré. Elle crée et met en forme « Semence de la terre », une philosophie humaniste et pacifiste, inimaginable dans un monde où les uns luttent contre les autres pour leur seule survie. Ce genre de super-pouvoir me semble admirable.

Si vous étiez un univers de SF…

Anarres, la planète mise en scène pas Ursula Le Guin dans Les Dépossédés (The Dispossessed) et où s’expérimente un mode de vie conforme aux principes anarchistes. Une utopie réaliste et une expérience audacieuse.

Que trouve-t-on dans votre bibliothèque de SF idéale ?

Des classiques du genre, comme Dune de Frank Herbert, Bradbury, Philip K.Dick, mais de plus en plus de voix nouvelles. En particulier, j’essaie d’avoir sous la main des œuvres de femmes, comme Catherine Dufour, Sylvie Laîné, Luvan et Li Cam, pour la France ou Ursula Le Guin, Nora K. Jemisin, Nnedi Okorafor ou Sofia Samatar, … pour les États-Unis. C’est l’occasion de lire autre chose que des conquêtes, des rapports de force ou des angoisses face à nos créations technologiques.

Quelle(s) thématique(s) avez-vous choisi d’aborder dans l’exposition ?
Revue Omenana, n°10, paru en septembre 2017. © Omenana

Face à l’impossibilité de résumer la production d’un continent aussi vaste que le continent africain, j’ai choisi trois pays et pour chacun une problématique qui lui est propre, mais est susceptible de se retrouver dans d’autres pays d’Afrique, mais aussi, ailleurs sur Terre. Ce n’était pas simple de choisir, mais j’ai finalement opté pour :

– Le Nigéria et la problématique des grands nombres, notamment pour ce qui est de sa population ;

– Le Sénégal et le lien avec son passé colonial : quel futur construire sur ces questions ?

– L’Afrique du Sud, avec la question de l’Altérité qui se rattache à l’Apartheid et à ses conséquences, mais aussi aux rencontres extraterrestres chères à la science-fiction.

Il me semble que ces questions, bien que pouvant être ancrées dans un territoire, transcendent les frontières, comme le fait souvent la bonne science-fiction.

Quelques-unes de vos publications ?

L’essentiel de mon travail est constitué de nouvelles, une cinquantaine à ce jour. J’ai également publié des recueils et romans :

  • Ketty Steward, Confessions d’une Séancière, Mü éditions, collection Le labo du Mü, 2018. Ketty Steward a été nominée au Prix Imaginales 2019 (catégorie nouvelles) pour ce recueil.
  • Ketty Steward, Noir sur blanc, éditions Henry, collection La vie, comme elle va, 2012.
  • Ketty Steward, Connexions Interrompues, Éditions Rivière Blanche, 2011.
  • Ketty Steward, Je ne sais pas appartenir, Arbre d’Or, 2006. Ce recueil de poésie résonne 17 ans après, face aux injonctions identitaires des uns et des autres.
Quels sont vos futurs projets ?

Continuer. J’ai un roman prévu pour l’automne prochain aux éditions Mu. L’Évangile selon Myriam est un texte de science-fiction post-apocalyptique qui s’intéresse aux récits collectifs et à la notion de vérité. Plusieurs nouvelles sont programmées dans des anthologies et revues et un recueil de nouvelles de science-fiction est en lecture.


Bounthavy Suvilay / Japon

Pouvez-vous vous présenter ?
Bounthavy Suvilay

Je suis docteure en littérature et spécialiste de la pop culture japonaise. Ma thèse porte sur l’histoire de la réception et la recréation de la licence media mix Dragon Ball (manga, anime, jeux vidéo) en France. Journaliste freelance après avoir été rédactrice en chef d’IG Magazine, j’ai travaillé pour diverses publications spécialisées consacrées au jeu vidéo, au manga et à l’animation. J’ai également publié des articles dans des revues universitaires et collaboré à des expositions pour le Festival de la BD à Angoulême.

Si vous étiez un personnage de SF…

Un Tachikoma. Il s’agit de tanks intelligents qui apparaissent dans l’univers de Ghost in the Shell. Masamune Shirow s’est inspiré d’un certain type d’araignée ne faisant pas de toile mais utilisant les fils de soie comme lasso pour attraper les proies et se déplacer. Il s’agit donc d’un design inspiré de la nature (un peu comme l’avant des trains à grande vitesse au Japon) mais dans un univers cyberpunk. J’aime beaucoup les Tachikoma car les différents véhicules partagent une même mémoire et peuvent dialoguer entre eux dans le cyberspace pour se mettre mutuellement à jour. Ils sont dotés d’une voix féminine un peu enfantine qui contraste fortement avec leur fonction militaire.

Si vous étiez un univers de SF…

Soit l’univers du jeu vidéo Final Fantasy VII soit l’un de ces romans où les héros sont prisonniers d’un MMORPG. De cette manière je peux à la fois être dans une intrigue reposant sur un procédé narratif issu de la SF (mondes parallèles) et profiter du contexte heroic fantasy.

Que trouve-t-on dans votre bibliothèque de SF idéale ?

On y trouve les œuvres de Yasutaka Tsutsui (筒井 康隆) comme Toki wo Kakeru Shōjo (時をかける少女) et Paprika (パプリカ). J’ai découvert ses œuvres par le biais des adaptations en longs métrages d’animation par Satoshi Kon (今敏) et Mamoru Hosoda (細田 守). Je trouve qu’il est assez drôle et provoquant. Et j’aime beaucoup le fait que l’auteur ait protesté contre le politiquement correct et la censure insidieuse qu’elle diffuse.

Quelle(s) thématique(s) avez-vous choisi d’aborder dans l’exposition ?
Image de la série Fushigi no Umi no Nadia [Nadia, le secret de l’eau bleue], 1990-1991.

J’ai abordé le lien entre Jules Verne et la SF japonaise pour montrer les filiations entre des imaginaires qui se sont développés à différentes époques et lieux. J’ai aussi esquissé des pistes au sujet des influences graphiques mutuelles entre le Japon et l’Occident. Je voulais montrer comment les représentations graphiques s’insèrent dans des traditions particulières.

Quelques-unes de vos publications ?
Quels sont vos futurs projets ?

Je viens juste d’achever l’écriture d’un livre à paraître au deuxième trimestre 2020. Il est consacré au réalisateur Satoshi Kon (今敏). Pour le moment, je n’ai pas vraiment de projets en cours. Mais si vous avez des suggestions, je suis preneuse !


Denis Taillandier / Japon

Denis Taillandier
Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis maître de conférences à la faculté des relations internationales de l’université Ritsumeikan (Kyoto, Japon). J’y donne quelques cours sur la culture populaire japonaise, notamment sur le développement de la science-fiction dans l’archipel. Mes recherches portent sur la science-fiction japonaise et plus précisément sur l’imaginaire des sciences et des technologies. J’ai d’ailleurs consacré ma thèse à l’imaginaire des nanotechnologies dans la science-fiction japonaise (1960-2010), du point de vue des études culturelles et des théories sur l’imaginaire. J’ai également traduit quelques nouvelles d’auteurs japonais, parmi lesquels Hoshi Shin’ichi, Ueda Sayuri, Tobi Hirotaka et Fujii Taiyō. 

Denis Taillandier a remporté en 2013 le prix spécial du jury pour le 8e concours de critique de science-fiction au Japon.

Si vous étiez un personnage de SF…

Gally (Gunnm).

Si vous étiez un univers de SF…

L’Ekumen, peut-être.

Que trouve-t-on dans votre bibliothèque de SF idéale ?

Une salle de l’esprit et du temps et une sélection aussi hétéroclite que possible de romans, nouvelles, bandes-dessinées, films, dessins animés, séries et jeux vidéo (sans oublier la musique) !

Quelle(s) thématique(s) avez-vous choisi d’aborder dans l’exposition ?
Satoshi Hase, My Humanity, Tokyo : Hayakawa shobō, 2015.

La science-fiction japonaise du 21e siècle et la façon dont elle explore la superposition du réel et du fictionnel à notre époque.

Quelques-unes de vos publications / traductions ?
Quels sont vos futurs projets ?

Je dirige la publication d’un recueil de nouvelles de science-fiction japonaise chez Atelier Akatombo. Le volume devrait paraître aux alentours de novembre 2020. Je m’occupe aussi d’un dossier spécial IA pour un numéro de la revue Galaxies, dont la sortie est prévue l’année prochaine.


Citer ce billet : Juliette Pinçon, "[Futurs d’ailleurs #2] Portraits des contributeurs de l’exposition," dans Le Carreau de la BULAC, 19 février 2020, https://bulac.hypotheses.org/24750. Consulté le 20 février 2020

[Futurs d’ailleurs #3] La revue CAFÉ, Collecte Aléatoire de Fragments Étrangers – #1 : Futurs

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Pour son premier numéro, la revue CAFÉ a choisi d’explorer la pluralité des Futurs. C’est l’aboutissement d’un projet original porté par de jeunes traducteurs et traductrices. Un projet pensé pour durer, et tourné vers le public et les lecteurs.

Ligne éditoriale

CAFÉ est une revue de littérature étrangère consacrée aux « autres littératures », aux textes écrits dans des langues moins lues et moins traduites en France… soit à peu près toutes, exceptées celles écrites dans les langues d’Europe occidentale parfois qualifiées de « grandes » !

Ce choix reflète le lieu de naissance de la revue, l’Inalco, où une centaine de langues sont enseignées, de l’albanais au wolof, en passant par le quechua ou le cantonais. Il s’agit de mettre en lumière une littérature plurielle qui dépasse non seulement les frontières nationales, mais aussi les hiérarchies existant entre les langues : les « dialectes », les langues régionales et celles de tradition orale ont ainsi toute leur place entre nos pages.

Il s’agit pour nous, sans attendre, de mettre en avant le rôle de la traduction dans l’existence de la littérature étrangère.

Genèse de la revue

Formés à l’Inalco et à ses langues orientales, nous voulions faire connaître des littératures dont la valeur n’est pas d’être exotiques mais d’être autres et de dire quelque chose sur des aires culturelles souvent méconnues. Et tout en mettant en lumière ces textes étrangers, nous cherchions aussi à rappeler aux lecteurs ce qu’ils doivent aux traducteurs.

CAFÉ, c’est une Collecte, car le traducteur est aussi un farfouilleur. Une collecte Aléatoire, car nous n’avons encore aucune idée du rythme de parution. Il s’agissait de réunir des Fragments (il fallait bien une lettre F). Enfin, Étrangers, car c’est tout de même l’objet de cet objet. Nous voulions traduire, mais aussi éditer, diffuser… collectivement, en confrontant nos différends et en additionnant nos différences.

#1 : Futurs

Dans le premier numéro, une dizaine de traducteurs vous font découvrir des textes qui se conjuguent au Futur. De la science-fiction bien sûr, mais pas seulement : des touches de poésie, des regards sur la crise sociale ou la résistance…

Pour vous mettre l’eau à la bouche, voici le sommaire du premier CAFÉ !

  • Quelqu’un qui ne ressemble à personne (کسی که مثل هیچ کس نیست), Forough Farrokhzâd
    Quand un enfant rêve à l’arrivée d’un Messie (poésie traduite du persan par Sepideh Nikoukar)
  • Autocollant (Αυτοκόλλητο), Yannis Palavos
    Une satire onirique de la crise (nouvelle traduite du grec par Clara Nizzoli)
Photo : Clément Buée
  • Cœur Blessé (Cegerxwîn), Menaf Osman
    Un avenir entre lutte et amour (nouvelle traduite du kurde par Firat Baran et Sibel Er)
  • Au travail (퇴근 ), Cheon Myeong-Kwan
    Une dystopie humaniste contre le capitalisme (extrait de roman traduit du coréen par Callisto Vesin)
Photo : Clément Buée
  • Statistiques (Statistika), Karel Poláček
    Après le bac, on verra… (nouvelle traduite du tchèque par Chantal Dauphin)
  • Relation programmée (Tervezett kapcsolat), János Lackfi
    Désamours robotiques (nouvelle traduite du hongrois par Roxana Giba)
  • En l’an un million (في سنة مليون)Tawfiq al-Hakim
    Sans Dieu ni Mort : un futur en quête d’avenir (nouvelle traduite de l’arabe par Florian Targa)
  • L’employé de garde (Päivystäjä), Leena Krohn
    Le business de la vie éternelle (nouvelle traduite du finnois par Élisa Morange)
  • XixilajiaLes planètes invisibles (看不见的星球), Hao Jingfang
    Une planète imaginaire et utopique (nouvelle traduite du chinois par Morgane Kervinio)
  • Dans la peur invisible, nous avons vu (見えない恐怖のなかでぼくらは見た), Maeda Arata
    Imaginer demain après Fukushima (poésie traduite du japonais par Clément Dupuis)

Le futur de CAFÉ

Aujourd’hui, plus nombreux et plus qualifiés, nous continuons d’apprendre à traduire, à éditer et à travailler ensemble. Depuis novembre 2019, nous nous attelons à la préparation du deuxième numéro, qui portera sur le thème « Silence ». Une nouvelle occasion pour nous de faire entendre des langues et des littératures méconnues.


L’association Translations sera présente à la soirée d’inauguration de l’exposition Futurs d’ailleurs : voyage en science-fiction, le mardi 25 février. De 18h30 à 22h, venez découvrir la revue et échanger avec son équipe de rédaction dans le foyer de l’auditorium du Pôle des langues et civilisations.

La revue CAFÉ est consultable à la BULAC. Photo : Maxime Ruscio / BULAC

Citer ce billet : Association Translations, "[Futurs d’ailleurs #3] La revue CAFÉ, Collecte Aléatoire de Fragments Étrangers – #1 : Futurs," dans Le Carreau de la BULAC, 21 février 2020, https://bulac.hypotheses.org/23795. Consulté le 21 février 2020

Portrait de chercheur : Jeremy Corral

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Questions à…. Jeremy Corral, doctorant à l’Inalco en études japonaises.

Attaché temporaire d’enseignement et de recherche (ATER) à l’Inalco, au Département d’études japonaises

Doctorant en fin de thèse rattaché à l’Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est (IFRAE) à l’Inalco, Jeremy Corral est de retour en France après un séjour de quelques années au Japon. Il travaille sur l’histoire de la musique contemporaine japonaise, en s’intéressant plus particulièrement aux pratiques expérimentales. Pour ce sujet, encore très peu traité de la recherche (tout particulièrement sous l’angle des études japonaises) il essaie de dégager dans leur évolution et leurs dynamiques diverses les ressorts de la création, en tirant les liens qui traversent les pratiques, les époques, les économies de la musique. Il s’agit bien entendu de prendre garde à ne pas faire de raccourci abrupt, mais il existe indéniablement une certaine forme de continuité, dont les traces sont parfois infimes, d’un endroit à l’autre.

Hypothèse : mettre en perspective ces résultats avec ceux déjà obtenus dans le champ plus général de l’art japonais, à propos duquel les travaux de recherche ont démarré un peu plus tôt, pourrait permettre de réarticuler la musique à des orientations déjà mises au jour.

 

Quel est votre parcours ?

J’ai fait des études d’histoire de l’art et de sciences de la communication à l’Université des sciences humaines de Nice, de cinéma à la Sorbonne-Nouvelle, puis d’études japonaises à l’Inalco avant de commencer un doctorat, toujours en études japonaises à l’Inalco. Le lien à la musique peut sembler diffus de prime abord, mais je pense que mon parcours un peu inhabituel est en réalité une force ; il constitue un bagage pluridisciplinaire qui me permet de ménager quelques approches croisées. Je m’intéresse beaucoup par exemple à la question de l’utilisation des médias et des supports d’enregistrement en tant qu’éléments de la création.

En parallèle j’ai aussi œuvré par le biais d’une microstructure autogérée pour la production et la distribution de disques d’artistes asiatiques et plus particulièrement japonais, ce qui m’a permis dans le même temps de poser un regard plus resserré sur la scène actuelle. Dans le cadre de ma thèse, j’ai eu l’opportunité d’obtenir un financement de la Fondation Canon en Europe grâce auquel j’ai pu m’installer dans la région du Kansai et être accueilli à l’Université des arts d’Ōsaka. Ōsaka est le siège d’une activité artistique et musicale intense. C’est une ville passionnante – dans laquelle on mange bien par ailleurs.

Photographie personnelle de Jeremy Corral, dans l’ancienne école primaire d’Akizuno à Tanabe

Voir les photographies du Japon de Jeremy Corral

Comment expliqueriez-vous vos recherches actuelles aux lecteurs du Carreau de la BULAC ?

Le sujet de ma thèse porte sur les débuts de la musique électroacoustique au Japon, avec pour cadre la production du studio de musique électronique de la NHK, le groupe audiovisuel public du pays. Le terme de musique électroacoustique désigne toute musique élaborée par des moyens électriques dont le rôle ne se limite pas à l’enregistrement et à l’amplification des sons, selon la définition proposée par le musicologue Leigh Landy1. Il s’agit de musiques dont les sources sonores peuvent être diverses, et dont le matériau fait l’objet d’un traitement particulier visant à privilégier l’effet. La musique électroacoustique naît après la Seconde Guerre mondiale, autour de compositeurs et d’ingénieurs du son désireux d’explorer les possibilités techniques qu’offrent les nouveaux outils de production sonore dans une intention musicale. Les structures radiophoniques, lieux à même de regrouper et de mettre à profit le matériel adéquat à cette recherche, jouent un rôle majeur dans le développement de cet art. Plusieurs manières de faire la musique électroacoustique émergent de manière synchronique au sein de plusieurs foyers, ou « écoles », dont les plus célèbres, ou les plus visibles, sont la France, l’Allemagne, l’Italie, les États-Unis. Le Japon est en réalité lui aussi l’auteur d’une production électroacoustique très ambitieuse et originale, élaborée dans le même temps, mais qui reste très largement méconnue, pour ne pas dire ignorée. Mon travail consiste à constituer l’histoire et à dégager les particularités esthétiques de cette musique, en la considérant par le biais d’un rapport dialectique opéré avec la création occidentale. Quelques-uns des plus importants ingénieurs du son et compositeurs ayant travaillé à la NHK ont collaboré à la fin des années 1960 à la fondation d’un studio de musique électroacoustique à l’Université des arts d’Ōsaka. Un fonds d’archives encore pratiquement inexploité concernant la production de la NHK s’y trouve. C’est ce qui a motivé mon départ pour là-bas.

Quels sont les événements scientifiques qui vous ont inspiré récemment ?

Comme je le disais précédemment, la musique électroacoustique japonaise est un objet d’étude extrêmement récent, et ce même au Japon ! Seulement une poignée d’articles ont été écrits sur le sujet depuis une vingtaine d’années, mais rien qui n’ait réellement la prétention d’embrasser la production dans son entier et de la contextualiser au sein des dynamiques historiques, culturelles et artistiques de son temps. En l’absence de relevé systématique réalisé par la NHK et les autres structures de production, il était d’ailleurs depuis peu très difficile de vraiment cerner les contours de ce qui avait été réalisé. Aux États-Unis, en France, des programmes de recherche ont été menés pour constituer des inventaires, mais au Japon des lacunes demeuraient, les sources étant mal identifiées. Un chercheur indépendant, Kōji Kawasaki, a pu proposer il y a une dizaine d’années une étude archivistique absolument remarquable sur le sujet2. Cela représente désormais un point d’ancrage incontournable pour le futur de la recherche. Mais en réalité tout est encore à faire : il s’agit désormais de s’emparer des sources révélées et d’en analyser les données.

Quel est votre rapport à la BULAC ?

Je me rends à l’Inalco les jours où je donne cours, c’est-à-dire deux fois par semaine, et en profite pour venir à la BULAC où je me pose pour travailler. Il m’arrive d’utiliser un carrel, mais j’aime aussi observer les mouvements de va-et-vient et l’application – la lassitude aussi quelquefois – des étudiants face à leurs documents et leur ordinateur dans la salle du rez-de-chaussée. La BULAC est la seule bibliothèque que je fréquente régulièrement. Fonctionnelle et dotée d’une riche collection d’ouvrages en rapport avec les études japonaises, elle m’est agréable au point d’y être resté, parfois, jusqu’au bout de la nuit. Curieuse sensation que de constater la vitesse avec laquelle le jour, par-delà les fenêtres, vient, en se levant, nous indiquer qu’il est temps de se montrer raisonnable et de rentrer chez soi.

Un titre d’ouvrage inspirant issu du catalogue de la BULAC ?

Je dirais que Radicals and Realists in the Japanese Nonverbal Arts – The Avant-garde Rejection of Modernism de R. H. Havens3 est un ouvrage tout à fait stimulant. Havens dépeint l’activité artistique du Japon d’après-guerre en se focalisant comme l’indique le titre sur les expressions non verbales, dont la musique. Traiter de musique dans un ouvrage consacré à l’art général est loin d’être une évidence : très peu s’y risquent, tant elle convoque un travail d’analyse formel très spécifique. Il n’est pourtant pas impossible d’en parler, si on replace l’écoute au centre du procédé d’approche ; ce à quoi se prête d’ailleurs fort bien l’appréhension de la musique électroacoustique par exemple, qui volontairement s’éloigne des structures traditionnelles. La musique japonaise, pour être mieux comprise dans ses dynamiques globales, doit nécessairement se rapprocher des autres arts : c’est avec une grande pertinence que Havens propose de renouveler notre regard à son égard.

Jeremy Corral par Maxime Ruscio/BULAC

Parlez-nous de votre livre !

J’ai publié en 2019 une monographie sur la musique noise japonaise, Japanoise – Extrémismes et entropie4.

Japanoise, de Jeremy Corral

La noise est un courant bruitiste dérivé du rock et du punk qui depuis la fin des années 1970 s’applique à défaire les formes existantes pour proposer une sorte de déflagration continue à vocation cathartique. Les Japonais ont une relation particulière à la noise : d’abord objet de pratiques destinées à forger des identités strictement locales, celle-ci s’est constituée plus tard, au moment de sa circulation à l’échelle internationale, comme une expression cristallisant ce qui est imaginé comme une émanation du caractère purement japonais. Un ethnomusicologue américain, David Novak, parle très bien, d’un point de vue surplombant, de ce rapport dialectique composé avec la réception internationale dans un ouvrage publié plus tôt5. Ma contribution tente de replacer ce rapport dans une perspective diachronique de la création bruitiste, en m’intéressant à l’œuvre de quelques musiciens déterminés et en repérant dans l’histoire de cette production les moments clés de sa construction.

Je suis en train de travailler par ailleurs sur un chapitre d’ouvrage concernant les cultures sonores en Asie, qui devrait creuser davantage la relation de la noise avec le discours culturaliste. La noise a longtemps été l’apanage de quelques cercles très restreints de pratiquants et d’auditeurs issus du monde de la culture underground. C’est pourtant un objet d’étude captivant à bien des égards, dont l’intérêt scientifique ne s’est dévoilé qu’il y a peu auprès de la recherche. Je suis heureux de participer à l’avancée de sa connaissance.

                          

De De Mouse                                                      Maruosa

 

Gari                                                                     Asa-Chang & Junray

Les photographies de concerts sont de Jeremy Corral (pour en voir davantage : ici)

1 LANDY Leigh, « Electroacoustic Music Studies and Accepted Terminology: You Can’t Have One Without the Other », EMS06, Pékin, octobre 2006.

2 KAWASAKI Kōji 川崎弘二 (dir.), Nihon no denshi ongaku – Zōho kaiteiban 日本の電子音楽 増補改訂版 (La Musique électronique japonaise – Édition révisée et augmentée), Tōkyō 東京, Aiikusha 愛育社, 2009 (1ère éd. 2006), 1115 p.

3 HAVENS R. H., Radicals and Realists in the Japanese Nonverbal Arts – The Avant-Garde Rejection of Modernism, Honolulu, University of Hawai’i Press, 2006, X p. + 296.

4 CORRAL Jeremy, Japanoise – Extrémismes et entropie, Dijon, Les Presses du réel, coll. « Délashiné », 2019, 352 p.

5 NOVAK David, Japanoise – Music at the Edge of Circulation, Durham / Londres, Duke University Press, 2013, X p. + 292 p.


[Futurs d’ailleurs #4] Vingt mille lieues sous la BULAC : plongée au cœur des collections de science-fiction

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Nicolas Almimoff, commissaire de l’exposition Futurs d’ailleurs : voyage en science-fiction, présentée jusqu’au 27 mars 2020 à la BULAC, vous propose une excursion dans les collections patrimoniales de la bibliothèque, à la découverte des sciences-fictions d’Europe de l’Est, d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie1.


Jules Verne dans les collections de la BULAC

Jules Verne est-il l’ancêtre de la science-fiction ? Cette question nourrit les articles, les colloques et les émissions de radio. Les différents acteurs du débat se rejoignent pour reconnaître le rôle de précurseur de Jules Verne et son apport à la science-fiction.

On ne peut pas dire que Jules Verne soit un auteur de science-fiction parce que ce n’est pas lui qui a inventé ce genre. En revanche, c’est un précurseur revendiqué. Si Wells en est le père, Jules Verne pourrait en être le grand-père. En même temps, ils sont relativement contemporains, et Jules Verne est toujours très attentif à signaler ces différences.

Agnès Marcetteau, dans l’émission « La Grande table culture » du 01/11/2019 sur France Culture.

Verne a introduit dans un large public un sentiment machiniste que la réalité ne suffisait pas à imposer. Il y fallait une prise de conscience artistique, ou tout au moins romanesque, et c’est cette prise de conscience qui émane de toute l’œuvre de Jules Verne, épopée industrielle, à la fois constat et ouverture.

Pierre Versins, Encyclopédie de l’utopie, des voyages extraordinaires et de la science-fiction, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1972.

Les œuvres de Jules Verne – l’un des auteurs les plus traduits au monde2 – sont présentes en 12 langues dans les collections de la BULAC. Plusieurs romans verniens relèvent de la science-fiction :

  • Cinq Semaines en ballon (1863), présent en ourdou à la BULAC, et Les Enfants du capitaine Grant en 1867, disponible en croate à la BULAC, voyages géographiques extraordinaires dans lesquels on peut trouver des éléments d’anticipation ;
  • Voyage au centre de la terre (1864), accessible en tamoul et en persan à la BULAC ;
  • Vingt mille lieues sous les mers (1869-1870), disponible en ourdou à la BULAC ;
  • Le duo des romans lunaires, De la Terre à la lune (1865) et Autour de la lune (1869), dans lesquels l’imaginaire scientifique se développe plus largement ;
Collections de la BULAC, cote BIULO AO.VI.289.
  • L’Étonnante aventure de la Mission Barsac, roman publié en 1919 sous le nom de Jules Verne, mais écrit par son fils Michel Verne à partir d’un manuscrit de son père, présent en polonais à la BULAC.

De l’origine de la science-fiction à nos jours, la science a inspiré la littérature et l’œuvre de Jules Verne a inspiré un certain nombre d’auteurs de science-fiction. La frontière reste toutefois floue entre science et science-fiction :

L’écriture de nos futurs possibles appartient aux littératures de l’imaginaire, aux récits utopiques, à l’anticipation et à la science-fiction. […] Comment appréhender un progrès technique et scientifique annoncé comme inéluctable mais insaisissable ? Seule la science-fiction ou l’anticipation déploient des images virtuelles suffisamment diversifiées pour s’approprier ou explorer une histoire moderne confrontée aux désirs d’alternances, de révoltes ou d’alternatives. […] élaborer le futur nécessite de l’écrire dès aujourd’hui.

Natacha Vas Deyres, Ces Français qui ont écrit demain : utopie, anticipation et science-fiction au XXe siècle, Paris, Honoré Champion, 2012.

La science-fiction soviétique

La littérature de science-fiction disponible, lue et reconnue en France a pendant très longtemps été exclusivement occidentale, particulièrement américaine, britannique et, il est important de le signaler, française3. Jusqu’à très récemment, les productions science-fictionnelles du reste du monde ne s’imposaient pas dans cet environnement français. La seule exception à ce monopole est la diffusion de la SF soviétique, et si le positionnement politique des critiques a pu influencer leur jugement sur la valeur de cette production, elle est unanimement reconnue au minimum comme digne d’intérêt. Cependant, le nombre de titres traduits et diffusés en France est très limité par rapport à l’importance de la production totale.

La SF soviétique repose sur des fondations anciennes. Avant même la création de l’Union soviétique, des contemporains russes de Jules Verne et H.G. Wells ont écrit des textes correspondant au genre, par exemple les romans d’aventure spatiale Na lune (Sur la Lune, 1893) de K. Tsiolkovski, Krasnaâ zvezda (L’astre rouge, 1908) et Inzhener Mjenni (L’Ingénieur Menny, 1913) d’A. Bogdanov. Durant les années 1920 et 1930, la production SF s’intensifie, et propose déjà quelques textes fondateurs et sources d’inspiration pour les auteurs à venir. Parmi ceux-ci, on retient Aelita (1922) d’Alexis TolstoÏ, et la fameuse dystopie Мы (Nous autres, 1920) d’Evguéni Zamiatine, annonciatrice des futurs 1984 de George Orwell et Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley.

Alexandre Beliaïev (1884-1942)

Collections de la BULAC, cote SORBO SLAVE 6= 7797.

Le développement scientifique et technique est, dès les premiers temps de l’URSS, considéré comme un facteur majeur de l’édification du socialisme, et la production science-fictionnelle participe au discours enthousiaste accompagnant cette construction. De nombreux textes de l’époque incorporent dans leur intrigue une réflexion politique militante. C’est notamment le cas des récits d’Alexandre Beliaïev, qui derrière des histoires d’aventure scientifique spéculative développent une critique des comportements capitalistes.

Auteur de récits d’aventures scientifiques aux accents très verniens, Alexandre Beliaïev a posé les bases, dès les années 1920, de l’importante production science-fictionnelle soviétique d’après-guerre. L’importance de son œuvre est considérable à tel point qu’il a été surnommé le « père de la science-fiction soviétique ».

La plupart de ses écrits décrivent en parallèle progrès scientifique et conditions politiques et sociales de son développement. Il s’agit bien souvent de mettre en lumière la perversion du capitalisme, comparée à la grandeur morale de la société socialiste.

Dans Продавец воздуха (Le Marchand de l’air, 1929), un scientifique américain capture l’atmosphère terrienne pour nuire à l’Union soviétique.

Dans Человек-амфибия (L’Homme amphibie), en 1928, et Вечный хлеб (Le Pain éternel), en 1929, Beliaïev s’est intéressé aux inventions extraordinaires sur Terre.

Zvezda KÈC (L’Étoile KETs, 1936) développe une intrigue spatiale complexe : satellite artificiel habité, vie extraterrestre, mutations biologiques et risque d’explosion de la Lune.

De toute l’étendue de son œuvre, il faut également mentionner Golova professora Douèlâ (La tête du professeur Dowell, 1924), roman traitant de la réanimation des morts et de la guérison des mutilés ; Ostrov pogibših korablej (L’île des navires perdus, 1926), constituée de navires naufragés dans la mer des Sargasses et où des rescapés ont fondé une véritable société ; Poslednij čelovek iz Atlandy (Le dernier homme de l’Atlantide, 1929) qui nous conte la catastrophe ayant englouti le continent et l’épopée des survivants qui transmettront leurs connaissances aux aborigènes d’Europe et d’Amérique ; Bor’ba vefire (Lutte dans l’éther) ; Vlastelin mira (Le maître du monde, 1929), traitant de l’invention de rayons hypnotiques permettant de prendre possession du cerveau humain ; Pryžok v ničto (Le saut dans le néant, 1932), réalisé par un groupe de savants capitalistes en direction de Vénus pour y établir une société, et l’échec consécutif de celle-ci ; Arièl (1939), roman passionnant sur des expériences psycho-télépathiques et de lévitation ; les aventures du Professeur Wagner.

Ivan Efremov (1908-1972)

Collections de la BULAC, cote BIULO PB.III.2261.

Si ce paléontologue de renom a également publié des romans d’aventure et des romans historiques, c’est bien un titre de science-fiction qui constitue la pièce maîtresse de l’œuvre d’Ivan Efremov. La sortie en 1957 de Туманность Андромеды (La Nébuleuse d’Andromède) imprimera une nouvelle trajectoire à la science-fiction soviétique, devenant à cette époque beaucoup plus complexe dans ses intrigues, plus ambitieuse dans son propos et les imaginaires déployés, moins attachée à la glorification du régime.

Expression d’une vision optimiste de l’avenir, ce roman s’inspire des philosophies indienne et grecque pour imaginer la rencontre puis les échanges entre civilisations terrestre et extraterrestre, dans un développement conjoint de la technologie et de la conscience.

Cette édition de 1976 inclut des images de l’adaptation cinématographique de La Nébuleuse d’Andromède par Evgeni Sherstobitov, sortie en 1967.

Evgueni Zamiatine (1884-1937)

Collections de la BULAC, cote BIULO LIT.III.2930.

Ancien opposant au régime tsariste exilé par deux fois, adhérent au parti bolchevique qu’il quitte dès 1917, Evgueni Zamiatine (1884-1937) perçoit très tôt la dérive totalitaire du nouveau régime. Écrit en 1920 et immédiatement censuré, Мы (Nous autres) décrit une société déshumanisée où l’individu est soumis au contrôle permanent du pouvoir, où sa liberté de penser est annihilée. Si sa diffusion est empêchée en URSS, le texte rencontrera ses lecteurs à l’étranger dans de multiples traductions, et sera le première source d’inspiration du Meilleur des mondes d’Aldous Huxley (1932) et de 1984 de George Orwell (1949), les deux dystopies majeures du genre. Cette édition américaine de 1952, destinée à la diaspora russe émigrée, est la première édition complète du roman en russe.

Collections de la BULAC, cote BIULO MEL.8.1458(33).

Si la grande majorité des textes de science-fiction soviétiques d’avant-guerre accompagnent avec enthousiasme la construction du communisme, l’un des plus symboliques en fait une critique virulente dans une dystopie retentissante.

L’inspiration de Zamiatine pour écrire le futuriste et visionnaire Nous autres lui est peut-être venue de sa lecture de H.G Wells (1866-1946). Dans ce court texte, il exprime toute son admiration pour l’auteur de La Machine à explorer le temps (1895) ou de La Guerre des mondes (1898).

Arcadi Strougatski (1925-1991) et Boris Strougatski (1933-2012)

Collections de la BULAC, cote BIULO PB.IV.8198.

Dans les années 1960, la science-fiction soviétique entre dans sa période la plus faste. De nombreux auteurs apparaissent, et particulièrement les frères Strougatski. Les œuvres de ces années 1960 à 1965-66 reflètent les nouvelles préoccupations de la SF russe : société nouvelle, psychologie plus élaborée des personnages, hypothèses scientifiques modernes. Un roman des frères Strougatski est particulièrement typique de cette période, Трудно быть богом (Il est difficile d’être un dieu).

Fers de lance de la science-fiction soviétique, les frères Strougatski sont probablement les auteurs du genre les plus connus en Occident. L’adaptation cinématographique de leur Пикник на обочине (Pique-Nique au bord du chemin), rebaptisé Stalker par Andreï Tarkovski en 1979, a grandement participé à leur renommée tardive à l’Ouest. Experts en écriture à plusieurs niveaux et en contournement subtil de la censure, même s’ils n’ont pas toujours réussi à l’éviter, les deux frères ont habilement caché leur regard acerbe sur le pouvoir et la société soviétiques dans leurs fictions philosophiques. Décrivant des sociétés extraterrestres aux nombreux points communs avec la Terre, les frères Strougatski proposent un cadre de références connues des lecteurs, propice à l’analyse critique.

Satire de la propagande soviétique, Обитаемый остров (L’Île habitée) est probablement leur ouvrage le plus directement politique. Le jeune terrien (et russe, c’est important de le préciser) Maksim, après que son vaisseau se soit écrasé sur une planète inconnue, découvre avec étonnement puis écœurement la violence et l’absurdité du système politique militariste local. Issu d’une Terre du futur où le progrès social et technologique s’est imposé, il va tenter de renverser le régime.

Le propos du roman Трудно быть богом (Il est difficile d’être un dieu) est analogue. Là aussi, la planète visitée par des terriens est peuplée d’humains, se débattant cette fois dans une féodalité obscurantiste.

La science-fiction soviétique en revues

Malgré l’importance de la production science-fictionnelle, les lecteurs soviétiques ne disposaient pas de revue entièrement consacrée à la SF. Toutefois, plusieurs revues littéraires ou de vulgarisation scientifique et technique, souvent destinées aux jeunes lecteurs, publiaient de courts récits ou des romans en feuilletons d’auteurs soviétiques ou occidentaux.

Iskatel’ (L’Explorateur) était probablement la publication qui s’approchait le plus d’une revue spécialisée, même si la science-fiction devait partager ses pages avec des récits de guerre ou d’aventure. Née en 1962, cette revue bimestrielle au format de poche ne cessera de s’appauvrir à compter de 1966. Une seule nouvelle de science-fiction sera dès lors publiée pour quatre ou cinq récits de guerre.

Presque chaque mois, le journal de sciences et techniques Znanie-Sila (La connaissance est la force) consacrait quelques pages à un récit de SF. Kir Bulitchev (1934-2003), prolifique auteur pour la jeunesse, et les frères Strougatski y étaient souvent mis à l’honneur.


La science-fiction bulgare

Pionnier de la science-fiction bulgare, genre dont il se saisit alors qu’il jouit déjà d’un statut d’écrivain établi, Pavel Vežinov (1914-1983) l’utilisera comme support à l’analyse de la psychologie humaine, en se concentrant sur les aspects philosophiques et moraux, sans s’appesantir sur les descriptions scientifiques et le contexte technologique.

Pavel Vežinov (1914-1983)

Symbolique de la production science-fictionnelle de Vežinov, Сините пеперуди (Les Papillons bleus) fait le récit d’une expédition terrestre sur la planète Hela, à la découverte de la civilisation des papillons géants intelligents. Les habitants de la planète passent par deux étapes – la vie intellectuelle de la chenille sans émotion et la vie relativement courte, mais brillante et créative du papillon, libérée de tout devoir social, sauf la reproduction.

Lûben Dilov (1927-2008)

Empreinte de philosophie et d’humour, la production littéraire du principal auteur de science-fiction bulgare, Lûben Dilov (1927-2008), n’est pas sans faire penser à Clifford D. Simak, auteur de l’âge d’or américain. Et s’il se décrit lui-même comme le « Simak bulgare », c’est à Isaac Asimov qu’il rendra hommage en ajoutant une quatrième loi de la robotique aux trois lois édictées en 1942 par l’écrivain américain.

Réflexion sur la création littéraire, Пропуснатият шанс : из съчиненията на моя компютър (L’Occasion ratée) décrit les relations entre un écrivain et son ordinateur du futur, programmé pour inventer des histoires à la demande.


La science-fiction indienne

En Inde aussi, même si elle n’occupe pas une grande place à Bollywood, la science-fiction n’en est pas moins vivace. La maison d’édition Zubaan de New Delhi publie régulièrement de jeunes auteures indiennes comme Priya Sarukkai Chabria qui, dans Generation 14, décrit un futur où mémoire et sexualité sont interdites, ou Vandana Singh, dont les nouvelles sont rassemblées dans un volume intitulé The Woman Who Thought She Was a Planet and other Stories (La femme qui se prenait pour une planète et autres récits). Avant cette nouvelle vague, de grands noms de la littérature et des arts indiens s’étaient déjà laissé tenter par la science fiction. Le cinéaste Satyajit Ray (1921-1992) a ainsi écrit une série d’aventures pour la jeunesse tournant autour du personnage du professeur Shonku, que l’on découvre pour la première fois dans Diary of a Space Traveller (Journal d’un voyageur de l’espace). Et le romancier Amitav Ghosh a décroché le prix Arthur C. Clarke pour Le chromosome de Calcutta (Points, 2007). Enfin, il nous faut mentionner SP Somtow, auteur thaïlandais d’éducation anglo-saxonne, déjà assez célèbre en France, dont plusieurs œuvres ont été publiées en Folio SF. Somtow ne se contente pas d’écrire, il compose également des œuvres musicales, qu’il dirige.

Satyajit Ray (1921-1992) est un réalisateur indien mondialement reconnu pour son cinéma naturaliste, notamment La Trilogie d’Apu (1955, 1956, 1959), et Le Salon de musique (1958). Cette reconnaissance cinématographique, dans de grands festivals comme Cannes ou Venise, a eu tendance à occulter, en Occident, une œuvre riche et protéiforme. Ainsi, Ray est aussi compositeur de musique de film, décorateur de cinéma, traducteur, typographe, publiciste, éditeur et illustrateur de la revue pour enfants Sandesh.

Venant d’une famille bengalie lettrée (son père est le poète et écrivain Sukumar Ray), c’est notamment dans cette revue que Satyajit Ray écrit et illustre les aventures de deux héros toujours très populaires en Inde. L’inspecteur Feluda résout des énigmes « à la Sherlock Holmes », tandis que le Professeur Shonku, un scientifique, est l’auteur de nombreuses inventions comme la pilule qui empêche de ressentir la faim et la soif pendant une journée entière (Batika Indica), ou encore le Turbolin, un carburant sentant bon… le santal ! Les aventures du Pr. Shonku l’amènent à ressusciter un dinosaure (Professor Shonku o Har), rechercher une licorne au Tibet ou prouver l’existence d’une vie extraterrestre. Un gentil extraterrestre est d’ailleurs le protagoniste d’une autre nouvelle de Ray, Bankubabur Bandhu (1962).


La science-fiction chinoise

Les œuvres chinoises dans le domaine de la science-fiction restent méconnues. Dès 1904, on signale des auteurs chinois de nouvelles de science-fiction, Lu Xun ayant, l’année précédente, entrepris de traduire Jules Verne et H.G. Wells en chinois. Avec l’avènement de la République Populaire en 1949, le genre a continué à se développer, permettant au parti de vanter les mérites d’un avenir socialiste. Vers la fin des années 1970, après avoir stagné pendant la Révolution culturelle, la science-fiction chinoise connaît un nouvel essor au point que Zheng Wenguang, surnommé le « père de la science-fiction chinoise », devient membre en 1980 de l’Association mondiale de SF. C’est à cette époque qu’est également réalisé le premier film chinois de science-fiction, Death Ray on a Coral Island (Rayon de la mort sur une île de corail). Mais en 1983-1984, la SF chinoise est condamnée par les autorités comme étant de la « pollution spirituelle », dans le cadre d’une campagne de répression qui manque étouffer définitivement cette littérature. Depuis la libéralisation relative du régime dans les années 1990, la science-fiction a de nouveau le vent en poupe, surtout par le biais des manhua, les mangas chinois.

Collections de la BULAC, cote BULAC CHI.4824.

Écrit en 1931, 猫城記 (La Cité des chats) est considéré par beaucoup comme le premier roman de science-fiction chinoise. Un voyageur chinois, dont l’avion s’est écrasé sur Mars, observe la société corrompue et décadente des Hommes-Chats, incapables de se défendre face à l’attaque d’une puissance étrangère. Un bel exemple de récit science-fictionnel décrivant le futur pour critiquer le présent, à savoir la Chine pré-révolutionnaire.

En combinant discours politique et moral, et vision confiante du développement technologique, 小灵通漫游未来 (L’Odyssée du petit Ling Tong dans le futur) représente très bien la science-fiction chinoise d’avant 1980, largement considérée comme un genre pour enfants, dont le but est de divertir, mais aussi d’éduquer aux valeurs de la société socialiste chinoise. Vendu à 1,6 million d’exemplaires dans sa première édition, les aventures du petit reporter dans cette ville appelée Futur, où les classes sociales n’existent pas et les voitures volent, a considérablement influencé les enfants de son époque.


La science-fiction japonaise

Sakyō Komatsu (1931-2011)

Auteur de nombreux ouvrages influents, dont plusieurs furent adaptés à l’écran, Sakyō Komatsu appartient, avec Yasutaka Tsutsui et Ryō Hanmura, à la première génération d’écrivains ayant popularisé la science-fiction à partir des années 1960-1970 au Japon.

Collections de la BULAC, cote BULAC MON 8 7257.

Immense best-seller vendu à 4 millions d’exemplaires, 日本沈没 (La Submersion du Japon) décrit avec minutie les processus géologiques qui mèneraient à la disparition de l’archipel. Ce souci de description scientifique, par l’utilisation de schémas par exemple, fait de ce roman un parfait exemple du genre hard science, dont l’objectif est de construire des récits spéculatifs à partir d’hypothèses scientifiques rationnelles.

Yasutaka Tsutsui (1934-)

Parfois comparé à J.G. Ballard, Yasutaka Tsutsui n’a cessé dans sa longue carrière de passer la frontière entre littérature de science-fiction et littérature générale, et de ce fait a largement contribué à la rendre moins étanche. Lauréat de nombreux prix, il a considérablement influencé la génération suivante des écrivains, réalisateurs et mangakas japonais de SF, jusqu’au réalisateur Christopher Nolan et son Inception (2010), fortement inspiré par le roman Paprika (1993).

La trilogie Nanase, dont le premier volume, Kazoku hakkei, fait partie des rares romans de l’auteur traduits en Occident (What the Maid Saw ou The Maid), a rencontré un grand succès au Japon. Une femme de chambre, dotée d’un pouvoir de perception extra sensoriel, est le témoin involontaire des pensées réelles de ses employeurs, cachées derrière les relations courtoises de la bonne société. Dans le second volume, Nanase futatabi, où Nanase rencontre d’autres jeunes gens dotés de pouvoirs semblables, Tsutsui laisse entendre que la génération née après-guerre diffère de celle de leurs parents, et constituent en cela une sorte de mutants, préfigurant ceux de l’anime Akira (1988). Dans Edipusu no koibito, le dernier volume de la trilogie, le pouvoir de Nanase explore les travers d’une école d’élite.

Collections de la BULAC, cote BIULO JAP.D.IV.2091.

Ryō Hanmura (1933-2002)

Tout au long d’une œuvre pléthorique écrite entre 1971 et 2001, Ryō Hanmura a navigué entre dystopies politiques, séries de fantasy et histoires de samouraïs.


Photos : Maxime Ruscio / BULAC

Citer ce billet : Nicolas Almimoff, "[Futurs d’ailleurs #4] Vingt mille lieues sous la BULAC : plongée au cœur des collections de science-fiction," dans Le Carreau de la BULAC, 2 mars 2020, https://bulac.hypotheses.org/20916. Consulté le 2 mars 2020
  1. La sélection des ouvrages et la rédaction de ce billet ont été réalisées avec le concours de différentes responsables de fonds et chargées de médiation de la BULAC qui en sont remerciées.
  2. Le site de Garmt de Vries-Uiterweerd recense les traductions de Jules Verne dans 96 langues.
  3. Jean Gattégno, La Science-fiction, PUF, Que sais-je ?, 1983 (4e mise à jour).

Science ouverte : une exposition, des guides, des réponses

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Vous pensez être fermés à la Science ouverte ? Les bibliothèques d’Université de Paris vous proposent d’aborder la question en 11 dessins et 17 guides dans une exposition itinérante également téléchargeable en ligne !

Pédagogiques, clairs, complets, ces guides sauront vous éclairer sur les principaux enjeux de cette notion désormais incontournable pour les chercheurs.

Retrouvez ici les dates de l’exposition itinérante et ici la liste complète des guides.

Envie d’approfondir le sujet et de poser vos questions ? Venez assister aux formations de la BULAC (ouvertes à tous les doctorants et tous les chercheurs) ! Vous avez des suggestions ou des questions ? Écrivez à enseignement-recherche@bulac.fr

Image à la Une : CC0 Public Domain

Les 19 et 20 mars, la BULAC fait son Cinéma du réel !

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Les 19 et 20 mars, la BULAC projette cinq films documentaires sélectionnés parmi la quarantaine de films en compétition au Festival international Cinéma du réel. Demandez le programme !


La BULAC participe à la 42e édition de Cinéma du réel

Pour la 4e année consécutive, la BULAC renouvelle son partenariat, en tant que lieu associé, avec le Cinéma du réel, rendez-vous incontournable du film documentaire international. La dimension internationale de la programmation résonne particulièrement à la BULAC, qui fait le choix de mettre à l’honneur des films ancrés dans les aires géolinguistiques que recouvrent ses collections. Les projections sont accompagnées de débats avec les réalisateurs et des enseignants-chercheurs.

Sélection BULAC 2020 « Déterrer les mémoires »

« Déterrer les mémoires » est le fil rouge de la sélection 2020 de la BULAC, qui guidera vos pas de la Bosnie aux Philippines, en passant par la Syrie, l’Azerbaïdjan et l’Inde. Les cinq films retenus creusent des trajectoires douloureuses, à travers des propositions cinématographiques singulières. De l’image choc à la performance poétique, de la quête personnelle à l’enquête de terrain, ils explorent des mémoires fracturées. Parfois dures, les images fouillent au corps un passé ou un présent hantés par la violence et les spectres, tout en révélant des personnalités lumineuses et engagées.

Découvrez la bande-annonce de la sélection BULAC 2020…


[Jeudi 19 mars]

17h-18h22

Aswang

D’Alyx Ayn Arumpac

Philippines, France – 2019- 82′ – VOSTF

Compétition internationale, longs métrages

Synopsis

Élu président des Philippines en juin 2016, Rodrigo Duterte, fidèle à sa promesse de campagne, a mis immédiatement en branle une machine d’exécution massive des toxicomanes, des dealers et autres petits malfrats de Manille. En un peu moins de deux ans, 20 000 hommes, femmes et enfants ont été tués. Je documente depuis le début, la réalité de ces nuits moites et assassines en arpentant ma ville natale. Sur les lieux des crimes, je rencontre les familles en état de choc de ceux que l’on vient d’abattre, en essayant de comprendre les racines de ce mal diligenté en haut lieu. Aswang suit les trajectoires d’individus frappés par cette répression sanglante et aujourd’hui contraints, ou décidés, à y faire face.

Catherine Bizern, déléguée générale du Festival Cinéma du réel, vous présente Aswang :

Alyx Ayn Arumpac est une documentariste indépendante philippine. Elle a reçu le soutien de Talents Tokyo en 2015. Elle est diplômée du master européen Docs Nomads (Belgique, Hongrie, Portugal) et de l’Université des Philippines. Elle a participé à la Berlinale Doc Station, aux Talents Tokyo, à Docs by the Sea, et à l’IDFAcademy. Elle a réalisé et projeté plusieurs films en Europe et aux Philippines. Premier documentaire philippin à avoir reçu l’Aide aux cinémas du monde, aide sélective cogérée par le Centre national du cinéma et de l’image animée et l’Institut françaisAswang a été primé en 2019 à l’International Documentary Festival Amsterdam.

La projection sera suivie d’un débat avec la réalisatrice Alyx Ayn Arumpac et Alessandro Stella, historien, chargé de recherche-CNRS au Centre de recherche historique de l’EHESS.


[Jeudi 19 mars]

19h30-21h05

Ahlan wa sahlan

De Lucas Vernier

France – 2019- 95′ – VOF

Sélection française, longs métrages

Synopsis

En 2009, je tourne un film en Syrie. Renouant les fils d’une mémoire familiale qui remonte au temps du Mandat français, je me lie d’amitié avec des familles syriennes de Palmyre. En 2011, surgit la Révolution, bientôt réprimée par le régime syrien. J’arrête de tourner, tandis que la guerre ravage le pays. Au-delà de la stupeur, je reprends aujourd’hui mes images d’une Syrie en voie de disparition, avec cette question qui me hante : que sont devenus ces hommes à qui un jour de 2011 j’ai dit « à bientôt » ?

Catherine Bizern, déléguée générale du Festival Cinéma du réel, vous présente Ahlan wa sahlan :

Lucas Vernier est un réalisateur français de documentaires de création. Après des études d’histoire et de cinéma (Toulouse / Bordeaux / atelier documentaire de la fémis), il réalise un premier long-métrage documentaire, Behind the yellow door, qui touche réellement à la fiction. En 2009, il commence un road movie documentaire en Syrie. Avec des photographies anciennes pour guide, et un livre écrit par son grand-père qui a été méhariste dans l’armée syrienne sous mandat français, il part à la rencontre de ceux qui ont partagé son quotidien de 1928 à 1931. De cette expérience naît son film Ahlan wa sahlan, qui tire son titre d’une expression arabe pour exprimer la bienvenue.

La projection sera suivie d’un débat avec le réalisateur Lucas Vernier et Hala Alabdalla, réalisatrice et productrice syrienne installée à Paris depuis 1981, à l’origine du projet « Savoir Voir et Revoir : un laboratoire de formation et de réalisation de films pour jeunes réfugiés syriens » et auteure de Mouhassaron Mithli (Un Assiégé comme moi), projeté au Cinéma du réel 2016.


[Vendredi 20 mars]

Début de la séance à 16h, projection 16h30-16h46

Tape 39

D’Amit Dutta

Inde – 2020 – 16′ – VOSTA

Compétition internationale, courts métrages

Synopsis

Jangarh Singh Shyam, célèbre artiste indien né dans un village tribal isolé, s’est suicidé dans un musée japonais en 2001. J’ai retrouvé sur une vieille cassette MiniDV les images d’un voyage que j’avais entrepris en 2008, lorsque j’étais parti à sa recherche dans sa région natale.

Catherine Bizern, déléguée générale du Festival Cinéma du réel, vous présente Tape 39 :

Amit Dutta est né en 1977 à Jammu (État de Jammu-et-Cachemire). Il a étudié la mise en scène de cinéma au célèbre Film and Television Institute of India de Pune, de 2000 à 2004. Figure reconnue du cinéma indien contemporain, dont les œuvres circulent dans les plus grands festivals et musées du monde, il explore les dimensions expressives du cinéma comme machine à voyager dans l’espace et le temps. Il compose pour le spectateur un univers où la recherche nourrit l’imaginaire, où les arts, l’histoire et la mythologie s’inscrivent dans les paysages et les gestes, et où la connaissance réenchante la réalité.

La projection sera précédée à 16h d’un panorama en images de la cinématographie d’Amit Dutta et de l’art indien gond, par Amandine D’Azevedo, docteur en études cinématographiques de la Sorbonne Nouvelle, spécialiste des cinémas indiens.


[Vendredi 20 mars]

17h-18h20

Nails in My Brain

D’Hilal Baydarov

Azerbaïdjan – 2019 – 80′ – VOSTF

Compétition internationale, longs métrages

Synopsis

Les errances d’un jeune homme dans les ruines de ce qui est – peut-être – la maison de son enfance, où chaque porte délabrée ouvre sur le passé. Quelle qu’ait pu être sa volonté de changer, il retourne toujours vers les mêmes endroits, les mêmes questions, les mêmes visages, les mêmes souvenirs – les mêmes clous plantés dans son cerveau.

Catherine Bizern, déléguée générale du Festival Cinéma du réel, vous présente Nails in My Brain :

Hilal Baydarov est né en 1987 à Bakou (Azerbaïdjan). Après avoir obtenu un diplôme de master en informatique, il part pour Sarajevo où il étudie la réalisation avec Bela Tarr. Il est connu pour ses documentaires Hills Without Names (2018), When the Persimmons Grew (2019) et In Between Dying (2020).

La projection sera suivie d’un débat avec Ariane Zevaco, docteure en anthropologie sociale et ethnologie de l’EHESS.


[Vendredi 20 mars]

19h30-20h37

Parler avec les morts

De Taina Tervonen

France – 2020 – 67′ – VOSTF

Sélection française, longs métrages

Synopsis

En septembre 2013, vingt ans après la fin de la guerre, un charnier de plusieurs centaines de corps est découvert à Tomašica, au nord-est de la Bosnie. Senem Škulj, anthropologue judiciaire, et Darija Vujinović, infirmière, travaillent à l’identification des victimes. L’une s’occupe des morts, l’autre des vivants. Je filme leur travail et j’écris. Senem avec les os, Darija avec le sang, moi avec les mots – chacune, à sa façon, met les mains dans le passé et parle avec les morts.

Catherine Bizern, déléguée générale du Festival Cinéma du réel, vous présente Parler avec les morts :

Taina Tervonen est journaliste indépendante, auteur et interprète. Elle écrit sur les migrations, la famille, les récits de vie. Elle a réalisé deux webdocumentaires, dont Trnopolje, un été oublié, sur l’école du village de Trnopolje, au nord-ouest de la Bosnie, transformée en camp de concentration par lequel transiteront environ 25 000 personnes, toutes non serbes. Parler avec les morts est son premier documentaire.

La projection sera suivie d’un débat avec la réalisatrice Taina Tervonen, en dialogue avec Darija Vujinovic, protagoniste du film, et Élodie Cabot, archéo-anthropologue à l’INRAP.


En savoir plus sur le Festival Cinéma du réel

Depuis sa création il y a 42 ans, Cinéma du réel s’est imposé comme le festival de référence du cinéma documentaire en France. Attentif à la diversité des écritures, des formes et des idées, il rassemble un public large, fidèle, attentif et curieux.

Cette 42e édition est construite autour d’un volet compétitif – avec une sélection internationale et une sélection française – et d’un événement Pedro Costa. L’autre invité du festival sera Mosco Boucault. La rétrospective « Front(s) populaire(s) », intitulée « Que faire de “nous” ? », sera consacrée à l’actualité des luttes à travers le monde (Chili, Hong-Kong, Iran…) et en France, au péril de violences policières.

À propos de cette 42e édition…, par Catherine Bizern, déléguée générale du Festival Cinéma du réel.

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Croisée de la BULAC : le palmarès des meilleurs billets Hypothèses.org (mars 2020)

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En ces temps de confinement, c’est le moment de (re)découvrir les meilleurs billets mis à la Une de la Croisée de la BULAC ce mois de mars 2020 ! L’occasion de se mettre à l’écoute de la recherche sur les aires culturelles telle qu’elle est représentée sur Hypothèses.org.

Retrouvez les autres sélections de la BULAC dans la nouvelle rubrique “Mis en avant” de la Croisée : tous les billets choisis par l’équipe depuis l’ouverture du carnet en 2018 pour leur apport à la recherche aréaliste !
 
Bonne lecture !
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